JO 2024 : l’audience des majors du BTP devant les prud’hommes reportée
Il va désormais falloir attendre à minima le mois de décembre prochain pour avoir la conclusion de cette affaire. Dix ouvriers immigrés ayant travaillé sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris avaient assigné aux prud’hommes quatre majors du BTP pour « travail dissimulé ».
Vinci a été mis hors de cause. Mais Eiffage, Spie Batignolles et GCC, ainsi que huit entreprises sous-traitantes devaient tout de même comparaître. Le « bureau de jugement » regroupant les dix affaires opposait ces entreprises aux travailleurs aujourd’hui régularisés.
Parmi les sociétés précédemment citées, « un certain nombre n’étaient pas présentes ni représentées », ce qui a engendré le renvoi « au 6 décembre pour un nouveau bureau de conciliation », a indiqué Richard Bloch, défenseur syndical de la CGT qui a plaidé les dossiers.
Le syndicat et les travailleurs espèrent faire condamner ces géants du BTP pour « travail dissimulé », et que soit reconnu leur « responsabilité » en tant que maître d’œuvre des futurs sites olympiques. Les dix hommes, essentiellement originaires du Mali, ont œuvré sans contrat de travail, ni fiche de paie sur ces sites, dont celui du Village olympique.
En attendant l’audience, une plainte va être déposée
« On va y arriver mais on va mettre du temps », assure Richard Bloch, redoutant que « la procédure trouve sa finalité après les Jeux olympiques » de Paris, prévus entre le 26 juillet et le 11 août.
Pour l’heure, le syndicat va déposer plainte avec constitution de partie civile dans l’enquête au pénal ouverte à Bobigny sur ce même dossier, a indiqué Gérard Ré, un responsable du bureau confédéral de la CGT. Cette enquête préliminaire avait été ouverte il y a plus d'un an maintenant pour « travail dissimulé » et « emploi d’étranger sans titre en bande organisée ». À l’époque, plusieurs contrôles avaient permis d’identifier plusieurs travailleurs irréguliers sur un chantier olympique.
« On veut connaître le mécanisme mis en place pour dédouaner les donneurs d’ordre. Ceux qui ont des responsabilités doivent les assumer », a poursuivi Gérard Ré. À ce jour, aucun travailleur ayant entamé la procédure n’a encore été entendu dans le cadre du dossier pénal.
Du côté des entreprises mises en cause, le silence reste de mise. Lors de l’audience aux prud’hommes, « Spie Batignolles nous a dit qu’on s’était trompé de société», a rapporté Richard Bloch. « En gros, circulez, il n’y a rien à voir ».
Jérémy Leduc
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