Disponible localement sur l’ensemble du territoire, la terre d’excavation s'inscrit dans un schéma d’économie circulaire. Son utilisation comme matériau recyclé est aujourd’hui « parfaitement cohérente » selon le président de SGBDF, Patrice Richard, expliquant que les ressources de sable, de granulats et de graviers deviennent de moins en moins importantes. 

Dans le but de réveinter la construction en terre, Saint-Gobain, qui veut « jouer un rôle moteur », a décidé d'y associer un liant bas carbone breveté permettant ainsi de garantir une utilisation « robuste et efficace » des terres d’excavation. En effet, ce liant, composé lui aussi très majoritairement de matières recyclées, « confère une régularité de mise en œuvre » à des terres d’excavation aux caractéristiques multiples.

Afin de valoriser et développer l’usage de cette terre d’excavation, SGBDF a pour ambition de fédérer un écosystème complet. Cela débute avec le choix de partenaire pour la sélection des gisements de terre, et choisit ainsi de s’associer à son enseigne Point.P. L’objectif ? « Faire de ce projet, un projet de masse », explique Patrice Richard lors d’une conférence dédiée ce mercredi 6 juillet.

Massifier l’exploitation en accompagnant les acteurs du secteur 

L’enjeu est donc pour Point.P de massifier l’exploitation de cette ressource. Pour atteindre cet objectif, l'enseigne a déjà engagé un travail de fond pour sensibiliser les professionnels de la construction aux atouts de la terre d’excavation. Excellentes performances thermiques, amélioration de l’acoustique, matériau géo-sourcé, elle coche toutes les cases d’un potentiel matériau durable en accord avec les exigences de la RE2020. 

Les analyses environnementales et géomécaniques des gisements permettent, au travers de ce partenariat, de retenir les sites fournisseurs. Des essais physiques simples et pratiques sont également définis pour l’artisan sur son chantier, dans le but de valider la bonne mise en œuvre des solutions. Point.P assure ainsi la bonne fabrication du mélange terre-liant. 

Cette démarche est complétée également par l'accompagnement des artisans sur ces nouveaux matériaux d’avenir, au niveau de la mise en œuvre. L’enseigne propose notamment une formation certifiée Qualiopi, « indispensable » selon Nicolas Godet, directeur général de l’enseigne, afin de « garantir une projection de qualité ».

Deux solutions développées par Saint-Gobain 

En s’appuyant sur les corps de métiers, Saint-Gobain a donc développé deux solutions innovantes à base de terre excavée. La première est un matériau de remplissage par l’intérieur des maisons à ossature bois. Il consiste à projeter un mélange de terre, de fibres végétales biosourcées et d’un liant hydraulique bas carbone, et permet au prochain corps de métier d’intervenir après une quinzaine de jours, « ce qui correspond aux délais et procédés habituels », souligne Patrice Richard.  

Cette solution est en cours de certification au CSTB avec un objectif d’obtention d’ATEx en mars 2023. Au second trimestre 2023, elle devrait être commercialisée dans les agences Point.P. Des chantiers test ont également été réalisés, dont un à Brétignolles-sur-Mer en Vendée (85), pour valider sa performance sur chantier. 

La deuxième solution se compose quant à elle d’une terre stabilisée, coulée dans les ossatures bois en guise de coffrage perdu, participant toutefois à la résistance de l’ouvrage, car le mur garde une épaisseur standard. Facile à mettre en œuvre, cette conception assure selon Saint-Gobain « un habitat RE2020 classé A en énergie ». Là aussi, un premier chantier test de construction de maison individuelle est en cours, suivi de trois autres.

Marie Gérald 

Photo de Une : © Matthieu Parent