Rénovation énergétique : les ménages « manquent d'envie » et de « confiance »
« Il y a chez les ménages une absence « d’envie de rénovation énergétique ». Certains rêvent de piscines, de vérandas, d’une nouvelle cuisine mais rares sont ceux qui désirent une rénovation énergétique », constate « La Fabrique écologique » dans son dernier rapport intitulé « Le défi de la rénovation énergétique des logements : comment amplifier le passage à l'acte ».
Car là est tout le problème pour le think thank, qui s'appuie pour son étude sur l'expert britannique Steven Fawkes : « pour que l'efficacité énergétique dans le logement change d'échelle, il va falloir qu'elle relève le défi de devenir cool ». Pas facile quand le même auteur la qualifie deux lignes plus tard d'ennuyeuse.
Selon le rapport, les dispositifs actuels n'ont pas « d'impact massif à ce jour », « l'objectif politique de 500 000 rénovations énergétiques par an à partir de 2015 semble hors de portée » comme en témoignent les seuls chiffres disponibles à l'étude. En 2011, seulement 135 000 logements privés et 60 000 logements sociaux ont été rénovés.
Les maisons individuelles sont « le gros du sujet » car « ils représentent 70% de la consommation totale en chauffage des logements privés. » Quand au logement très énergivores, classés F et G sur les diagnostics de performance énergétiques, ils représentent à eux seuls 23 % du parc consommant plus de 35% de la consommation énergétique.
Mais comme le souligne Steven Fawkes : « L’efficacité énergétique est vue comme une de ces choses qu’il faut faire mais qu’on ne fait jamais, comme manger plus sain ou faire plus de sport. De plus, si l’énergie est pour beaucoup un concept abstrait, l’efficacité énergétique l’est encore plus».
Afin de déclencher cette envie chez les ménages, sans pour autant en faire « une mode à destination de « bobo » », les auteurs du rapport lancent plusieurs pistes avec un objectif principal : « faire émerger une valeur collective perçue positive des bâtiments rénovés et de l’acte de rénover », quelle que soit la classe socioprofessionnelle.
S'appuyer sur une logique de marque
Leur première idée est de s'appuyer sur une logique de marque « pour vendre la rénovation différemment ».
Comme le rappelle l’AFNOR, « dans une économie concurrentielle, la plupart des produits ou services mis en vente portent des marquages destinés à les faire distinguer et préférer par le public (…) ces marquages n’ont de sens que s’ils inspirent confiance et apportent une information pertinente ».
Le rapport cite plusieurs initiatives françaises qui vont dans ce sens, notamment avec la labellisation des produits et de la formation des artisans. « Le regroupement de plusieurs labels de qualification des professionnels sous le « Label RGE : reconnu garant de l’environnement » est très positif. Cela va dans le bon sens, il faut le pousser plus loin ».
Les auteurs proposent notamment des déclinaisons locales de ce marquage via un cahier des charges optionnel, spécifique à chaque territoire. Il souhaite également son apposition sur la façade du logement rénové afin que le propriétaire « l'affiche comme une fierté » et en fasse profiter les voisins, qui pourront à leur tour demander le même type de rénovation.
Le but est, à terme, de proposer une vision marketing plus « positive de la rénovation énergétique », axée sur l'idée de « confort, bien-être (thermique, acoustique, humidité), valorisation sociale, esthétisme, symbolique technologique et plaisir ». L'impact sur la valeur de revente du bien immobilier suite à sa rénovation est aussi un élément à prendre en compte pour convaincre définitivement les Français de se lancer dans les travaux, selon le rapport.
Un carnet de santé pour le logement
Pour chaque logement, il préconise également la mise en place d'un carnet de santé pour donner aux propriétaires une vision globale de son état énergétique. « Ce carnet rassemblerait toutes les informations relatives à la « santé » du bâtiment : performance énergétique, fréquence nécessaire de travaux d’entretiens et maintenance, conformité aux règlementations sur la sécurité électrique, le risque incendie ou la présence d’amiante... Des conseils de bonne utilisation du bâtiment et des gestes simples efficaces en énergie pourront y être présentés. »
Le carnet de santé, qui coûterait entre 50 et 150 euros, pointerait également les coûts et les bénéfices des travaux. Ainsi, audit en main, les propriétaires pourraient décider en toute connaissance de cause de passer à l'acte et lancer les travaux.
Le rapport propose enfin de sanctionner les mauvais élèves : « Ce carnet de santé devra avoir son « volet énergie » réalisé par tous les propriétaires en 10 ans sous peine de malus sur la taxe foncière ».
Claire Thibault
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