La biodiversité ordinaire de retour dans les carrières
Les 2.300 carrières de granulats d’où son extraites les matières premières indispensables au BTP sont des ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). Elles ont à ce titre des obligations en matière de maîtrise de leurs impacts sur les milieux naturels et la biodiversité. Avec notamment depuis 1979, l’obligation de remise en état - progressive - pour rendre le site à la nature en fin d’exploitation.
« Techniquement, la reconversion d’une carrière est un deuxième métier », estime Christian Béranger, président de la commission environnement à l’UNPG (Union nationale des producteurs de granulat). L’organisation a élaboré plusieurs guides à destination de ses membres pour par exemple mieux mesurer l’impact bruit, engager la concertation avec les riverains, et assurer le réaménagement agricole, forestier ou écologique du site ainsi que son insertion paysagère.
Des espèces « exotiques » qui ne sont pas les plus adaptées au milieu
Si l’exploitation du sous-sol modifie les paysages et les écosystèmes, elle est aussi à l’origine de nouveaux milieux qui peuvent servir d’habitats pour la faune et la flore. Des travaux de revégétalisation et de génie écologique sont donc menés dans le cadre du réaménagement des sites d’extraction. Les espèces rares et menacées font l’objet de programmes d’études en lien avec les associations environnementales et la communauté scientifique depuis plusieurs années déjà.
« Nous commençons à présent à traiter la biodiversité ordinaire, à travers l’inventaire de sites pilotes en partenariat avec le Muséum et 70 carriers », poursuit M. Béranger, par ailleurs directeur du développement durable chez Cemex. Parmi les sujets à l'étude : comment éradiquer les espèces invasives, et les mettre en compétition avec les rustiques... Car les espèces « exotiques » parfois introduites dans les carrières font du « parasitage » : ce ne sont pas les plus robustes au milieu.
Ne pas protéger que l'extraordinaire : un intérêt scientifique et éthique
Les exploitants sont donc des utilisateurs importants de semences et plants. Et en favorisant les espèces locales, c'est aussi le tissu économique local qui est soutenu, puisqu'on « fait marcher les pépiniéristes de proximité tout en évitant de passer par des centrales d'achat », précise M. Béranger. L’utilisation de semences et de plants d’origine locale répond ainsi à la logique de production de proximité des carrières.
Outre le fait qu'elles soient particulièrement adaptées à leur milieu, puisque locales, les graines récoltées - notamment en prairies ordinaires - sont une « garantie de qualité et de continuité dans l'approvisionnement », précise notre contact, qui voit « un intérêt scientifique et éthique à pérenniser les espèces locales et à ne pas protéger que l'extra-ordinaire ».
Laurent Perrin
Image credit: Carbonbrain / 123RF Banque d'images
Aller plus loin
A travers cette convention, l’UNPG participe financièrement aux projets {Flore-locale} et Messicoles. L’Union s’engage également à relayer auprès de ses adhérents les bonnes pratiques découlant du projet, et à apporter son expertise technique.
{Flore-locale} et Messicoles sont des signes de qualité nationaux « qui garantiront par leur règlement la traçabilité d’un matériel végétal issu du milieu naturel et sa diversité génétique ». Nées en réponse à un appel à projet du Ministère de l’écologie, elles correspondent à une demande croissante du marché, des acteurs de l’ingénierie écologique et de l’agroforesterie.