Éco-PTZ et Prêt Avance Rénovation : le Symbiote appelle à les démocratiser
En introduction, la secrétaire générale du Symbiote a rappelé qu’il y avait environ 8 millions de foyers précaires en France, et parmi eux des millions de propriétaires ayant parfois hérité d’un bien sans avoir les moyens de le rénover.
« Quand j’entends qu’on met dans les revenus supérieurs des foyers qui gagnent à deux uniquement 30 000 € par an, ça me donne des frissons dans le dos parce que je ne vois pas comment un foyer qui gagne cela peut prendre à sa charge un reste à charge qui évolue entre 18 000 et 47 000 € », s’est-elle exaspérée.
Miser sur l’Éco-PTZ et le Prêt Avance Rénovation
« Là encore l’Éco-PTZ doit être valorisé, boosté auprès des banques. Il faut donner aux banques une obligation de le délivrer. Il y a à peu près 10 établissements bancaires qui les délivrent. Il y en a deux qui délivrent plus des 80 %, et dans ces 80 %, le montant moyen est de 7 000 €, soit trois fenêtres et demi, un comble et un mur, ou une demi-chaudière. Donc on voit bien que les banques ne font pas leur job sur ce sujet-là, et qu’il faut les obliger – parce que je pense que l’État le peut – et demander un Éco-PTZ à 50 000 €. Aujourd’hui, il y a 57 Éco-PTZ de 50 000 €, et il n’y a qu’une seule banque qui en fait », déplore la secrétaire générale du Symbiote.
D'après Laurent Bortoli, directeur crédits et direction marketing de la Banque postale, intervenu sur une autre conférence, l'Éco-PTZ serait pourtant déjà distribué par toutes les banques, et il représenterait aujourd'hui 1 milliard d'euros distribués.
Outre l’Éco-PTZ, Sylvie Charbonnier appelle à ouvrir le Prêt Avance Rénovation à tous les ménages, sans condition de revenus : « L’Avance Remboursable sur le bien de la maison devrait être ouvert à tous. Il n’y a aucune raison de faire une sélection de la population, puisque de toute façon c’est attaché au bien. Au pire, il est vendu, et le repreneur reprend l’Avance Remboursable, ou il y a un héritage, et l’État récupère sa part », souligne-t-elle.
Donner aux mairies un rôle d’accompagnement des particuliers
Concernant l’accompagnement, Sylvie Charbonnier a souligné que le nombre d’Accompagnateurs Rénov’ formés était aujourd’hui insuffisant pour couvrir toutes les demandes de rénovation énergétique en 2024.
« Quand on veut un Accompagnateur Rénov’ sur toutes les opérations de rénovation en France, on n’a pas bien estimé ce qu’il fallait faire. Parce que si pour MaPrimeRénov’ il va falloir rénover 200 000 maisons individuelles en 2024, je ne vois pas comment les Accompagnateurs Rénov’, au nombre auxquels ils sont aujourd’hui, pourront traiter 200 000 dossiers dans l’année en assurant un suivi des dossiers à 100 %. Tant qu’on a un nombre d’Accompagnateur Rénov’ qui n’est pas suffisant, je pense qu’il faut le laisser à la très grande précarité », a-t-elle estimé.
À défaut d’avoir suffisamment d’Accompagnateurs Rénov’ formés, Sylvie Charbonnier a appellé à s’appuyer davantage sur les mairies, et de leur donner « un rôle de cohésion sur la rénovation » en conseillant et accompagnant les ménages dans leurs projets. « Dans les mairies, il faut pouvoir dédier des gens qui peuvent renseigner, aider et soutenir pour monter les dossiers. En plus, les mairies ont un avantage, c’est qu’elles connaissent les entreprises du secteur local », a-t-elle soutenu.
Davantage de contrôles pour lutter contre les fraudes
Enfin, la représentante du Symbiote est revenue sur le fléau des fraudes à la rénovation énergétique qui décrédibilisent les entreprises du bâtiment auprès des particuliers.
« Nous avons milité dès la période P3 (des CEE, nldr) pour qu’il y ait des contrôles, et cela a été refusé. Moralité, il y a eu une fraude massive sur ces fiches-là, ce qui a mis le pugilat dans la profession, dénaturé l’image que les particuliers se faisaient des professions d’isolation etc. à cause de gens incompétents qui ont fait les travaux, qui ont volé des certificats RGE, des papiers à en-tête, des numéros de SIRET... Quand l’État mais en place un système, il a un devoir de contrôle », a-t-elle martelé.
Pour rappel, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a annoncé ce mardi le lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation à destination des particuliers, et la multiplication des contrôles sur site en 2024.
Claire Lemonnier
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