Dans quels territoires se trouvent la majorité des passoires thermiques ?
En août 2022, a débuté le processus de disparition progressive des passoires thermiques (étiquettes F et G), avec d’abord un gel des loyers pour les logements les plus mal classés, et à terme l’interdiction de leur mise à la location d'ici 2028. Certaines zones françaises sont plus concernées que d’autres, à en croire une étude d'Hello Watt.
En croisant des données de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et du recensement INSEE 2017, le conseiller énergie pour particuliers a dressé un classement des villes et départements dénombrant le plus de passoires thermiques en proportion.
Paris bat des records
Ainsi, parmi les 50 plus grosses villes de France - en nombre d’habitants -, c’est Paris qui concentre le plus de logements mal isolés, plus précisément 330 000 passoires thermiques, soit 24 %. En cause : la large proportion de logements dans la capitale, construits avant 1970 (78 %), alors que la première réglementation thermique en France date de 1974.
« Des contraintes techniques peuvent également expliquer le peu de travaux entrepris dans ces villes très denses : la part de logements collectifs - où les décisions doivent être prises collégialement - est élevée, et le prix du m2 peut dissuader certains foyers de réduire leur surface habitable avec une isolation intérieure », avance Hello Watt dans son étude.
On y apprend également que ce ne sont pas les villes réputées « riches » qui dénombrent le plus de logements bien isolés. D’autant que, selon Hello Watt, 58 % des passoires thermiques sont occupées par des foyers intermédiaires ou aisés. Nous retrouvons donc Boulogne-Billancourt et Versailles, respectivement en 5ème et 6ème position.
À l’échelle départementale, la part des moins bons DPE revient aux régions alpines (Hautes-Alpes, Savoie, Haute-Savoie, Alpes-de-Haute-Provence). Un constat sans surprise dans ces zones où le climat froid et rugueux entraîne une grande consommation de chauffage au m2 - critère inclus dans le calcul du DPE.
La performance énergétique de l’habitat n’est pas non plus au beau fixe dans les départements ruraux (Cantal, Lozère, Nièvre, Corrèze), qui font également partie du top 10, avec Paris au milieu du classement. « Là encore, l’ancienneté des constructions et les matériaux utilisés peuvent être à l’origine de certains de ces chiffres. L’absence de politique majeure de rénovation énergétique dans ces départements peut également expliquer une partie de ces résultats », décrypte Hello Watt.
Les villes du Sud parmi les bonnes élèves
Pour ce qui est des villes rassemblant le moins de passoires thermiques, la plupart se trouvent dans le sud de la France. Perpignan se trouve en tête de classement, avec seulement 4,2 % de logements F et G, devant Nîmes et Angers (6,6 % chacune). À Nice, Montpellier, Toulouse, Aix-en-Provence ou Toulon, la proportion de passoires thermiques s’élève autour des 7 %.
« L’une des raisons qui peut expliquer ce phénomène réside dans les matériaux utilisés pour la construction des logements, qui varient ou ont varié selon les régions. En Provence par exemple, beaucoup de maisons sont en pierre, ce qui permet d'emmagasiner la chaleur la journée et de la diffuser progressivement dans le logement lorsque la température baisse », explique Hello Watt.
Des villes comptent également une part faible de logements anciens (moins de 35 %). Certaines incarnent toutefois des exceptions comme Toulon, où 66 % des logements datent d’avant 1970, mais qui a mené des politiques de rénovation ambitieuses.
Côté classement départemental, le Sud et l’Ouest regroupent le moins de passoires thermiques. C’est le cas en Gironde, où seulement 5,4 % des département sont classés F et G, soit six fois moins que dans les Hautes-Alpes, ou quatre fois moins qu’à Paris. Selon l’étude, le climat, l’ancienneté ou les politiques de rénovation énergétique justifient cette faible concentration.
Virginie Kroun
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