Rachat de chantiers, et production de HLM « en berne »
Ce mardi 26 septembre a été marqué par différentes actualités sur le logement neuf. Un secteur on ne peut plus sous tension, entre la dégringolade des permis de construire et la baisse du pouvoir d’achat des acquéreurs, en passant par la flambée des coûts de construction.
10 500 chantiers de promoteurs déjà précommandés par CDC Habitat
Parmi les leviers pour endiguer la crise, le gouvernement avait appelé la branche habitat de la Caisse des dépôts et consignations (CDC Habitat) et le groupe Action Logement à racheter, aux promoteurs, des programmes en suspens. En réponse, CDC Habitat s’était engagé à racheter 17 000 chantiers d’ici fin 2023.
CDC espère tenir cet objectif, « sinon ça s'étendra un peu sur le début 2024, mais on pense qu'on va y arriver », a déclaré le groupe dans un communiqué. « À fin août, 10 500 logements ont d'ores et déjà été commandés, auprès de plus de 70 promoteurs immobiliers locaux et nationaux », est-il également indiqué.
Sur le total des chantiers précommandés, 2 100 seront des logements sociaux et 8 400 des logements locatifs intermédiaires, précise Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat. Le tout pour un montant d'environ 2 milliards d'euros.
« La production HLM, elle sera en berne »
Pour autant, les indicateurs n’augurent rien de bon pour le logement social en 2023.
« En ce qui concerne la production de HLM, elle sera en berne », a annoncé Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH). « Les remontées que nous avons (...) nous laissent entendre que ce sera une mauvaise année, qui sera inférieure à celle de 2022 (...) qui était une très mauvaise année », alerte-t-elle. En 2022, moins de 100 000 nouveaux logements sociaux avaient été autorisés en France métropolitaine.
Un bilan livré à une semaine du congrès de l'USH, où sont attendus Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Patrice Vergriete, ministre du Logement, ainsi que Philippe Vigier, ministre des Outre-mer.
« La situation dans laquelle on est aujourd'hui, ça nous laisse le sentiment d'un désinvestissement réel de la puissance publique dans les politiques du logement, un désinvestissement qui est tant matériel qu'idéologique », déplore Emmanuelle Cosse. Et les bailleurs de manifester « quand même une certaine impatience face à l'indécision de l'Etat, parce qu'en effet, on a beaucoup de mal à voir un cap se dessiner », souligne l’ancienne ministre du Logement et de l’Habitat durable.
L’USH va plus loin dans son raisonnement en affichant les résultats d’une étude. Selon celle-ci, la création de 518 000 nouveaux logements par an, dont 198 000 logements sociaux, serait nécessaire entre 2024 et 2040, afin de répondre aux évolutions démographiques et lutter contre le mal-logement.
D’autant que fin 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d'un logement social, 1,63 million n'étant pas déjà logés dans le parc social. Le gouvernement n’affiche plus d’objectif national de production de logements sociaux. Il faut dire que le cap des 250 000, cumulés en 2021 et 2022, a largement été manqué. Ce qui confirme les craintes d’une étude prospective de la Banque des territoires, filiale de la CDC, selon laquelle les bailleurs sociaux sont exposés au dilemme entre construction et rénovation.
Virginie Kroun (avec AFP)
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