Logement : près de 3 DPE sur 4 seraient incorrects (Hello Watt)
Décidément, la réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE) continue de faire parler d’elle. D’autant plus en ce début d’année 2023, qui marque la première échéance de la loi Climat et Résilience : les logements classés G dont la consommation excède 450 kWh/m²/an sont désormais interdits à la location, soit 90 000 logements environ.
« La précision du calcul de la consommation et de l’étiquette énergétique est donc très importante puisqu’elle va déterminer la capacité d’un propriétaire à louer son bien, et cela a aussi un impact important sur la valeur de ce dernier », remarque Hello Watt, en introduction d’une étude sur la fiabilité du nouveau DPE.
221 logements passés au crible
Hello Watt a comparé l’étiquette énergétique de 221 logements affichant un DPE dans la base Ademe et utilisant l’application Hello Watt, ce qui permet d’obtenir leur consommation d’énergie par mètre carré.
Il en ressort que 71 % des DPE ne seraient pas corrects, car affichant un écart entre leur étiquette énergétique et la consommation du logement en kWh/m²/an.
« Une approximation qui pose problème, puisqu’avec les nouvelles exigences de la loi Climat, une différence - même d’une tranche - peut avoir des conséquences importantes. Par exemple, entre un classement E et un classement F, c’est le statut de passoire thermique qui se joue, et avec lui une interdiction de mise en location et une importante décote de la valeur immobilière », souligne Hello Watt.
Dans le détail, dans 29 % des cas, l’étiquette énergétique correspond au calcul de consommation par mètre carré estimé. Mais 40 % des DPE seraient incompatibles avec la consommation réelle de l’habitat, proche plutôt d’une étiquette voisine, par exemple B ou D, au lieu de C. Pour 31 % des cas, non seulement l’étiquette ne correspond pas, mais le logement connaîtrait une plus forte réévaluation, comme de B à D, ou de E à G.
La formation des diagnostiqueurs immobiliers en question
L’étude de Hello Watt corrobore des enquêtes menées consécutivement par 60 Millions consommateurs et l'UFC-Que choisir, pointant du doigt, avec une méthode différente, le manque fiabilité du nouveau DPE.
« Si on imaginait un diagnostiqueur peu scrupuleux qui attribuerait les étiquettes au hasard (en respectant la répartition nationale et sans même regarder le logement), il aurait bon dans 25 % des cas (vs 29 % ci-dessus) », estime Hello Watt. D’où l’urgence d’améliorer le formation selon le conseiller énergétique. Un avis déjà exprimé par l'UFC-Que Choisir, 60 Millions de consommateurs, comme la CDI-FNAIM, qui avait pourtant défendu le bilan du nouveau DPE.
À son échelle, la chambre des diagnostiqueurs de la FNAIM, encourage un réel suivi de compétences des diagnostigueurs, par la création d’une carte professionnelle. Autre projet récent de la fédération : le lancement d’un baromètre trimestriel des DPE.
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Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock