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L’instabilité politique, un climat qui n’arrange pas la promotion immobilière

Publié le 29 août 2024

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Alors que le président Emmanuel Macron enchaîne les consultations pour désigner un nouveau gouvernement, l’attentisme jette le trouble, notamment sur l’activité de la construction. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) appelle, encore une fois, à plus d’action. Entretien.
L’instabilité politique, un climat qui n’arrange pas la promotion immobilière - Batiweb

Depuis les dernières législatives en juillet, aucun nouveau gouvernement n’a été désigné. Est-ce que cette instabilité politique impacte l’activité de la promotion immobilière ?

 

Pascal Boulanger : Oui, nous sommes impactés. Nous sommes à l'arrêt, il ne se passe plus rien. Il n’y a plus de demande, il n’y a plus de permis déposé, car cela ne sert à rien de déposer des permis sur des dossiers, dont on ne peut prédire l'aboutissement. L’investissement immobilier, c'est un investissement de long-terme. On s'engage sur 15, 20 ans, voire plus.

Donc, quand il y a une instabilité, les gens s'abstiennent. Parce qu'ils se disent « s’il y a un gouvernement favorable à l'immobilier, autant attendre les nouvelles mesures qui vont arriver ». Aussi bien les propriétaires-occupants que les investisseurs et institutionnels.

 

En termes de chiffres, quels résultats tire la FPI ? 

 

Pascal Boulanger : En 2023, on était à peu près à la moitié d'une année normale, c’est-à-dire -50 %. C’est beaucoup. Cette année, pour l'instant, les deux premiers trimestres me font dire qu'on sera peut-être à -20 %, -25 %, sur les -50 % de l’année dernière. Cela fait au moins -60 % de l’activité. 

Il y a deux faits déclencheurs pour la promotion immobilière. D’abord, les dernières élections municipales qui ont rendu les maires vraiment frileux à signer des permis de construire. Il n’y avait pas beaucoup d'offre et cela a changé. Un autre événement est venu se greffer dessus : la montée des taux d'intérêt. La demande était donc tellement faible, même s’il n’y avait plus un problème d'offre. Chaque trimestre, j'ai l'impression qu'on a touché le fond de la piscine et on creuse, on creuse, on creuse.

En soit, l’instabilité politique n'est pas le fait déclencheur, mais cela n'arrange vraiment rien.

 

Malgré le flou politique, des solutions existent-elles pour limiter la casse dans la promotion immobilière ? 

 

Pascal Boulanger : Non, parce que tant qu'il y a de l'instabilité, il n'y a personne qui réagit. Je pense que le président Macron va annoncer un Premier ministre d'ici 48 heures ou plus tard. Avant dimanche soir, ce sera fini, en tout cas. 

Par contre, si le gouvernement est refait de la même façon,le ministre du Logement et son ministre de tutelle - la Transition écologique - ont tout sur leur bureau. Le cabinet de la FPI travaille en permanence avec le cabinet du ministère, parce que le back-office ne s'est pas arrêté, bien que les décisions politiques soient stoppées net. Nos mesures, ils les connaissent depuis très longtemps.

 

Un gouvernement technicien est un scénario souvent évoqué. Cette idée plaît-elle la FPI ? 

 

Pascal Boulanger :Que ce soit un gouvernement politique ou un gouvernement technique, nous, ce qu'on veut, c'est un gouvernement efficace. Un gouvernement où le ministre du Logement et son ministre de tutelle ne perdent pas les arbitrages qu’on avait avec M.Béchu et M. Kasbarian. 

Il y a une grandissime crise du logement. Avec l’Alliance du Logement, nous avons annoncé qu'il y aura 300 000 pertes d'emplois, et tous les mois, l’activité logement perd 10 000 salariés.

 

Côté pouvoir législatif, la formation d'un groupe transpartisan sur le logement à l'Assemblée a été annoncée. Que dites-vous face à cette nouvelle ? 

 

Pascal Boulanger : Merci de se saisir du sujet, mais si c'est pour créer une énième commission Rebsamen ou un nouveau CNR Logement, ce n’est pas la peine. Nous n’arrêtons pas de faire des auditions parlementaires. On a produit tous les rapports qu'ils voulaient. Toutes nos mesures ne coûtent pas à Bercy, elles rapportent. Ils savent exactement ce qu'il faut faire. Le diagnostic est connu, on sait comment il faut traiter. Il n’y a plus qu’à signer l’ordonnance médicale. Le temps n'est plus à la réflexion. Nous sommes maintenant dans le moment de l'action.

 

Une fois le nouveau gouvernement formé, et les parlementaires réunis, quel dossier sera à traiter en urgence pour la promotion immobilière ? 

 

Pascal Boulanger :Resolvabiliser tout de suite la demande. Il y a aujourd’hui tellement de contrats, tellement de normes, tellement d’éléments, que tout cela a réussi à désolvabiliser la demande. Alors que la demande est là, le besoin est là.

 

Un enjeu à aborder notamment dans le prochain projet de loi finances…

 

Pascal Boulanger : Bien sûr, c’est fondamental. Il faut bien comprendre qu'on va être à la fin de l'année, et que si rien ne change, les chiffres seront bien à -60% voire -65 %. On ne sera pas dans la situation d'une entreprise qui fait -2 % et qui s’inquiète. Il y aura des salariés qu'on ne pourra plus garder, des terrains auxquels on devra renoncer, des entreprises de BTP qui font faillite, etc.

 

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Pascal Boulanger

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