L’industrie du ciment avance doucement vers une stabilisation
« La consommation a baissé d’un million de tonnes entre 2014 et 2015 », précise Raoul Parisot, président du Sfic, une situation qu’il explique en partie par la baisse des investissements publics.
On est donc bien loin du pic de consommation atteint en 2007 avec 24,8 millions de tonnes de ciment utilisées. A l’époque, le taux d’utilisation des capacités de production se situait à 80-90 %, aujourd’hui il ne dépasse pas 60 %. En effet, avec une capacité de création de 27 millions de tonnes de matériau, seules 15,1 millions ont été produites l’année dernière.
Les chiffres de la consommation de ciment prennent bien sûr en compte les importations et exportations. Le Sfic révèle ainsi que les importations « ont pratiquement doublé en 10 ans » atteignant 1,5 million de tonnes (9 % de la consommation) en 2015, tandis que les exportations se sont établies à 1 million de tonnes.
« Les exportations s’effectuent surtout en Afrique du Nord, où dans les pays qui manquent de matières premières ». Elles concernent également les chantiers à l’international « où des entreprises françaises préfèrent faire usage d’un ciment dont les caractéristiques leurs sont connues », détaille M. Parisot.
Un marché tiré par la construction
Arnaud Périgord, responsable des affaires Economiques & Statistiques, explique que deux tiers de la production de ciment est destiné au secteur du bâtiment (logement résidentiel et non résidentiel, entretien-rénovation), le tiers restant concernant les travaux publics.Ainsi, le marché du ciment, tiré par la construction, reste « touché par la baisse des dotations aux collectivités et par une baisse radicale de l’activité dans le secteur des travaux publics », indique-t-il.
En 2015, le chiffre d’affaires du secteur cimentier français s’est établi à 2,3 milliards d’euros, soit 1 milliard de moins par rapport au pic de 2007 (- 30%), un repli lié « à la baisse des volumes et de l’érosion des coûts », indique M. Parisot.
Concernant l’emploi, le Sfic qui compte 5 acteurs, répartis sur 40 sites industriels et employant 5 000 personnes, assure que les emplois directs dans l’industrie cimentière n’ont que légèrement baissé par rapport à 2007.
« Il y a eu peu de réduction d’effectifs car la profession est très qualifiée. Lorsque les usines tournent, nous avons besoin des équipes au complet », explique le président du syndicat.
Vers une stabilisation des consommations
Pour 2016, la Sfic mise sur une stabilisation de la consommation de ciments à 17,2 millions de tonnes. « Nous pensons avoir atteint notre point le plus bas (…) et la construction devrait non pas rebondir, mais redémarrer », déclare M. Parisot.Le Sfic considère que le logement neuf va venir dynamiser la filière cimentière. Si, en 2015, les mises en chantier dans la construction neuve se sont stabilisées à + 0,3 %, après une chute de - 11 % en 2014, les prévisions pour 2016 indiquent une augmentation de + 5,5 % des logements commencés.
Fin février, le syndicat a noté une hausse de l’activité de + 3,7 %, un résultat à prendre avec des pincettes. « Il faut encore attendre. Ce résultat est-il simplement dû à un effet climatique qui va s’estomper ? », s’interroge le syndicat qui rappelle que l’hiver a été particulièrement doux.
Le secteur du non résidentiel devrait de nouveau se replier (- 5,5 %) cette année et l’entretien-rénovation se stabiliser (+ 0,4 %). Du côté des travaux publics, la situation ne devrait pas s’améliorer, le secteur étant « fortement impacté par la baisse de la commande publique et de l'investissement des collectivités. »
Concernant les leviers de croissance de l’industrie du ciment, le syndicat cite tout particulièrement les ouvrages souterrains, considérant ainsi « la densification des villes » comme une opportunité.
En matière de recyclage enfin, « l’industrie est consciente de son impact sur l’environnement et elle est devenue un acteur important de l’économie circulaire », se réjouit M. Parisot.
Chaque année, 900 000 tonnes de déchets sont valorisées comme combustibles par le secteur, soit un taux de substitution aux combustibles fossiles de 38 %. Le Sfic souhaite porter ce chiffre à 50 % d’ici 2020. En 2015, 2,4 millions de déchets minéraux ont également été recyclés.
Rose Colombel
© Vicat