Au Royaume-Uni, plus de logements au détriment de l'environnement ?
L'annonce de cette mesure intervient à un moment où le gouvernement britannique est déjà sous le feu des critiques pour ses réductions d'ambitions en matière de lutte contre la crise climatique. Pourtant, selon les informations fournies par l'exécutif, cette décision permettra de « débloquer » la construction de pas moins de 100 000 logements d'ici l'année 2030.
Le gouvernement de Rishi Sunak s'est fixé pour objectif la construction d'un million de nouveaux logements avant les prochaines élections législatives, et a notamment prévu de revenir sur une réglementation européenne qu'il qualifie de « défectueuse ». Cette dernière oblige les promoteurs immobiliers à compenser les rejets de substances polluantes dans l'environnement émanant de leurs projets.
Selon l'éxécutif, ces règles imposées par Bruxelles empêcheraient la création de nouveaux logements dans certaines régions, limitant ainsi le contrôle de la population locale sur les projets de construction.
« Je veux voir plus de maisons construites (...), mais parfois les lois européennes dont nous avons héritées sont un obstacle. Ce n'est pas juste », a déclaré le Premier ministre Rishi Sunak, qui a également souligné que les rejets polluants des nouveaux logements contribuent très peu à la pollution globale.
Une annonce controversée
En parallèle de cette annonce, l’exécutif a annoncé l’allocation de 280 millions de livres sterling (plus de 326 millions d’euros) pour « compenser » les émissions de rejets induits par la construction de ces nouveaux logements. Il a également assuré qu’il travaillerait en collaboration avec les responsables locaux et le secteur du bâtiment pour lutter contre la pollution résultant de ces projets.
Cependant, cette décision a été accueillie avec une grande réserve par les écologistes et les défenseurs de l'environnement. Ces derniers critiquent depuis longtemps la pollution de l'eau au Royaume-Uni, en particulier les déversements d'eaux usées dans les rivières et la mer par les entreprises de traitement des eaux.
Pour Doug Parr, de Greenpeace, « plutôt que d'autoriser les promoteurs à faire des économies, le gouvernement Sunak devrait s'assurer que nous disposons des infrastructures adéquates pour traiter nos eaux usées afin que nous puissions construire de nouveaux logements sans sacrifier la qualité de nos rivières. »
D'un autre côté, Stewart Baseley, président de la Fédération des constructeurs d'habitations, a salué cette décision en la qualifiant de « bonne nouvelle nécessaire pour les entreprises menacées de mettre la clé sous la porte », faute de projets.
Marie Gérald (Avec AFP)
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