« L'Internet des objets a vraiment redynamisé le marché du bâtiment », Patrick Cason
Quels sont les nouveaux usages rendus possibles grâce aux objets connectés ?
Patrick Cason : Avec cette nouvelle technologie, on peut, a priori, connecter n'importe quoi pour récolter de l'information. Généralement il y a deux cas d'usages : soit pour réduire des coûts ou améliorer la productivité, soit pour créer de nouveaux « business model » ou des services inédits.
Quelles sont les grandes tendances du marché ?
P.C. : Dans le bâtiment, nous avons commencé par des choses assez basiques, essentiellement tout ce qui relève de la télérelève énergétique. Les grosses tendances que l'on voit aujourd'hui concernent surtout l'amélioration de l'utilisation des espaces de travail, et notamment sur les bâtiments tertiaires. Le modèle que l'on voit émerger, c'est qu'on développe des objets très simples et peu chers, qui peuvent avoir plusieurs fonctionnalités (détection de présence, mesure de la température, etc.), qui peuvent être installés par n'importe qui et qui permettent de remonter des informations selon lesquelles il est possible de déduire les usages à adapter (réduction du chauffage ou de la climatisation, par exemple). Grâce à cela, on peut directement faire des économies d'énergie.Le développement des objets connectés ne fait-il pas apparaître également de nouvelles problématiques, notamment liées à la maintenance ?
P. C. : Ce que nous constatons lorsque nous échangeons avec certains acteurs du BTP, c'est que l'Internet des objets amène de nombreux avantages. C'est particulièrement vrai pour les bâtiments vieillissants. Dans le neuf aussi, l'IoT permet aux utilisateurs d'accéder à une panoplie d'indicateurs qui sont autant de preuves démontrant les caractéristiques d'un bâtiment.
Comment l'entreprise Sigfox transforme-t-elle le secteur du bâtiment avec l'IoT ?
P. C. : Nous avons créé un réseau sans fil dédié à l'Internet des objets, en l'occurrence des objets qui consomment très peu d'énergie, avec un réseau qui coûte très peu cher et qui est disponible avec une bonne pénétration indoor (c'est-à-dire à l'intérieur des bâtiments). Globalement, la technologie Sigfox permet de connecter n'importe quel objet au monde digital. Le grand avantage, c'est que l'on peut envoyer des messages sur de très longues distances grâce à un réseau bas débit couvrant aujourd'hui près de 90% du territoire français.Quels types de solutions proposent vos clients ?
P. C. : Nous travaillons exclusivement en B2B. Parmi nos partenaires, nous comptons notamment Ubigreen, qui développe des solutions pour optimiser les flux énergétiques et la performance énergétique des bâtiments. D'autres sociétés sont également sur la gestion des flux, comme CSM. Sur le bâtiment en lui-même, il est possible d'aller, par exemple, jusqu'à suivre l'état d'avancement des fissures en mettant un objet sur un mur pour suivre l'écartement, grâce à une solution mise au point par Next Industries.Sur le secteur des objets connectés, le marché français est-il en retard par rapport au reste du monde ?
P. C. : La France fait figure de proue sur l'Internet des objets. Le pays est très en avance dans ce domaine-là, avec une capacité d'innovation remarquable. L'Internet des objets a vraiment redynamisé le marché, notamment dans le domaine de l'électronique ou du bâtiment, et cela permet de faire apparaître de nouveaux cas d'usages qu'on n'avait pas vus jusqu'à présent.
Quelles sont les perspectives de développement de votre entreprise ?
P. C. : Nous souhaitons continuer à pénétrer le marché, en France et partout en Europe. Nous avons également envie de nous développer autour de cas d'usages sur des objets mobiles, notamment dans la logistique et les « supply chain ». Avoir un objet capable de se déplacer partout en Europe, voire dans le monde, à moindre coût et pouvoir le tracker, c'est vraiment l'un des axes de développement majeurs pour Sigfox, puisque cela répond à une vraie problématique client.Propos recueillis par Fabien Carré
Photo de Une : ©Sigfox