L'artisanat, un univers qui s'est diversifié
Pierre Tountevich : C'est la structure au sein de la FFB qui représente les petites entreprises. Elle a pour missions de les représenter, les accompagner, élaborer des outils pour les aider, et faire leur promotion. Le Conseil traite donc des spécificités artisanales avec un fonctionnement politique puisqu'il est dirigé par des professionnels adhérents de la FFB élus dans leurs régions pour représenter les artisans.
De quel constat ou de quel besoin est née cette structure ?
Nous sommes partis d'un constat simple, c'est qu'il existait des caisses de retraite, des caisses de maladie, des chambres de métier mais pas de structure permettant aux petites entreprises de pouvoir être présentes dans toutes les instances. Il existait d'ailleurs autrefois une Direction de l'artisanat au sein du ministère de l'Economie. Nous travaillons avec le Conseil de l'Artisanat sur les particularités des petites entreprises et développons des outils adaptés à leurs besoins et permettant par exemple de faire des calculs de coûts, de mieux communiquer, de s'organiser ou encore de mettre en valeur leur savoir-faire.
Aidez-vous les petites entreprises à se constituer en réseau ?
Nous ne sommes pas là pour les aider à faire des marchés ou du business. Mais nous pouvons leur montrer comment se grouper avec des méthodes comme l'offre globale ou l'interlocuteur unique par exemple. Nous leur apprenons à mieux servir le client puisque c'est ce qu'il attend d'elles, une offre globale. Si elles n'y passent pas, d'autres prendront les marchés, et elles ne pourront plus conserver leur indépendance. Nous aborderons ce thème dans la plénière de ce matin : « Petites et moyennes entreprises du bâtiment : relancer la croissance » (10h-11h30)
Quels changements a-t-on observé ces 50 dernières années ?
C'est un bouleversement complet ! Nous sommes passés du téléphone à l'internet. Et encore, certains n'avaient pas encore le téléphone en 1959. Le monde de l'artisanat est complètement modifié, il n'a plus rien à voir avec celui de l'époque. Il s'est notamment beaucoup diversifié. Autrefois le circuit classique allait du statut d'apprenti à celui de salarié puis d'entrepreneur à son compte embauchant à son tour des apprentis. On observe de nos jours différents profils. Il y a par exemple beaucoup de chefs d'entreprises qui viennent de l'extérieur. On observe aussi un fort développement des capacités de gestion.
C'est cette diversité que souligne l'exposition "Grandeur nature" ?
En effet, nous avons voulu montrer qu'on ne pouvait pas réduire l'artisanat au bon technicien. Il y en a mais il y a aussi plein d'autres choses qu'il faut redécouvrir, au-delà des archétypes. Un artisan peu faire preuve d'innovation et déposer des brevets. Au sein de l'exposition, il y a par exemple un artisan qui réalise des coffrages bois sur mesure, pour toutes les fantaisies des architectes. Il invente et fabrique des procédés de coffrages qu'il fait breveter. Un autre est certifié ISO 9001. On imagine difficilement un artisan certifié ISO. Un autre ne fait que des marchés publics, un autre est un super communicant, un autre est à la fois artisan et maire...
Justement, quelle est la définition précise d'un artisan ?
La définition officielle d'un artisan est celui qui est inscrit au répertoire des métiers. Mais une fois que l'on a dit cela, on n'a pas dit grand-chose ! De plus on peut y rester inscrit au-delà de dix salariés. Certains en ont trente ou quarante, ce n'est donc pas non plus une question de la taille de l'entreprise. Je dirai que l'artisan est simplement celui qui se reconnait dans ce terme. Certains fonctionnent comme de petites PME en termes de gestion des employés notamment.
Que pouvez-vous dire de plus sur l'exposition ?
Nous avons voulu qu'ils sont fiers, pleins de facettes, avec un ton décalé et un peu d'humour. Après les 24 Heures du Bâtiment, l'exposition doit devenir itinérante et voyager en France. Le but est aussi de toucher le grand public, de changer l'image de l'artisanat du bâtiment. On la retrouvera donc dans des salons comme Cité Bâtisseurs et dans les FFB des régions. Il y aura aussi un livre qui paraîtra à la fin de l'année avec les mêmes portraits et un peu plus de texte. En effet, ils sont tous venus à Paris pour faire les photos et être interviewés par la journaliste Guersendre Nagy.
Quoi d'autre pour finir ?
Nous avons aussi mené une étude pendant un an auprès de groupes d'artisans. Le but était d'identifier les grands enjeux auxquels ils seront confrontés dans les années à venir, mais aussi comment s'y adapter. Nous les avons vus une fois par mois pour travailler sur leurs métiers : leurs forces et leurs faiblesses. Le but est de déterminer comment rester indépendant et comment rester rentable, avec l'évolution des techniques et des produits). L'objectif est de mettre à disposition des outils d'analyse stratégique pour les entreprises de 3 à 30 salariés. Celles-ci pourront ainsi analyser leur positionnement en fonction des choses qu'elles veulent mettre en œuvre : veille, étude, embauche, démarche compétence des salariés, outils simples, réseaux... Cela passera par un outil informatique en ligne, probablement sur l'espace adhérent du site de la FFB.
Propos recueillis par Laurent Perrin
  Photos de l'exposition "Grandeur nature" organisée par le Conseil de l'Artisanat de la FFB lors des 24 Heures du Bâtiment :