Effondrements rue d’Aubagne : des peines de prison requises
« Ces effondrements ne doivent rien à la fatalité, au hasard et encore moins à la pluie », déclare Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, lors d’un procès retracant le sinistre, qui a frappé rue d’Aubagne, à Marseille, et provoqué huit morts en 2018.
« Cette catastrophe est venue apporter un terrible éclairage sur l'habitat indigne dans la cité phocéenne, d'un chaos silencieux à une réalité criante », souligne-t-il.
Les propos précèdent les peines de prison requises contre des acteurs clés du dossier. Rappelons également que le procès doit se terminer le 18 décembre, pour un jugement prononcé en 2025.
« Quand il y a des vies en jeu, les deniers publics, on ne les économise pas »
Premier accusé ciblé : Julien Ruas, ancien adjoint au maire LR et à l’époque en charge la police des immeubles en péril. Le procureur Michel Sastre, aussi présent au réquisitoire, le décrit comme « un auteur indirect du drame par son comportement blâmable, inadmissible ».
« C’est quoi la proactivité ? Ces 40 000 logements insalubres (dans Marseille) il fallait les chercher, on ne l'a pas fait » or « quand il y a des vies en jeu, les deniers publics, on ne les économise pas », martèle le magistrat, qui requiert trois ans de prison et 45 000 euros d’amende à l’encontre de l’ancien élu.
Des « graves manquements » commis par l’architecte-expert
L’architecte Richard Carta a été également dans le viseur des procureurs. Celui qui avait expertisé l'immeuble moins de trois semaines avant son effondrement, avait bouclé sa visite en une heure.
Le professionnel « a été ce soir-là un expert pressé, un expert qui a failli à la rigueur professionnelle de la réalisation de sa mission, commettant de graves manquements », fustige M. Sastre.
Trois ans de prison dont un avec sursis, 40 000 euros d'amende et l’interdiction de réaliser des expertises ont été requis contre M. Carta.
Les copropriétaires « avaient tous connaissance des problèmes structurels de leur immeuble »
Place ensuite aux copropriétaires, qui n’ont certes pas été poursuivis par le parquet et mais ont été cités à comparaître par les parties civiles.
Une « situation inédite », souligne Michel Sastre, en déplorant toutefois que les intéressés « avaient tous connaissance des problèmes structurels de leur immeuble, ils avaient pour objectif de jouer la montre, dépenser le plus tard possible et le moins possible ».
Des « manquements graves », pour lequel le procureur a réclamé des peines allant de deux ans de prison - dont un avec sursis - à cinq ans dont deux avec sursis, visant Xavier Cachard. Cet ancien élu régional était à l’époque avocat du syndic de l’immeuble.
Virginie Kroun (avec AFP)
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