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IA et bâtiment : un duo prometteur mais encore en construction

Publié le 23 septembre 2024

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La révolution digitale dans le BTP est en marche, portée par l’intelligence artificielle. Que ce soit pour optimiser la gestion des ressources ou prévenir les accidents, l’IA promet de transformer en profondeur la construction. Mais comment cette technologie peut-elle être intégrée de manière efficace par les professionnels du secteur ?
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Le salon Batimat, rendez-vous incontournable pour les professionnels du bâtiment, a mis cette année encore un accent particulier sur l'innovation technologique avec son espace ConstructionTech. Ce dernier a pour ambition de mettre en lumière les solutions numériques, notamment l’intelligence artificielle (IA), qui bouleversent petit à petit le secteur. L'une de ses promesses réside dans son potentiel à optimiser la gestion des projets, en réduisant à la fois les coûts et les impacts environnementaux. 

Par exemple, la conception générative permet déjà d'analyser et de proposer plusieurs variantes d'un même modèle, facilitant le choix de solutions plus écologiques et économiquement viables.

Selon Álvaro Vega, regional manager de l'entreprise PlanRadar, spécialisée dans la digitalisation des chantiers, « le potentiel de l'IA est immense », même si « son adoption dépend principalement de la rapidité avec laquelle les entreprises du BTP intègrent cette technologie dans leurs processus ».

Cependant, la technologie ne peut à elle seule définir l'avenir du secteur. Ce sont les acteurs de la construction qui, par leur utilisation de ces outils, orienteront l’évolution du numérique. À ce titre, l'adoption de l'IA reste fragmentée selon les entreprises et les sous-secteurs, ce qui impose une transformation progressive, dictée par les usages et la réceptivité des professionnels.

 

Une transformation en marche

 

L’IA et les technologies associées sont déjà en train de faire évoluer les méthodes de travail sur les chantiers. Par exemple, avec sa solution SiteView, PlanRadar combine l'IA avec la technologie SLAM (Simultaneous Location and Mapping).

Cette innovation permet aux équipes sur site de documenter visuellement l’avancement des travaux en temps réel grâce à une caméra 360° fixée sur un casque. « Cet outil illustre comment l’IA peut améliorer la prise de décision et la planification sur les chantiers. SiteView permet non seulement d'éviter les erreurs de communication et donc d’optimiser la prise de décision, mais aussi de restreindre les litiges potentiels », souligne Álvaro Vega. 

Dans le même esprit, CAD 42, une start-up fondée en 2016, mise sur l’utilisation de capteurs pour créer des jumeaux numériques des chantiers. Ces capteurs, installés sur des machines ou équipements comme les grues, analysent les conditions de travail en temps réel, permettant de détecter les risques potentiels.

« Grâce à cette approche, les accidents liés aux collisions ou aux erreurs de manipulation peuvent être drastiquement réduits », relève Jean-Philippe Panaget, président de la start-up, qui propose également d'optimiser les méthodes de travail et de réduire l'impact environnemental en couplant les données de production et de pollution. « Dans cette dynamique, l'IA devient un outil stratégique pour une construction plus durable et plus respectueuse des ressources », ajoute-t-il.

 

Quelle adoption pour les PME et artisans ?

 

L’un des principaux défis pour le secteur réside dans l’adoption de ces technologies par les petites et moyennes entreprises (PME) et les artisans. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) a pris les devants en créant dès 2018 un groupe de travail dédié à l’IA, afin de sensibiliser et de former les entreprises aux opportunités offertes par cette révolution technologique.

Néanmoins, « la fragmentation du secteur, avec une multitude de sous-traitants et des projets temporaires, rend l’adoption plus complexe que dans d’autres industries », relève Jean Ramirez, chef d’entreprise, membre du groupe IA de la FFB.

Dans le secteur de la construction, ce dernier nuance toutefois que « l’évolution numérique et l'IA ne concernent pas uniquement les grandes entreprises. Les artisans s’approprient ces technologies à leur manière. Par exemple, certains utilisent des applications mobiles pour préparer des devis sur le terrain, qui sont ensuite finalisés automatiquement une fois au bureau ».

Des solutions comme celles proposées par CAD 42, avec des outils faciles à installer et à transférer d’un chantier à l’autre, offrent également une porte d’entrée accessible pour ces petites structures. « Ces innovations s’accompagnent d’un changement générationnel, où les jeunes ingénieurs, déjà familiarisés avec le numérique, adoptent plus rapidement ces technologies », poursuit-il.

En matière de durabilité, l'IA joue également un rôle clé dans la gestion des matériaux et des déchets. Le regional manager de PlanRadar explique que « des applications de recyclage et de gestion des déchets pourraient utiliser des robots autonomes pour trier automatiquement les matériaux ».

 

Le salon Batimat, un point de départ ? 

 

Pour cette branche, l’intérêt de l'intelligence artificielle réside dans la veille technologique pour identifier les opportunités qu’elle pourrait apporter en matière de prévention.

« Notre rôle, en tant qu'organisme, est de garantir que l'IA apporte une réelle valeur ajoutée dans ces domaines. Si c'est le cas, nous devons la promouvoir et la rendre plus visible au sein de la branche, en passant par notre accélérateur Santé-Prévention, par exemple », indique Mohamed Trabelsi, responsable développement et projets spécifiques à l’OPPBTP. Lors d'une récente session de pitch centrée sur l'IA, des entreprises du BTP ont pu partager leurs expériences, « montrant que ces solutions sont applicables directement sur le terrain, sans s’éloigner des réalités des chantiers », précise-t-il. 

Cependant, l’adoption de l’IA rencontre encore des obstacles, notamment en ce qui concerne la fiabilité des solutions et la qualité des données utilisées. Comme le souligne M. Trabelsi, « il est essentiel que les solutions d’IA soient fiables et que les données utilisées soient de bonne qualité, validées et optimisées ». La confiance des professionnels dans ces nouvelles technologies reste un enjeu majeur à surmonter.

Des événements comme le salon Batimat, qui aura lieu à Paris du 30 septembre au 3 octobre prochain, sont essentiels pour faciliter cette transition, et offre un cadre propice à l’échange et à la découverte. « C'est un véritable point de départ pour l’adoption et le test de solutions innovantes », conclut Mohamed Trabelsi.

 

Propos recueillis par Marie Gérald

Photo de une : Adobe Stock

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