Bâtiment : la reprise est bien là mais des inquiétudes persistent !
Les mises en chantier ont ainsi progressé de 6,5% sur les trois mois achevés fin janvier et de 15,7% pour les surfaces non résidentielles hors locaux agricoles. « Dans le même temps, les informations sur le marché de l’amélioration-entretien laissent entrevoir un début d’année dans la bonne lignée de la fin 2017 », a-t-il ajouté.
En 2017, la reprise aura ainsi permis de créer plus de 19 000 postes. Selon les statistiques du ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 4,8% « alors qu’il progresse de 2,3% pour l’ensemble de l’économie », a précisé M. Chanut. « Si la baisse des demandeurs d’emploi s’avère soutenue », il a cependant noté que « les difficultés d’embauche commencent à peser véritablement sur la vie des entreprises ». En témoigne « l’évolution des rémunérations » qui affiche une hausse de 2,8% en moyenne sur l’année 2017 et même de 3,5% au quatrième trimestre 2017.
« A ce facteur de hausse des coûts vient s’ajouter l’accélération des tarifs des matériaux (…). Les entreprises peinent donc toujours à reconstituer leurs marges : bien que sorties de la zone rouge, elles restent fragiles ».
Loi de finances, transition énergétique… les inquiétudes grandissent
En outre, certaines tendances « en amont de la filière inquiètent », a poursuivi Jacques Chanut qui a notamment cité le recul des ventes de logements qui « s’accélère sur la période récente ». Sur le marché des maisons individuelles, en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2017, « la chute ressort à 17,4% », tandis que les ventes de la promotion immobilière baissent de 3,8%.« Ces mouvements viennent malheureusement confirmer nos craintes quant aux effets des mesures prises en Loi de finances pour 2018 » telles que le « rabotage des aides » (PTZ, dipositif Pinel, APL) qui conduit à « une déstabilisation des marchés ».
« La récente attaque sur les ressources d’Action Logement, avec le relèvement de 20 à 50 salariés du seuil des entreprises contributrices prévu dans la loi PACTE, renforce l’inquiétude », a ajouté le président de la FFB.
Il a aussi regretté « le grand flou qui règne autour de la future loi en faveur de la transition énergétique » qui « ne rassure guère ». « Le rapport récent sur le RGE souligne qu’il faut faire mieux et plus simple (…). Mais tout cela ne sera possible, compte tenu du prix de l’énergie, que si l’on accompagne massivement le mouvement tant du côté client que de l’appareil de production. Or, les paramètres de la prime qui doit remplacer le CITE ne sont toujours pas connus, pas plus que l’avenir du RGE ou des formations FEEBAt RENOVE ».
Jacques Chanut s’est par ailleurs référé au « trou d’air » que pourrait connaître les entreprises en attendant que les « effets positifs » du projet de loi Elan (Evolution du Logement et aménagement numérique » se fasse vraiment sentir.
Des mesures encourageantes
La FFB a conclu sa conférence sur des notes positives : elle a notamment salué les annonces récentes du gouvernement quant à l’apprentissage et à la formation « qui vont incontestablement dans le bon sens avec d’abord, la place prépondérante reconnue aux branches dans les définitions des référentiels et le financement au contrat de l’apprentissage, ensuite l’implication des régions dans l’orientation et dans l’appui aux CFA notamment en territoire rural, et enfin l’instauration d’une péréquation équilibrée en vue de garantir un financement optimal de l’apprentissage ».Enfin, « nous venons d’achever une étape capitale pour la simplification de notre environnement conventionnel de branches en ouvrant à signature les conventions collectives nationales des ouvriers du Bâtiment rénovées. La restructuration qui porte sur 40 conventions collectives locales a notamment permis de redonner des bases au dialogue social territorial auquel notre branche est attachée. Le bâtiment est le premier secteur à procéder à une opération de cette ampleur ».
R.C
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