Des drones pour la maintenance des centrales solaires
« Parfois, les panneaux photovoltaïques sont seulement encrassés, en raison des déjections d’oiseaux, de la poussière, du pollen. Un simple nettoyage avec des rouleaux permet de régler le problème. D’autres fois, il s’agit de l’usure naturelle des panneaux liée à la corrosion, ou encore de défauts plus graves de soudure », détaille Nicolas Chaussier, Chef de Service Etudes & Travaux Ligne Haute Tension chez Bouygues Energies & Services, qui propose un nouvel outil pour la maintenance des centrales photovoltaïques : le drone pour le diagnostic thermique.
Dans un premier temps, le drone fait un survol préparatoire en mode automatique de la ferme photovoltaïque pour localiser les panneaux. Puis, il suit un plan de vol optimisé pour repérer plus précisément les cellules photovoltaïques défectueuses, sur les 18 700 panneaux que compte la centrale de Sourdun, grâce à sa caméra thermique fixée sur une nacelle géo-stabilisée.
Une caméra thermique pour relever les défauts
« Pour cette centrale, le drone parcourt 9 km en deux heures environ pour filmer chaque panneaux à une hauteur comprise entre 15 et 18 mètres de haut. Il nous apporte ainsi une expertise technique pointue sur les cellules, la connectique et la corrosion », détaille François Xavier-Lemoine, responsable de l'activité Drone de Bouygues Energies & Services, lors de la démonstration de vol. Malgré une légère brise, le pilote nous assure que le drone de type S2 selon la classification de la DGAC peut supporter des rafales de vent jusqu’à 50 km/h.
Vue aérienne de la centrale solaire de Sourdun
Les données collectées sont ensuite étudiées par le département Activité Drone de Bouygues, qui compte 150 personnes dont 30 dédiées uniquement à l’analyse de celles-ci. Les données sont ensuite disponibles pour le client via un compte internet personnel.
« Sur la centrale de Sourdun, un quart des panneaux photovoltaïque est français, le reste est chinois. Les panneaux français ont révélé davantage de défauts que les panneaux chinois. Il va falloir faire jouer la garantie constructeur », révèle Fabrice Dufour, suite aux premiers relevés.
Gain de temps
Cette technologie dispose donc de nombreux atouts. Elle permet d’inspecter les ouvrages, sans arrêt d’exploitation et de réduire les risques humains encourus sur les chantiers, les coûts d’études associés, ainsi que le temps consacrés aux prises de vue. Cet outil, développé dans le cadre d’une nouvelle offre de Bouygues, risque donc de prendre une place majeure dans la maintenance des installations d’ici quelques années.
« Nous souhaitons généraliser l’audit thermique à réception des centrales pour s’assurer de la qualité des panneaux, puis prévoir un passage tous les ans ou tous les deux ans dans le cadre de contrat de cinq ans, préconise Fabrice Dufour. « On ne parlera pas de prix de façon précise aujourd'hui, en accord avec la Générale du Solaire, uniquement de budget et d''ordre de grandeur. Le montant de ce type de prestation dépendra en effet de la taille de la centrale à inspecter. Afin de ne pas pénaliser les business plans des investisseurs et les propriétaires de centrales, la prestation drone s'évaluera à quelques milliers d'euros ».
Exemple de relevé thermique. Le défaut est signalé en jaune.
Bouygues Energies et Services espère envoyer ses drones sur d’autres missions : le suivi de chantier d’ici la fin de l’année pour Bouygues Construction et Bouygues Immobilier, les relevés topographiques, et l’inspection laser sur les pylônes haute tension pour repérer les anomalies de hauteur entre le câble et le sol.
Claire Thibault