Chantiers au Qatar : une filiale de Vinci convoquée devant la justice
À deux semaines de l’ouverture du Mondial de Football, le groupe de BTP Vinci annonce la convocation de sa filiale Qatari Diar Vinci Construction (QDVC), « en vue d’une éventuelle mise en examen ». Le sujet ? Les conditions de travail et d’hébergement des ouvriers sur des chantiers au Qatar.
Cette convocation, qui aura lieu mercredi 9 novembre par un juge d'instruction de Nanterre, fait suite à des plaintes datant de 2019, émanant des associations Sherpa et Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), ainsi que de sept ex-employés indiens et népalais ayant travaillé sur ces chantiers.
77 heures de travail par semaine
Ces derniers accusent le groupe Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), et sa filiale qatari, ainsi que leurs représentants, de « réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel ».
Selon l'ONG Sherpa, à l'origine de la plainte avec constitution de partie civile, les employés immigrés de Vinci qui œuvrent sur les chantiers de la Coupe du Monde, travaillent, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine.
L’association rapporte également que ces derniers seraient entassés dans des chambres exigües « aux sanitaires insuffisants », percevant des rémunérations « sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications ».
De son côté, Vinci « n’a cessé de réfuter vigoureusement les allégations portées à son encontre concernant des chantiers au Qatar menés par l'entreprise QDVC » et « continuera de collaborer avec la justice », explique le groupe français dans un communiqué. Et d'affirmer que, bien qu'il s'agisse de projets d'infrastructures de transports facilitant l'organisation de la compétition, « aucun des projets attribués à QDVC n'est lié à la Coupe du Monde de Football 2022 au Qatar » et qu'ils ont été « attribués (...) avant que l'organisation de cette compétition ait été attribuée » à ce riche émirat du Golfe.
« Si une mise en examen était prononcée contre Vinci, cela confirmerait que les multinationales ont de plus en plus de mal à se cacher derrière les chaînes de valeur et rappellerait que juridiquement, des mesures volontaires d'amélioration ne permettent pas d'échapper au risque de sanction pénale en cas de suspicion d'infraction », retient pour sa part l'ONG Sherpa.
Marie Gérald (avec AFP)
Photo de Une : ©Vinci