Interdiction de location des passoires thermiques : Bruno Le Maire rétropédale
Alors que le gel des loyers s'applique depuis le 24 août 2022 pour les pires passoires énergétiques, ces dernières se verront progressivement interdites à la location à partir du 1er janvier 2025 (pour celles classées G), puis en 2028 (pour celles classées F).
Toutefois, ce mardi 26 septembre, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ouvert la porte à une révision de ce calendrier instauré par la loi Climat et Résilience, en raison de l’inflation et de la forte remontée des taux d’intérêt.
« Je considère que tout ce qui a été décidé avant la hausse des taux d’intérêt mérite d'être regardé à nouveau à l'aune de cette crise. Ce qui était possible lorsque l'argent était disponible devient impossible avec des taux aussi élevés. Il faut être très pragmatique et regarder si on peut décaler les calendriers », a-t-il déclaré au Parisien.
Le ministre de l’Économie a par ailleurs évoqué l’idée d’un élargissement des conditions d’accès au prêt à taux zéro (PTZ), notamment pour permettre aux jeunes primo-accédants aux revenus modestes d’en bénéficier.
« Quand les taux sont à 4 %, ne faut-il pas réfléchir à un taux plus accessible pour les ménages ? », a lancé le ministre. Un tel prêt pourrait « être réservé aux primo-accédants ou pas, je suis ouvert à la discussion », a-t-il poursuivi, avant de suggérer la création d’un nouveau prêt à taux « bonifié ».
« Accélérer » plutôt que rétropédaler
Mais au lendemain de ces annonces, plusieurs députés de la majorité présidentielle ont regretté ce rétropédalage, appelant au contraire à « accélérer » dans la lutte contre les passoires thermiques, pour réduire les factures d’énergie des Français, et réduire les émissions de CO2.
« Il ne faut pas renvoyer à la Saint-Glinglin (...) c'est une trajectoire que l'on a prise qui est importante et il ne faut pas renoncer », a notamment réagi Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.
«L'enjeu ne doit pas être de reculer mais d'accélérer ». « Il faut des mesures d'accompagnement mais aussi des mesures contraignantes », a abondé Jean-Marc Zulesi, député Renaissance et président de la commission Développement durable.
À l’inverse, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, s’est réjoui de cette éventualité. « C'est une prise de conscience absolument salutaire parce qu'on est en train de faire fausse route et d'aller dans le mur », a-t-il estimé.
Pour rappel, avec ces interdictions de location à venir, certains professionnels de l’immobilier craignent également le retrait de nombreux logements du marché locatif, alors que ce dernier est déjà actuellement extrêmement tendu avec la difficulté pour les Français (et notamment les primo-accédants) d’obtenir un crédit immobilier.
Ce mercredi, à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2024, Bruno Le Maire a finalement refermé la porte à une modification du calendrier, assurant qu’il s’agissait surtout de rendre cela « plus clair » pour les concitoyens.
« Il n'est pas question de modifier le calendrier tel qu'il a été déterminé, il s'agit simplement de réfléchir à la manière dont on peut être plus simple et plus clair pour nos compatriotes. Chacun sait que l'interdiction à la location des passoires dites G+ est déjà en cours de route, mais chacun sait aussi que ça pose un certain nombre de problèmes aux copropriétés », a-t-il déclaré.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock