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La pierre de taille, un matériau du passé qui se tourne vers l’avenir

Publié le 14 novembre 2022

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La pierre de taille est un matériau utilisé depuis de nombreux siècles dans le domaine de la construction. Appréciée pour ses nombreuses qualités, elle fait partie intégrante du patrimoine architectural français. Julien Narayanin, Directeur Général de Verrechia, groupe immobilier spécialiste de la construction de résidences de qualité en pierre de taille massive, a répondu à nos questions et nous en dit plus sur les enjeux de ce matériau.
La pierre de taille, un matériau du passé qui se tourne vers l’avenir - Batiweb

Pouvez-vous nous présenter le Groupe Verrecchia ?

Julien Narayanin : Verrecchia est un promoteur immobilier qui présente la particularité de penser la ville d’une certaine façon, et notamment par l’usage de la pierre massive. Nous sommes 100 collaborateurs et nous créons à peu près 1000 logements par an. Verrecchia est historiquement basé à Rosny-sous-Bois (93), mais est aussi implanté depuis trois ans à Nice et Bordeaux. Cela fait 32 ans que nous travaillons la pierre de taille, qui depuis la mise en place de la RE2020, a pris une place toute particulière en raison de ses qualités environnementales, thermiques mais aussi esthétiques.

 

Quels sont précisément les avantages et les propriétés de la pierre de taille ?

J.N : Chez Verrecchia, nous travaillons essentiellement le calcaire puisqu’il est issu du bassin francilien et parce que c’est une pierre tendre, donc facile à transformer. Sa transformation nécessite peu d’énergie et a donc un faible impact carbone. Notre mode d’extraction est très vertueux car on y met très peu d’énergie grise. La proximité de nos chantiers limite la consommation d’énergie utilisée par le transport dans le cycle de vie de la matière.

L’autre avantage de la pierre de taille est sa pérennité. Pendant 30 ans après la livraison, il n’est pas nécessaire de ravaler les façades. Un point important dans un contexte d’augmentation des coûts de l’énergie qui génère de facto une augmentation des charges pour les usagers.

À propos des charges, cela touche notamment à la consommation des énergies. On en consomme beaucoup avec de mauvaises menuiseries et des façades peu étanches car il va falloir chauffer le bâtiment. La recrudescence des étés caniculaires entraîne également une hausse de la consommation d’énergie afin de refroidir les logements. La pierre de taille peut répondre à ces problèmes car elle a une inertie et un déphasage très intéressants qui vont être fortement valorisés dans les années à venir.

 

Qu’en est-il des quantités de ressources restantes pour la filière ?

J.N : Nous avons énormément de gisements disponibles aujourd’hui. La filière pierre est une filière du moment qui se projette aussi vers l’avenir parce qu’il y a une organisation de la filière qui est faite, il y a un processus d’industrialisation. Nous avons huit carrières en exploitation aujourd’hui, et nous n’en avons pas besoin davantage. Si à l’avenir il faudra multiplier par deux ou trois le nombre de logements en pierre de taille, nous pourrons mettre en service de nouvelles carrières en Île-de-France. Le cycle de vie d’un bâtiment comprend 16 étapes, de l'extraction à la destruction de l’immeuble. Donc quand on parle de durabilité, de renouvellement de la ressource, c’est sur 50 ans en intégrant ces 16 étapes. Un immeuble en pierre dure 300 ans, on le voit à Paris. On est donc sur une portée long termes de l’urbanisme et de l’architecture.

 

Est-il possible de recycler les pierres à la fin de vie du bâtiment ?

J.N : On parle précisément de réemploi, car un recyclage nécessite un travail de broyage. Or nous sommes ici sur ce que l’on appelle le module D du cycle de vie qui consiste à valoriser la capacité d’une matière à être réemployé. Vous pouvez enlever la pierre de l’immeuble pour ensuite la reposer. C’est donc la même ressource. Nul besoin de repartir en carrière. Aujourd’hui, chez Verrecchia, nous n’avons jamais démolit un immeuble de pierre. Cela s’explique par le fait qu’ils ont une grande durabilité et qu’ils sont solides et pérennes.

 

En quoi consiste la mixité des matériaux et quels sont ses avantages ?

J.N : La mixité des matériaux consiste à avoir le bon matériau au bon endroit. Pour nous, l’immeuble de demain est composé d’une façade en pierre. La pierre est résiliente, elle va résister aux étés caniculaires et donc mieux protéger ses occupants. L’intérieur est fait d’une structure porteuse en bois qui va permettre de travailler l’évolutivité, mais aussi d’adopter de nouvelles façons de faire, en adéquation avec les modes de vie qui évoluent également. Chez Verrecchia, cela fait maintenant deux à trois ans que nous travaillons avec cette volonté d’allier les bons matériaux. Le secteur de la construction représente 23 % des émissions de gaz à effet de serre et 40 % de la consommation d’énergie du pays. Ce constat nous a fait réaliser qu’il faut que l’on soit acteur du changement, en décarbonisant l’économie de la construction avec l’utilisation de nouveaux matériaux. Des matériaux naturels à la grande durée de vie, qui ont stocké du carbone biogénique et qui font appel à de nouveaux savoir-faire.

 

Quels peuvent être ces matériaux de demain ?

J.N : Le bois, la pierre, le chanvre en isolant ou même la terre qui peut être utilisée en cloisonnement intérieur ainsi qu’en chape. Il faut y aller par gradation. Cela fait plusieurs années que l’on réfléchit à cela, car c’est aussi un travail de sourcing, de structuration des filières, de formation des talents et des compétences. C’est un travail de fond qui se fait dans l’entraide et la solidarité puisqu’il faut aller voir l’agriculteur qui pourra nous fournir la paille nécessaire à la conception de certains matériaux par exemple. On est donc dans un travail de connexion, de mise en œuvre d’un écosystème afin de bien comprendre les besoins de chacun.

Propos recueillis par Jérémy Leduc

Photo de Une : Julien Narayanin

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