GDF en procès pour une explosion meurtrière
Selon les expertises menées lors de l'instruction, l'explosion résulte de la rupture à quelques mètres de l'immeuble d'une canalisation en fonte grise, un matériau fragile et ancien. Le gaz se serait alors infiltré sous terre, jusqu'au sous-sol du bâtiment, avant d'être mis à feu pour une raison indéterminée. Dans le quotidien L'Alsace, publié dimanche, Jean-François Cirelli, P-DG de l'entreprise lors de l'explosion, a indiqué que GdF procédait à cette époque au remplacement, achevé fin 2007, des canalisations de fonte grise. « Il est clair que cette conduite en fonte grise, répertoriée sur les plans, aurait dû être remplacée. Elle n'a pas été enlevée, c'est une erreur tragique, qui relève d'une responsabilité de l'entreprise », a-t-il estimé.
L'explosion, la plus meurtrière depuis 30 ans dans un bâtiment d'habitation, avait eu lieu le 26 décembre 2004, rue de la Martre à Mulhouse où un immeuble HLM de quatre étages avait été soufflé. Dix-sept personnes avaient été tuées sur le coup et une dix-huitième victime est morte quatre mois plus tard, une expertise médicale établissant un lien de causalité "direct, certain et partiel" entre son décès et les blessures consécutives à l'explosion. Une autre des personnes blessées est par ailleurs décédée en 2007.
Du côté des victimes, l'avocate de l'Association des victimes de la rue de la Martre à Mulhouse (AVMM), Me Sophie Pujol-Bainier, a déposé des citations directes à l'encontre de trois anciens responsables de Gaz de France, dont l'ex-PDG Pierre Gadonneix. La recevabilité de ces requêtes a été débattues hier, à l'ouverture du procès. « Le souhait premier des victimes, c'est d'avoir les responsables en face pour obtenir des explications », explique-t-elle. Le procès doit durer jusqu'au 20 mars au Parc des expositions à 300 mètres de la rue où avait eu lieu l'explosion meurtrière.
Bruno Poulard (avec AFP, Reuters, L'Alsace)