Bâtiments durables franciliens : un dispositif pour une construction plus durable
Née en 2017 et impulsée par l’association Ekopolis, la démarche Bâtiment durables franciliens (BDF) a pour objectif d'offrir un œil neuf sur la façon de concevoir la ville. Pour ce faire, il est nécessaire de réfléchir à d’autres méthodes de travail, notamment grâce à un procédé d’évaluation par des pairs. Une idée initialement développée par EnvirobatBDM, en région PACA.
Repenser les méthodes de travail pour mieux construire
La démarche BDF s’appuie sur trois volets bien précis. Le premier est de tirer parti des connaissances de tous les acteurs, afin d’accélérer la montée en compétences de chaque professionnel du secteur. Cet aspect participatif est indissociable de la démarche BDF.
Les promoteurs, architectes, ingénieurs ou encore urbanistes, accompagnent les premiers projets, et, grâce aux retours de leurs pairs, mettent à profit les enseignements tirés pour les projets futurs. Tout cela est possible grâce à un accompagnement qui s’étend dès la programmation du projet, jusqu’à deux ans après sa livraison, afin de s’assurer que les ambitions initiales sont bien maintenues dans le temps.
La deuxième caractéristique propre au processus BDF est l’évaluation par les pairs. Tout d’abord, chaque équipe projet voit arriver dans ses rangs un Accompagnateur BDF, agréé par Ekopolis. Ce professionnel a pour mission de passer l’opération au crible du référentiel.
Le processus BDF a également mis en place des commission, c'est-à-dire des revues de projet ouvertes à tous, au cours desquelles les équipes projet font face aux questions et aux recommandations d’un comité de professionnels expérimentés et indépendants. Ce procédé a pour objectif de pousser les équipes à voir plus loin dans la réalisation de leurs travaux. Il permet également de décerner à l’opération un niveau de reconnaissance (Cap, Bronze, Argent, ou Or). Ces commissions sont organisées pendant la phase de conception, de chantier, et enfin deux ans après la livraison de l’opération.
Ces commissions sont l’occasion parfaite pour les professionnels d’échanger entre eux, afin de partager au mieux les conseils et retours d'expériences utiles à la réalisation d’un futur projet. Thomas Reith, ingénieur en bureau d’études et accompagnateur de plusieurs projets, souligne l’importance de ces rassemblements : « BDF, ce n’est pas juste un référentiel. Les échanges lors des commissions, c’est fondamental ! C’est ce qui fait la richesse de la démarche ».
La dernière vocation de la démarche BDF est de pousser les différents acteurs à avoir une vision d’ensemble. Gage de qualité dans le temps, elle est également indispensable face à la multiplicité des enjeux à venir. Pour cela, le référentiel comprend une grille d’analyse multicritères répartis en sept catégories (gestion de projet, territoire et site, solidarité, énergie, eau, matériaux et ressources, confort et santé). Ce dispositif permet d’avoir une vision plus claire sur les caractéristiques de la réalisation.
Une massification et une évolution du dispositif
Depuis sa création en 2017, plus de 100 projets ont choisi la démarche BDF. Utilisée majoritairement par des maîtres d’ouvrage publics, collectivités et bailleurs sociaux (72 %), elle est de plus en plus plébiscitée par des promoteurs privés. BDF fait également l’objet de prescription de la part d’aménageurs comme l’EPF Île-de-France ou la Métropole du Grand Paris. Cela octroie à BDF une visibilité qui permet à Ekopolis de voir les choses en grand pour l’avenir. En effet, l’association prévoit d’atteindre en cumulé 500 projets en démarche d’ici cinq ans, soit fin 2027.
Le dispositif BDF tend à évoluer et à s’adapter au fil des années, afin de répondre au mieux aux exigences de l’époque. Le processus a même été dérivé pour les quartiers, avec l’apparition fin 2021 de la démarche QDF, pour Quartiers durables franciliens. Du côté du référentiel BDF, une troisième version va voir le jour en cette fin d’année 2022. Un dispositif à l’exigence générale plus élevée, et qui verra apparaître trois nouveaux sujets sur sa grille de critères : réhabilitation, confort d’été, et ZAN.
Trois nouveaux combats pour 2023 auxquels va devoir faire face le dispositif BDF. La réhabilitation du bâti est l’un des enjeux majeurs pour Ekopolis. Aujourd’hui, 80 % de la ville de 2050 est déjà construite. Pour simplifier de tels travaux, les projets de réhabilitation partielles ou complètes bénéficieront d’une grille adaptée aux contraintes de la rénovation, et auront divers avantages par rapport aux bâtiments neufs. L’objectif est d’atteindre d’ici cinq ans 50 % des opérations BDF en réhabilitation.
Le niveau d’exigence pour le confort d’été a également été revu à la hausse. Ainsi, un bâtiment convoitant le niveau de reconnaissance argent devra être en capacité de garantir le confort d’été sans système de climatisation classique.
Pour l’artificialisation des sols, il sera désormais obligatoire de justifier du choix de la parcelle retenue pour toute maîtrise d’ouvrage présentant un projet de bâtiment ou de quartier artificialisant des sols, otamment pour les zones boisées et/ou agricoles.
Jérémy Leduc