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Artisanat du bâtiment : la reprise tarde début 2015, les esprits s'échauffent

Publié le 16 avril 2015

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L'activité de l'artisanat du bâtiment connaît un premier trimestre « morose », avec une baisse de 3 % au premier trimestre 2015, selon la dernière note de conjoncture présentée ce jeudi par la Capeb. Si rien n'est fait, l'année 2015 ne sera « pas celle de la reprise » selon Patrick Liébus qui attend que le gouvernement tienne ses promesses.
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L'année 2015 sera-t-elle l'année de la reprise ou celle de la troisième année consécutive de baisse de l'activité de l'artisanat du bâtiment ? Si rien n'est encore joué pour l'ensemble de l'année, le premier trimestre joue les prolongations de 2014, avec des résultats dans le rouge.

Ce début d'année enregistre en effet un recul de 3 % en volume par rapport au même trimestre l'année précédente, impacté par la construction neuve (-6 %) et par la baisse « modérée » de l'activité d'entretien-amélioration (-1 %). « Le retour de croissance des travaux de performance énergétique qui affichent une hausse d'activité de +0,5 % (après deux trimestres de recul) ne suffit pas à redynamiser l'activité d'entretien-rénovation », note la Capeb.

Dans le neuf, malgré la baisse des taux d'intérêts, l'activité ne cesse de diminuer (-10,5 % de mises en chantier ; -6,6 % pour les permis de construire, ndlr.). Conséquence, les travaux de gros œuvre sont directement touchés. L'activité de maçonnerie reste toujours la plus impactée (4 %) mais « l'ensemble des métiers est affecté avec des replis compris entre -2 % et - 4 % », relève le président de la Capeb, Patrick Liébus.

Grosse inquiétude sur les carnets de commande et la trésorerie

Le plus gros point d'inquiétude se focalise sur les carnets de commande. Les professionnels ont en effet une visibilité réduite sur leur activité : seulement 66 jours de travail contre 72, un an auparavant. « Dans ce contexte, comment voulez-vous que les entreprises envisagent d'investir, d'embaucher, de s'occuper de la formation et de l'apprentissage », questionne Patrick Liébus.

La trésorerie des entreprises artisanales du bâtiment devient donc « un problème majeur » pour la Capeb. 34 % des professionnels font état d'une détérioration alors que seulement 5 % soulignent une amélioration. Au 1er trimestre 2015, 47 % des entreprises font état de besoin de trésorerie (contre 40 % au même trimestre de l'année précédente), dont 53 % d'entre eux déclarent un besoin supérieur à 10 000 euros. « Pour beaucoup, ces besoins vont même jusqu'à 20 000 euros », précise Patrick Liébus qui a insisté sur le « rôle des banques » pour éviter les défaillances d'entreprises.

« Nous avons rencontré le médiateur des banques pour que soit revue la méthodologie des statistiques de la banque de France », a-t-il précisé. Elle sera donc « étendue à un échantillon représentatif des PME » pour analyser « la situation réelle des entreprises de notre secteur ».

Crainte sur l'emploi en 2015

« 30 emplois sont perdus par jour en France dans l'artisanat et personne n'en parle, alors que les hommes politiques nous expliquent que c'est le secteur clé pour relancer l'économie », rappelle Patrick Liébus qui souligne là un « véritable paradoxe ». En 2014, la Capeb enregistrait plus de 14 000 défaillances d'entreprises, et « au train où nous allons, c'est encore 14 000 entreprises que nous allons perdre en 2015, parce qu'il n'y a plus d'activité, et plus de trésorerie, » prévient Patrick Liébus.

Dans ses prévisions la Capeb prévoit en effet la perte « au minimum » de 8 000 emplois en 2015. Elle prévoit cependant un léger mieux dans ses indicateurs d'activité « à condition que toutes les mesures prises par le gouvernement soient appliquées à temps », nuance toutefois le président. L'activité globale devrait se redresser et n'afficher qu'une baisse de - 1 % (contre 2 % en 2014), avec une baisse comprise entre - 4 et -3 % dans le neuf (contre -4,5 % en 2014) mais un redressement de l'entretien-amélioration avec +1 % (contre -0,5 % en 2014).

La relance se fait attendre

La Capeb est donc bien consciente qu'il va « falloir encore du temps » avant d'annoncer une relance du secteur. « Nous espérons que la politique volontariste du Gouvernement, confirmée par Sylvia Pinel, Carole Delga et François Rebsamen lors de notre Assemblée Générale portera ses fruits, notamment avec le prolongement du CITE et la rallonge budgétaire de 70 millions d'euros pour le budget de l'Anah », explique Patrick Liébus. « Si le gouvernement ne tient pas ses promesses, il s'en souviendra. La Capeb n'hésitera pas à devenir un syndicat encore plus revendicatif et agité sur le terrain », menace cependant le président de la Confédération.

La Capeb reste pour l'instant force de propositions et milite pour étendre la TVA à taux réduit pour tous les travaux de rénovation, renforcer le PTZ +, créer un Prêt énergie pour la rénovation des logements (PERL), sécuriser les Groupements momentanés d'entreprises, faire paraître les décrets de la loi Pinel ou encore mettre en place des contrôles en dehors des heures de travail et le weekend pour les entreprises employant des travailleurs détachés. Concernant la défense de la profession, la Capeb a engagé un recours en justice contre l'instruction fiscale de décembre 2014 qui donne la possibilité aux GSB d'être RGE, ce qu'elle qualifie de « contournement » de la loi et d' « injustice » pour les entreprises de l'artisanat qui se forment.

 « Nous voulons avancer, nous faisons énormément d'efforts alors évitons d'agréger d'autres problèmes », a déclaré Patrick Liébus, faisant également référence au compte pénibilité et aux dernières annonces de F. Rebsamen sur la suppression de la fiche individuelle.« Le ministre nous a affirmé que cette fiche était ingérable, le Président de la République me l'a également dit en personne. Matignon a corrigé, mais je crois quand même aux annonces de François Rebsamen. Notre sentiment c'est que ce compte est absurde. Nous disons toujours non à sa mise en oeuvre», conclut Patrick Liébus.

Claire Thibault
© C.T

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