Effondrements rue d’Aubagne à Marseille : « tous les feux étaient au rouge »
Le procès des effondrements rue d’Aubagne à Marseille s’est ouvert le 7 novembre. Soit déjà deux jours après le sixième anniversaire du drame, le 5 novembre 2018.
90 parties civiles attendent un « épilogue » à ce dossier « monstre », qui cherche à déterminer les éventuels manquements de la part des 16 prévenus. La mère de Simona Carpignano, une des huit victimes du sinistre a pu s’approcher des croquis d’experts projetés sur écrans, ce mercredi 13 novembre.
Car à ce quatrième jour des débats au tribunal judiciaire de la cité phocéenne, deux experts-architectes, nommés par les juges d'instruction pendant l'enquête, se sont exprimés.
Une « accélération exponentielle des signes avant-coureurs »
Pour Fabrice Mazaud et Henri de Lepinay, une certitude : l'effondrement de l'immeuble au 65 rue d'Aubagne était inévitable. « Tous les feux étaient au rouge et donc rien n'a pu l'arrêter », soulignent-ils. Ils décrivent ensuite une « accélération exponentielle des signes avant-coureurs » dans les jours précédents. Parmi ces derniers : l’agrandissement de fissures et l’impossibilité pour des locataires d’ouvrir leur porte.
Les experts-architectes ont aussi identifié trois points de tension. D’abord le mur mitoyen entre les numéros 63 et 65, gonflé et prêt à exploser. À celui-ci s’ajoute un poteau en état de désagrégation dans la cave du 65. Celui-ci a été négligé par Richard Carta, expert mandaté le 18 octobre 2018, qui a ordonné la reconstruction d’une cloison dans l’entrée, troisième et élément clé de cet écroulement.
M. Carta fait partie des personnes jugées dans ce dossier, aux côtés de copropriétaires au syndic et d’un ancien adjoint au maire, Julien Ruas, de son côté absent pour la deuxième journée d'affilée.
« Ce qui a provoqué l'effondrement c'est la rupture du poteau dans la cave du 65 et/ou le transfert brutal de charges sur le mur séparatif, lui même très fragilisé et à la limite de la rupture », affirment M. Mazaud et M. de Lepinay.
L’absence de gravats dans la rue, comme le montrent les photos prises le 5 novembre 2018, conforte l’hypothèse d’un effondrement de l’immeuble du 65 « à l'intérieur, derrière sa façade », à 9h07, entraînant avec lui l’immeuble du 63. Le tout « sans aucun bruit », précisent les experts, citant des témoins des faits.
Ce jeudi 14 novembre, le procès se concentrera toujours sur les causes mécaniques du sinistre. Cela reporte au 25 novembre le début de l'examen des éventuelles fautes pénales des prévenus.
Virginie Kroun (avec AFP)
Photo de une : Adobe Stock