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Les JO de Paris 2024, un accélérateur de transformation urbaine ?

Publié le 07 mai 2024

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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 se traduisent par une dispersion des sites olympiques, évitant ainsi la construction d'infrastructures souvent très coûteuses et sous-utilisées. Le département de la Seine-Saint-Denis, principal bénéficiaire de ces investissements, voit dans cette nouvelle vision un potentiel de transformation majeure pour son territoire. Entretien avec Patricia Pelloux, directrice adjointe de l'Agence parisienne de l'urbanisme (Apur), et avec le département de la Seine-Saint-Denis.
Les JO de Paris 2024, un accélérateur de transformation urbaine ? - Batiweb

Les Jeux Olympiques de 2024 à Paris marquent un tournant dans la manière dont cet événement mondial a été envisagé et organisé. Sous l'égide du Comité International Olympique (CIO), « une nouvelle stratégie axée sur la durabilité, la sobriété et l'intégration urbaine a été adoptée », introduit Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Agence parisienne de l’urbanisme (Apur), bouleversant ainsi les normes établies de la planification des Jeux.

 

Éviter les « éléphants blancs »

 

Une des principales retombées de cette nouvelle approche est la transformation de la conception des sites olympiques. « Contrairement aux éditions précédentes, où un vaste parc regroupant tous les équipements était la norme, les Jeux de 2024 ont opté pour une approche plus dispersée », souligne-t-elle.

Cette nouvelle stratégie, baptisée « sites isolés », a permis d'éviter la construction de nouvelles infrastructures coûteuses et souvent sous-utilisées après les Jeux. Des sites préexistants, tels que le Stade de France et le Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, ont été intégrés au plan des Jeux.

« En concentrant les investissements sur les infrastructures déjà existantes, les organisateurs ont réussi à éviter la création d'équipements inutiles après les Jeux, ce que le CIO appelle les "éléphants blancs". Le Centre Aquatique Olympique construit à Saint-Denis, en est l’illustration parfaite », poursuit la directrice adjointe de l'Apur. L'installation, conçue pour répondre à un besoin urgent de piscines dans la région, devrait non seulement « combler un vide dans les infrastructures sportives locales, mais également contribuer à promouvoir la santé et le bien-être des habitants », développe-t-elle.

 

Un héritage pour le département de la Seine-Saint-Denis  

 

« L’impact des Jeux Olympiques de 2024 sur l'aménagement de la Seine-Saint-Denis est indéniable. Au-delà des 30 jours de compétition, ce qui nous intéresse, ce sont les 30 ans à venir et l’héritage conséquent, tant sur le plan matériel qu’immatériel, qu’ils laisseront sur le territoire », nous explique le département de la Seine-Saint-Denis.

Classé au 103ème rang sur 105 en France en termes d'équipements sportifs, le département était confronté à un besoin criant d'investissements dans ce domaine. Avec seulement 16,2 équipements sportifs pour 10 000 habitants, la Seine-Saint-Denis était en retard par rapport à la moyenne nationale. 

Près de 80 % des investissements réalisés par la Solideo vont ainsi profité à la Seine-Saint-Denis.« Grâce à cet événement, 8 piscines ont été construites ou rénovées, offrant ainsi à la population un accès facilité à la pratique de la natation. De plus, 11 gymnases et stades sportifs ont été créés ou rénovés, permettant d'entamer le rattrapage en la matière et de répondre à une demande croissante en matière d'infrastructures sportives de qualité », poursuit-il.

Au-delà de l'aspect purement sportif, ces investissements contribuent également à dynamiser le territoire et à améliorer la qualité de vie des habitants. « La transformation du Village Olympique en éco-quartier constitue une démarche innovante qui favorise le développement durable et la préservation de l'environnement, tout en offrant des espaces de vie agréables et fonctionnels », se réjouit le département, qui, en parallèle des Jeux, bénéficiera du Grand Paris Express. « Ces deux initiatives se complètent et contribuent ensemble à transformer radicalement le paysage urbain et les modes de déplacement dans le département », ajoute-t-il.

Par exemple, la ligne 14, qui sera prolongée jusqu'à la future Gare Saint-Denis Pleyel, répond aux besoins spécifiques des Jeux Olympiques, mais « elle s'inscrit également dans une perspective plus large d'amélioration de la mobilité quotidienne des habitants ».

Par ailleurs, « pendant les Jeux eux-mêmes, des voies dédiées ont été aménagées pour garantir une bonne circulation pour les athlètes, les journalistes et les membres de la famille olympique », précise quant à elle la directrice adjointe de l’Apur.

 

L’engagement du département dans la planification urbaine

 

Le rôle du département dans la planification et la conception des aménagements urbains liés aux Jeux Olympiques a été crucial. Sa représentation au sein des instances décisionnelles a permis de défendre efficacement les intérêts du territoire et de garantir un héritage positif et durable.

« Durant tout le processus de préparation des Jeux Olympiques, nous avons observé une mobilisation exceptionnelle des acteurs publics, avec une collaboration étroite entre l'État, la Ville de Paris, la région Île-de-France et les collectivités locales. La Solideo, en particulier, a joué un rôle central, en réunissant ces différents acteurs autour d'un objectif commun : la livraison en temps et en heure des ouvrages olympiques, malgré les défis posés par la pandémie et par un contexte économique incertain », indique le département. 

« Cette gouvernance exemplaire, bien que parfois sujette à des désaccords a permis d'afficher un haut niveau d'ambition dans tous les domaines, que ce soit en termes sociaux avec l'intégration de clauses sociales, mais aussi en termes environnementaux et urbains », développe-t-il. 

En effet, pour garantir la durabilité des infrastructures, une série de mesures a été mise en place, dont une réduction de 45 % de l'impact carbone sur l'ensemble du cycle de vie des bâtiments. « Les infrastructures du Village Olympique présentent une réduction significative de leur empreinte carbone, témoignant de l'engagement en faveur de la durabilité environnementale », détaille le département. 

Cela comprend également l'établissement d'un réseau de chaleur pour une régulation thermique efficace, l'utilisation de matériaux à faible empreinte carbone et d'origine biosourcée, ainsi que le recours massif au bois provenant de forêts françaises.

 

Quel impact sur l'accesion au logement ? 

 

Ces projets urbains devraient ainsi avoir « un impact significatif » sur l'accession au logement, les prix de l'immobilier et la mixité sociale, se réjouit le département, qui rappelle que « parmi les 2 500 logements laissés en héritage au Village des athlètes, un pourcentage significatif, soit entre 25 à 40 % selon les communes, sera dédié au logement social ».

« En proposant une gamme diversifiée de logements, des logements sociaux aux appartements privés, le village des athlètes vise à créer une communauté dynamique et inclusive », souligne Patricia Pelloux. 

Malgré une probable augmentation des prix de l'immobilier dans les zones concernées, la présence de logements sociaux contribuera toutefois à maintenir une certaine accessibilité financière pour les habitants. Compte tenu des caractéristiques socio-économiques des villes qui accueillent le Village des Athlètes et des orientations fixées par leurs maires, « ces villes resteront populaires. La diversité sociale est une richesse et une composante essentielle de leur identité », conclut-il. 

 

> Consulter le dossier spécial JO de Paris 2024

 

Propos recueillis par Marie Gérald 

Photo de une : Adobe Stock 

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