Atlantem et Poralu, un « mariage de raison »
La croissance aura été sereine en 2022 pour Atlantem. Le spécialiste Menuiserie au sein du groupe Herige a engrangé 201,7 millions d’euros sur l’année précédente. Et sa stratégie d’acquisition à cette période n’y est pas pour rien.
« Une belle dynamique, notamment suite à l’acquisition de Poralu », commente à ce propos Benoit Hennaut, dirigeant du groupe Herige.
En juin dernier, l’industriel et MGT Menuiseries Bois - fabricant de menuiseries bois racheté par Atlantem en septembre 2022 - nous révélaient leur nouveau site de production. En cette rentrée ensoleillée, nous avons pu découvrir l’activité de Poralu, industriel déployé dans le Sud-Est, acquise par Atlantem en novembre dernier.
« On a à faire à deux champions : un très belle ETI qui s’appelle Poralu, un très belle ETI qui s’appelle Herige, et notamment Atlantem. On a un mariage de raison, presque », nous expose Richard Marchant, directeur général d’Atlantem.
S’allier pour percer dans le fourni-posé
Un mariage industriel placé sous le signe de la menuiserie, spécialité de Poralu depuis sa création en 1989. Voilà un point commun pour assurer une relation durable avec Atlantem. Mais comme beaucoup de couples, les deux fabricants savent jouer sur leurs complémentarités.
Si Atlantem cible davantage les artisans en rénovation, Poralu se tourne de son côté vers les constructeurs de maisons individuelles et les programmes neufs.
« On a finalement une synergie de produit. On est déjà dans la complémentarité de ce que faisait Atlantem, mais également d’aller dans des produits éco-conçus ou bas carbone, pour évidemment suivre des demandes de certains prescripteurs, mais aussi de suivre cette logique réglementaire, sur lesquels on doit être proactifs, plutôt que suiveurs », développe à ce sujet Richard Marchant.
Mais la plus grande ambition commune des deux partenaires, c’est de faire de Poralu « un champion national du fourni-posé, un métier que nous ne connaissons pas, pour les programmes neufs notamment, mais aussi de la réhabilitation », affiche clairement le DG d’Atlantem. Ce dernier explique l’arrivée tardive sur ce marché par deux choses : « déjà parce que c’est difficile, c’est plus facile d’y aller maintenant qu’on a l’expert avec nous », « et aussi parce qu’on avait une âme d’industriel et on va vers le service ».
L’idée étant d’adresser ce potentiel à l’échelle nationale. « La seule façon d’adresser ce potentiel, c’est de pouvoir copier, avec les moyens d’un groupe comme Herige, de disséminer cette bonne pratique », projette Richard Marchant.
Un nid industriel dans le Sud-Est pour prospérer
Pour qu’un tel mariage prospère, il faut un foyer. Pour celui de Poralu et d’Atlantem, le décor est planté dans le Sud-Est, où Poralu compte un site de production dédié à la menuiserie bois à Alex, près d’Annecy (74), mais également un axé sur l’aluminium/PVC à Port (01).
Entre les eaux scintillantes du lac de Nantua et ses gorges verdoyantes nichées dans le massif du Jura, le village de l’Ain présente un cadre idyllique, mais avant tout dynamique, à l’image du département.
« L’Ain est un département dynamique. Nous avons une démographie croissante, avec 6000 nouveaux habitants chaque année. Et pourquoi les gens viennent-ils habiter dans l’Ain ? Pas uniquement pour nos beaux lacs et nos prairies, mais parce que nous avons deux métropoles internationales, qui sont Lyon et Genève, mais aussi parce que nous avons un tissu industriel important », soutient Jean Deguerry, président du conseil départemental de l'Ain, lors d’une visite sur l’usine de Port.
Tissu industriel fortement tourné vers la plasturgie, mais aussi le bois, « parce qu’ici 70 % de la surface est boisée. C’est une richesse aussi. C’est plus de 1000 emplois sur nos secteurs. Nous avons une des plus grosses scieries de France », abonde Jean Deguerry.
Mais ce n’est tout d’avoir le cadre idéal, il faut savoir également l’exploiter. Poralu l’a bien compris en investissant entre 2017 et 2018 10 millions d’euros dans de nouvelles lignes de menuiseries aluminium et PVC sans ébavurage, ainsi que dans un transstockeur.
Doté de 32 civières sur les 320 civières détenues par Poralu, ce système automatisé représente une plus-value pour la gestion de stockage de produits finis du groupe. Ce qui fait grimper la capacité annuelle de production du site de Port à plus de 110 000 menuiseries, dont 65 000 en PVC et 15 000 menuiseries en aluminium.
« Au fil des prochaines années, Atlantem modernisera les espaces et poursuivra le travail déjà bien engagé sur l’automatisation. Il s’appuiera notamment sur l’expertise de son usine 4.0 de Saint-Sauveur-des-Landes pour optimiser l’ergonomie des postes de travail, la productivité et la qualité », lit-on également dans un communiqué.
De quoi conforter la décision d’Atlantem de « basculer des postes de production de la Bretagne et du bassin parisien, vers le département de l’Ain », nous évoque Richard Marchant. Les postes transférés concernent la fenêtre à frappe PVC, et permettent de « libérer des capacités » dans le Grand-Ouest.
Agrandir la famille de salariés
En plus de son appareil industriel, Poralu compte bien évidemment sur ses équipes. Aussi bien ses opérateurs, affairés dans une ambiance digne d’une fourmilière, mais aussi son bureau d’études composé d’une trentaine de salariés, mais aussi son service après-vente, constitués uniquement de deux personnes.
Il faut dire que le fabricant de menuiseries du Sud-Est a aussi son bureau de qualité et applique un process industriel strict et rigoureux, pour limiter des défauts à la fourniture, comme à la pose. « Tous nos produits qui sortent de nos chaînes, sont contrôlés à l’unité », précise Manuel Inigo, DG du groupe.
« Aujourd’hui, nous avons un taux de service qui est autour des 98 %. Il y a des jours sans, il y a des jours à 95 %, mais il est mesuré tous les jours. Si un jour, on a un taux de service à ne serait-ce que 92 %, là on tire la sonnette d’alarme. C’est la réunion de crise », souligne-t-il.
Sans compter la scrupuleuse attention accordée à la compétence de son réseau de 10 poseurs internes certifiés et de ses cinq agences de conducteurs de travaux. Les sites Poralu de Port et d’Alex rassemblent au total environ 250 collaborateurs. Et la famille de l’industriel entend bien s’agrandir dans le futur, avec le soutien d’Atlantem. Courant 2022, l’industriel du Nord-Ouest a créé 150 postes sur l’ensemble de ses sites. Environ 50 supplémentaires - pour des postes d’opérateurs de menuiseries - seront déployés d’ici 5 ans, afin de porter la croissance de Poralu.
La tâche n’est pas aisée, quand on sait que dans l’Ain « on n’a pas un problème d’emploi », mais un « problème d’embauche », soulève Jean Deguerry, président du conseil départemental de l'Ain.
Autre chantier pour les deux industriels : l’économie circulaire. À l’échelle de Poralu, « nous avons 82 % de nos produits qui sont recyclés » en PVC et 18 % déchets industriels banals reconvertis énergétiquement sur le site de Port, rapporte Manuel Inigo.
Une manière pour l’industriel d’éliminer l’enfouissement et pousser ses objectifs face à l’application de la REP bâtiment. Une des valeurs que Poralu et Atlantem s’engagent à partager… pour le meilleur et pour le pire.
Virginie Kroun
Photo de Une : V.K