Kaliti, l'outil collaboratif qui optimise les chantiers de construction
Ingénieur bâtiment de formation, Quentin Minvielle est l’un des fondateurs de Kaliti. Il explique : « Il y a 8 ans, je me suis associé avec des développeurs informaticiens pour créer une solution ayant vocation à apporter beaucoup de valeur ajoutée et à faire parler tout le monde ». L’idée était de déployer un outil qui puisse faire gagner du temps aux opérationnels. Les métiers du bâtiment « demandent beaucoup d’énergie, d’engagement, d’implication ». Tout un process a donc été mis en place « pour fluidifier l’information », collecter les données et les mettre à jour en temps réel.
Répondre à un vrai besoin du secteur du bâtiment
Au début de l’aventure, l’équipe Kaliti a observé que le secteur n’était pas vraiment conscient de « la valeur et de la puissance des données collectées ». « Aujourd’hui, on est une communauté d’éditeurs avec des maturités plus ou moins avancées. L’idée c’est que l’immobilier de demain, s’intègre dans cette vision pour construire la digitalisation du bâtiment ».
« Aujourd’hui, c’est environ 60 000 logements par an qui sont livrés avec Kaliti en France ». Quentin Minvielle révèle ainsi que l’entreprise intervient chaque année sur plus de 2 000 chantiers. Sur chaque projet, « il y a entre 15 et 20 entreprises, en moyenne 30 à 60 acquéreurs d’appartements et après il y a les maîtres d’œuvre, les bureaux de contrôle, les maîtres d’ouvrage, etc. Donc, c’est toute cette communauté au quotidien qui échange de l’information, identifie des défauts, notifie le fait d’avoir corrigé tel défaut, d’avoir rattrapé tel retard… ».
Pour les professionnels, « c’est un outil d’aide à la décision », poursuit-il. « On n’a pas vocation à leur apprendre leur métier mais par contre, on leur apporte des données factuelles chiffrées ». Sur certains chantiers, il y a des « petits sujets » qui parfois font perdre du temps et de l’argent aux entreprises. Pour aider les entreprises à les identifier, Kaliti travaille avec des ingénieurs capables de conseiller la mise en place d’actions pour « anticiper et éradiquer » les aléas du chantier. « On travaille sur l’expérience. On fournit des clés de compréhension et d’organisation ». Kaliti agit ainsi sur trois grands piliers : coût, délai et qualité.
Comment ça marche ?
Concrètement, lorsqu’un bien est livré, l’acquéreur est cité pour un état des lieux. Un PV de livraison est alors signé avec parfois une liste de réserves. Le document est alors édité et envoyé aux entreprises concernées par ces réserves qui peuvent alors agir rapidement. Pour signaler le souci, une photo est prise et ajoutée au dossier ce qui permet notamment de passer outre la barrière de la langue lorsque l’ouvrier ne parle pas français. Il n’est plus question de déchiffrer les messages. Avec une simple notification et une photo, l’entreprise va pouvoir planifier ses rendez-vous, ses interventions et donc optimiser ses déplacements. « C’est tout un processus dématérialisé qui se met en place ».
Kaliti au Mondial du Bâtiment en novembre 2019
L’offre n’est pas uniquement BtoB, les acquéreurs étant largement concernés. Elle se veut ainsi BtoBtoC : « Le client suit le processus depuis l’application ». Il peut lui aussi signaler un problème dans le cadre d’une garantie de SAV avec son promoteur. « Il y a toute une gestion de la satisfaction ».
Des offres qui s’adaptent aux entreprises
A ce jour, la société compte environ 400 clients donneurs d’ordre parmi lesquels des grands promoteurs immobiliers. Et si l’offre s’est tout d’abord concentrée sur la promotion immobilière, elle a évolué pour toucher un plus large public dont les TPE et PME. La communauté d’utilisateurs se composent ainsi de 25 000 entreprises, environ 8 à 10 000 architectes et maîtres d’œuvre. Et comptabilise aux alentours de 200 000 clients finaux. L’enjeu est d’inviter l’ensemble de la chaine, et notamment les ouvriers, « dans la collaboration digitale », « de créer une application entreprise-terrain qui soit connectée aux applicatifs métiers mais avec des interfaces simples » et encore une fois de contribuer à la mise en place « d’un écosystème digital du bâtiment en France ».
Qu’en est-il des perspectives de croissance ?
Quentin Minvielle souligne : « Nous avons une roadmap très riche, très dense dans le développement de nouvelles fonctionnalités. Nous apportons aussi cette notion de business intelligence, de bigdata ».
Depuis son lancement, Kaliti a procédé à plusieurs levées de fonds successives. « Aujourd’hui, on a fini la phase start-up. On est une société plus traditionnelle, rentable. On a encore une forte croissance puisque l’on est quand même sur des croissances à deux chiffres ». L’entreprise fait actuellement travailler plus de 65 personnes et « recrute encore et toujours ».
« Le métier que je fais avec mes associés et mes équipes est assez passionnant », confie Quentin Minvielle. « Le bâtiment, en termes de digitalisation, n’est pas une industrie hyper en avance. Dès que l’on creuse une nouvelle couche, dès que l’on casse une nouvelle cloison, il y a énormément de choses à faire. Mais il faut le faire aussi au rythme de l’évolution des mentalités et de la maturité ».
Et si aujourd’hui, l’entreprise se concentre principalement sur la France, elle organise déjà son déploiement à l’international.
Propos recueillis par Rose Colombel
Photo de une : Quentin Minvielle - Kaliti