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Crise du logement : bientôt le point de non-retour selon le Pôle Habitat FFB

Publié le 22 février 2024

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La crise du logement atteint des niveaux alarmants, touchant tous les territoires et types de logements, selon le Pôle Habitat FFB. L'organisation sonne l'alerte et appelle à des mesures urgentes pour stimuler la demande, déplorant également l'absence d'actions gouvernementales adéquates.
Crise du logement : bientôt le point de non-retour selon le Pôle Habitat FFB - Batiweb

« La crise du logement s'est intensifiée en raison de tergiversations, d'inactions et de décisions allant à l'encontre des besoins du marché », introduit le président du Pôle Habitat FFB, Grégory Monod, qui qualifie la situation de « cataclysmique », touchant tous les territoires, métropoles, zones rurales, périurbaines, et tous les types de logements.

Les professionnels du bâtiment expriment « une montée de colère », a averti jeudi la fédération, soulignant le risque d'un mouvement similaire à celui des agriculteurs.

De nombreuses répercussions 

 

En 2023, les ventes de logements neufs aux particuliers ont chuté de manière « spectaculaire », avec une perte totale de 76 230 logements en un an. Les ventes sont tombées à 123 000 logements, soit moins de la moitié des logements neufs commercialisés en 2021.

Cette séquence de décrue « sans précédent » a eu des répercussions sur les entreprises et l'emploi, avec une augmentation des défaillances d'entreprises de 30 % dans la construction de maisons individuelles. Une enquête menée par le Pole Habitat FFB fin décembre 2023 auprès d'un échantillon représentatif a confirmé la tendance, avec une chute de l'emploi de l'ordre de 16 % en 2023 et une prévision de réduction des effectifs de 14 % d'ici la fin du premier semestre 2024.

L'activité de la construction de maisons individuelles a également connu une « descente aux enfers », selon le président du Pôle Habitat FFB, avec une baisse de près de 40 % des ventes en secteur diffus. Les ventes de maisons individuelles ont chuté à 56 000 en 2023, soit moins de la moitié de la moyenne de long terme entre 2007 et 2023.

 

Près de 60 000 € de perte de pouvoir d'achat immobilier

 

Dès janvier 2022, la désolvabilisation des acquéreurs a été accentuée par la hausse rapide et continue des taux d'intérêt (+4,20 %) en 2023. Cette augmentation a eu un impact significatif, avec une perte moyenne de près de 60 000 € de pouvoir d'achat immobilier en seulement 24 mois.

Parallèlement, les emprunteurs ont dû faire face à une augmentation des dossiers refusés par les établissements de crédit, entraînant une chute de 40,3 % de la production de crédit immobilier aux particuliers en 2023.

Malgré les alertes des acteurs du secteur, « le gouvernement n'a pris aucune mesure de relance de la demande », déplore M. Monod. Au contraire, « l’abandon du soutien annoncé en juin 2023 lors du scénario logement a été officialisé par la loi de finances 2024, amputant le PTZ au profit d'une prolongation et d'un recentrage sur les zones spécifiques », soutient-il. 

 

Restaurer la confiance des acheteurs 

 

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a souligné que pour de nombreux Français, le logement représente le projet d'une vie et l'assurance d'une retraite sereine. Il a affirmé sa volonté de « déverrouiller le secteur » et de « se battre pour fournir du logement aux Français, centimètre par centimètre, mètre carré par mètre carré ».

Cependant, malgré « ces intentions louables », les premières mesures prises pour résoudre la crise semblent être « anachroniques », estime Grégory Monod, qui appelle à des « mesures urgentes de relance pour restaurer la confiance des acheteurs ».

Selon ce dernier, « les gouvernements précédents ont réussi à résoudre les crises du logement en agissant sur la demande à travers des dispositifs de relance pour la primo-accession des classes moyennes et l'investissement locatif. Aujourd'hui, les mesures proposées se concentrent uniquement sur l'offre, ce qui est comparable à essayer de vider une baignoire en la remplissant d'eau », poursuit-il,  alors que « l’urgence n'est pas de relancer l'offre, mais de stimuler la demande ».  Un discours semblable à celui de Pascal Boulanger, président de la FPI, lors de la présentation de sa dernière conjoncture semaine dernière

Pour cela, le secteur demande à ce que l'accès au crédit immobilier pour les particuliers soit facilité en suspendant les contraintes du HCSF imposées aux banques, ce qui « permettrait aux banques de prendre en compte le reste à vivre des ménages dans l'analyse des risques et de soutenir l'investissement immobilier des ménages ».

De plus, Grégory Monod réclame le rétablissement du Prêt à Taux Zéro (PTZ) dans sa version précédente et de l'étendre à l'ensemble du territoire. En outre, il est impératif d'agir sur la demande en facilitant l'accès au crédit, et en encourageant l'investissement immobilier, tout en révisant les réglementations pour réduire les coûts et stimuler l'innovation.

 

Marie Gérald 

Photo de Une : Grégory Monod 

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