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Retraite anticipée dans le BTP : un coût de 560 millions

Publié le 12 janvier 2010

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Selon une étude prospective du groupe Alpha, un système de retraite anticipée pour pénibilité dans le BTP aurait un coût net global de 460 à 560 millions d'euros et créerait des économies pour les régimes chômage, invalidité ou maladie utilisés pour se séparer des ouvriers âgés.
Retraite anticipée dans le BTP : un coût de 560 millions - Batiweb
Spécialiste du conseil aux comités d'entreprise et de l'accompagnement des restructurations, Alpha indique dans son étude sur « la pénibilité et retraite » à partir du cas du bâtiment et des travaux publics, que « la mise sur pied d'un tel dispositif, si elle n'est pas gratuite, est de l'ordre du réalisme ». Cela représenterait 0,3% du chiffre d'affaires 2007 du secteur (près de 177 mds EUR) et 1,9 à 2,3% de la masse salariale 2007 des seuls ouvriers, selon les auteurs. Alpha avait déjà publié en 2004 une étude sur le même thème, un des plus exposés à la pénibilité de par la fréquence et la gravité des accidents du travail, le cumul des contraintes physiques ou l'exposition aux produits chimiques en hausse.

Pour la première lettre de son Centre Etudes & Prospectives, parue cet hiver, Alpha en a actualisé les données, en vue du rendez-vous 2010 des retraites. Actuellement, bien qu'il n'existe pas de retraite anticipée dans le BTP, tous les travailleurs ne travaillent pas jusqu'à 60 ans, loin s'en faut. « Un certain nombre de salariés âgés du secteur subissent un phénomène d'exclusion, dès 50 ans puis de manière croissante. Dans la classe d'âge 55-59 ans, 14% des individus sont au chômage, 15% en invalidité et 5% en maladie de plus de 90 jours », relève l'étude. « La gestion sociale des âges, telle qu'elle existe actuellement dans la construction, se structure, entre autres, autour d'une utilisation détournée des dispositifs d'allocation, notamment chômage, en lien avec la pénibilité », ajoutent-ils.

Pour simuler l'impact et le coût d'un dispositif de retraite anticipée, ils retiennent le principe d'une anticipation de 5 ans de l'âge de départ possible à la retraite. L'ouvrier devrait justifier d'au moins 15 ans de travail pénible. Il gagnerait un trimestre pour deux années de travail pénible, ou, hypothèse plus favorable, un trimestre par année. « La première année de mise en place verrait un pic de sortie des salariés faisant valoir leurs droits entre 25 000 et 33 000 (selon les hypothèses) », suivrait « une période de transition sur 5 ans avec un nombre de départs supplémentaires baissant fortement et progressivement (environ 10.000 en cumul sur 5 ans) » et au-delà de cette période, les flux d'entrants et de sortants du système tendraient à s'équilibrer, selon l'étude.

« En régime de croisière, cette population serait comprise entre 36.000 et 44.000 individus et le coût global net compris entre 460 et 560 M EUR ». Le financement pourrait être réparti entre l'assurance chômage et maladie du fait des économies réalisées, l'Etat, une contribution des entreprises, et une augmentation des cotisations retraite du secteur « modulée en fonction des efforts réalisés pour réduire la pénibilité », suggèrent les auteurs. Prendre en compte la pénibilité a pour but de compenser les différences d'espérance de vie qui font que les salariés aux métiers les plus exposés profitent moins longtemps de leur retraite.

Bruno Poulard (source AFP)

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