Nouvelle donne de l’immobilier tertiaire, nouvelles démarches Certivea
Patrick Nossent, président de Certivea annonçait la couleur ce jeudi 19 mai : l’immobilier tertiaire doit s’adapter à « une nouvelle donne ». Nouvelle donne forgée par plusieurs mutations, à commencer par l’urgence climatique.
L'enjeu a été soulevé très récemment par le GIEC, tandis que de nombreuses politiques publiques françaises – telles que la RE2020 et le décret Eco-Energie Tertiaire –, comme européennes – en particulier le Pacte Verte et la taxinomie verte – tendent à y répondre.
Sans compter la transformation digitale du bâtiment, soulevée par l’avènement du télétravail durant les confinements et qui a amené à réfléchir sur « les aménagements, les services que l’on doit apporter au travers des bureaux. Quelles sont les surfaces nécessaires, quelles sont les localisations ces bureaux », évoque notamment le président de Certivea.
Autre urgence corrélée à la fois à la crise Covid-19, mais aggravée aussi par l’actuel conflit russo-ukrainien : les pénuries et un « cycle inflationniste », tant côté matières premières, qu’énergies. « La FFB nous dit qu’il y a 50 % des chantiers qui sont à peu près touchés, et le CNOA a fait une enquête, encore plus récente, où on nous dit qu’il y a deux-tiers qui sont touchés soit par la hausse des prix des matériaux, soit par l’absence de la pénurie de matériaux pour la construction », abonde Patrick Nossent.
A cela s’ajoutent des pénuries de main d’œuvre, mais surtout des pénuries de foncier. Un phénomène expliqué cette fois-ci par l’objectif zéro-artificialisation nette des sols. Le dispositif législatif se justifie, selon le président de Certivea, par de multiples besoins des sols : respecter le cycle de l’eau, cultiver des denrées alimentaires mais également énergétiques (biocarburant…), construire des industries relocalisées…
HQE Bâtiment et HQE Bâtiment Durable, deux nouvelles familles de certifications
Autant dire que la construction durable tend à s’affirmer, tant sur le plan législatif, que du côté d’acteurs de la filière, comme Certivea.
« Qu’ils soient publics ou privés, quelle que soit leur taille, quel que soit l’usage de leurs bâtiments (bureaux, commerce, entrepôt, éducation, santé, culture...), tous les acteurs doivent aujourd’hui intégrer la sobriété énergétique, le bas carbone, la qualité de vie au travail et la digitalisation », défend le certificateur dans un communiqué.
Afin de s’adapter à cette « nouvelle donne » et de distinguer davantage les acteurs et opérations immobilières tertiaires engagés dans une démarche de bâtiment durable, Certivea propose de nouvelles certifications.
Ou plutôt deux nouvelles familles de certifications : HQE Bâtiment (HQE-B) et HQE Bâtiment Durable. Opérationnelles dès juin prochain, ces deux offres sont « imbriquées, emboîtées », décrit Claire Tikhonoff, directrice du Développement et des Opérations de Certivea. Le premier comprend 15 thèmes fondamentaux que les acteurs doivent respecter (qualité de l’air, confort hydrothermique, énergies, déchets, carbone, eau…) La certification HQE Bâtiment Durable rassemble aussi ces thèmes, mais propose sept thèmes supplémentaires : accessibilité, analyse du cycle de vie, biodiversité, services, maîtrise des coûts, économie locale, commissionnement.
Cette version améliorée HQE-BD – créée en 2016 – a pour but de renforcer l’implication d’acteurs (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre…) dans les performances environnementales, sociétales et économiques de leur bâtiment.
Chacune des deux familles se décline en trois catégories de certifications : construction, rénovation ainsi qu’exploitation. Elles rejoignent aussi l’ensemble des six familles structurées par Certivea, comprenant la certification HQE Territoire Durable (pour les projets d’infrastructures ou d’aménagements de territoires).
Trois autres familles de labels tendent chacun à répondre à un enjeu que Certivea juge prioritaire : « Environnement » (labels Effinergie, BBCA ou Biodivercity), « Qualité de Vie » (labels OsmoZ et Accessibilité), ainsi que « Numérique » (labels R2S et R2S-4GRIDS).
Coup de neuf aux outils digitaux
En tant que filiale du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), Certivea renforce également son positionnement, ajoutant l’étiquette de « société à mission » à son étiquette de « certificateur engagé ».
En intégrant Cerway – offre globale HQE à l’international -, Certivea poursuit l’implantation de son offre en Europe, tout en nouant des partenariats au Maroc, au Liban, au Brésil, en Chine...
Son expansion géographique va de pair avec son expansion digitale. Pour preuve, Certivea a renouvelé l’ensemble de ses outils digitaux. C’est ainsi que sont nées les plateformes ISIA, dédiées à la gestion en ligne de dossiers de certification ou de labellisation et CERTIDOC, servant de base documentaire pour les référents, auditeurs et vérificateurs de projets de construction.
Une nouvelle version du site web de Certivea sera disponible fin juin. Son but ? Mieux cibler les besoins pour chaque type d’interlocuteur, de l’immobilier aux bureaux d’études en passant par les DRH. La future plateforme répartit également les informations en fonction des opérations (construction, rénovation, aménagement intérieur, exploitation, infrastructure, territoire).
Virginie Kroun
Photo de Une : Certivea