Ariella Masboungi reçoit le Grand Prix de l'urbanisme 2016
Ce prix, c'est elle qui l'a réinventé aux côtés de Jean Frébault. A l'heure de passer la main, Ariella Masboungi reçoit là l'hommage de toute sa profession, un prix accordé « à l'unanimité » par le jury composé de professionnels et un choix plébiscité lors de la consultation menée auprès d’un large public d’experts de l’urbanisme.
Le jury « a souhaité saluer l’engagement sans faille d’Ariella Masboungi pour la discipline et ses acteurs dans toute leur diversité, pour sa capacité à les fédérer et à les aider à mettre en œuvre leurs projets », précise un communiqué du Ministère du Logement.
Un rôle de passeur et de veilleur
Inspectrice générale du développement durable, Ariella Masboungi est aussi distinguée pour son « rôle de passeur et de veilleur », explique le Ministère. « Grâce (...) à son regard critique, le projet urbain a transcendé la seule planification et les aspects formels pour englober toutes les disciplines et les pratiques qui produisent la ville ».
Née à Beyrouth, elle rejoint le ministère en charge de l’urbanisme à Metz puis à Paris. Elle est ensuite directrice adjointe de l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise où elle a initié des projets urbains.
A la direction générale en charge de l’urbanisme en administration centrale, elle créé les « ateliers projets urbains », avec une cinquantaine d’épisodes, dont l’objectif est de repérer et de faire connaître les innovations conceptuelles, méthodologiques et opérationnelles : certains à Paris sur des thèmes aussi divers que « penser la ville par le paysage », « penser la ville par l’art contemporain », « ville et voitures », toujours fondés sur des expériences réelles, d’autres in situ dans des villes françaises comme Lyon, Lille, Nantes et étrangères, Bilbao, Barcelone, Breda, Birmingham, Gênes, Anvers, New York, Lisbonne et bientôt Amsterdam. Par ailleurs, ces ateliers ont donné lieu à une production éditoriale importante (collection projet urbain).
« Au travers d’outils pertinents (ateliers, voyages, publications, grand prix), elle sait anticiper les sujets porteurs d’avenir telles l’énergie, la nécessité d’agir à la grande échelle, la mobilité. Elle sait aussi mettre en partage tous ces sujets, créant un réseau d’acteurs de l’urbanisme et de l’aménagement en France et à l’étranger. Dans cette mesure, elle a un rôle de médiateur entre les idées et entre les générations », insiste le Ministère dans son communiqué.
Anticiper les sujets porteurs d'avenir
Ariella Masboungi s'est également illustrée dans l'animation d'autres lieux de débats et de réflexion sur l’urbanisme, tels « les matinées du CDEDD » et les « 5 à 7 du club Ville Aménagement ». Elle conduit des études dont les sujets ont tous donné lieu à des livres qu’elle a dirigés : l’urbanisme des modes de vie, les grands territoires et l’énergie au cœur du projet urbain.
Elle a aussi présidé l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires à Marne-la-Vallée et été Professeure associée à l’Institut français d’urbanisme. Elle assure de nombreuses contributions à l'occasion des colloques internationaux et elle est membre d’un groupe de recherches à l’université de Princeton (USA).
« Elle insuffle un esprit d’ouverture aux questions urbaines, sociales et sociétales émergentes, donne la curiosité des expériences pionnières en Europe et dans le monde, et favorise le dialogue entre les disciplines et les métiers qui pensent, conçoivent et fabriquent la ville », conclut le ministère du Logement.
Un esprit d'ouverture
Créé en 1989, le Grand Prix de l’urbanisme distingue chaque année une personnalité agissant sur l’espace urbain, quelles que soient l’échelle et la nature de cette intervention.
Le Grand Prix valorise l’action des professionnels auxquels revient la charge, complexe, de contribuer à fabriquer au quotidien la ville, et notamment la ville durable.
Il donne ainsi l’occasion chaque année de débattre de l’urbanisme et de la ville. Il permet de faire émerger les préoccupations contemporaines, les attentes et des pistes de travail pour l’avenir de la ville.
En 2015, le jury a souhaité mettre en lumière le travail de Gérard Penot, (Atelier Ruelle), pour sa capacité à démontrer que la sobriété des interventions peut être synonyme de qualité et de durabilité.
C.T
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