Rénovation de bureaux : « Make It Green » mise sur le réemploi
Benoît Antoine, ingénieur spécialisé dans le bâtiment et l'environnement, a commencé sa carrière en travaillant chez Vinci Énergies sur des projets d'installation de ventilation et climatisation pour de grands ensembles immobiliers comme des tours à La Défense.
En 2020, il décide de créer sa propre entreprise de rénovation et d'aménagement des bureaux. C'est le début de « MAKE Office », qui s'adresse aux propriétaires et locataires de bureaux pour leur proposer de rénover et réaménager leurs espaces de bureaux en fonction de leur budget. Pour cela, le contractant général s'appuie sur un réseau d'une trentaine d'artisans et d'architectes partenaires, puis assure l'ingénierie et le suivi de chantier.
Répondre au défi du décret tertiaire
Benoît Antoine souligne que la rénovation énergétique est une préoccupation croissante des propriétaires de bureaux, qui doivent s'assurer de la baisse des consommations énergétiques dans le cadre du décret tertiaire.
« Les propriétaires de bureaux, soumis au décret tertiaire et aux certifications environnementales telles que BREEAM ou HQE, lancent de plus en plus régulièrement des travaux d’aménagement et de rénovation pour répondre aux exigences d’une architecture plus écologique et durable », constate le fondateur de MAKE Office.
Ainsi, l'entreprise propose à ces propriétaires de réaliser un audit de l'immeuble, de remplacer les anciens luminaires par des LED, voire de changer les équipements de chauffage et de refroidissement les plus énergivores.
« Concernant la CVC, donc tout ce qui est climatisation, chauffage, ventilation, cela va dépendre de l'état du bâtiment, si les installations ont moins de 10 ans, et si on a une GTB. Soit on va tout remplacer, soit on va optimiser le fonctionnement du bâtiment via la GTB, en optimisant les consignes de chauffage et de climatisation avec des programmes horaires, pour réduire les consommations », explique Benoît Antoine.
En deux ans, MAKE Office a travaillé sur 40 projets, soit plus de 20 000 m2 de bureaux, et pour des projets notables, tels que la rénovation de bureaux au sein de l'Élysée, pour le nouveau siège de LVMH, ou pour RTE. L'entreprise a connu une ascension express, avec 300 % de croissance entre 2020 et 2021.
Miser sur l'économie circulaire
Aujourd'hui, l'entreprise lance « MAKE It Green », une solution davantage spécialisée dans la rénovation énergétique, les matériaux biosourcés et l'économie circulaire, afin de réduire l'impact environnemental des bureaux. Pour une meilleure éco-conception, elle utilise notamment le sourcing.
« Par exemple, soit on va acheter de la moquette neuve mais qui a un faible impact environnemental parce qu'on a de la fibre recyclée et un fournisseur qui s'investit pour avoir une moquette neutre en carbone. Soit on va aller sourcer de la moquette réemployée, donc qui aura déjà été utilisée puis nettoyée. Sur un même produit comme la moquette, cela va dépendre du contexte de l'opération, du budget du client, du timing, et du choix architectural, pour choisir la meilleure solution », explique Benoît Antoine.
L'entreprise s'appuie également sur un atelier capable de faire du sur-mesure, par exemple pour créer une table de réunion avec du bois qui était voué à aller à la benne.
Crédit photo : Alexis Paoli
À la fin des chantiers, l'entreprise trie les déchets, et les surplus de matériaux sont mis en vente sur des plateformes de réemploi. « En fin d'opération, quand on voit qu'on a un surplus de matériaux, on le met sur des marketplaces qui sont spécialisées sur le réemploi de matériaux de chantiers, comme Backacia ou Cycle Up », précise le fondateur de MAKE Office.
Pour lui, cette logique de réemploi, incarnée par la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) et la future Responsabilité Élargie du Producteur (REP) Bâtiment, fait sens, notamment dans un contexte de pénuries et hausses de prix des matériaux.
« Pour moi, la REP permet d'apporter une nouvelle réflexion. Aujourd'hui, avec le Covid, on a quand même des grosses ruptures sur les matières premières, notamment au niveau du bois, et les produits qui viennent d'Asie pour lesquels les prix ont flambé et les délais sont bien rallongés. Dans ce contexte, tout cet écosystème de réemploi fait sens sur beaucoup d'opérations », estime-t-il.
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Benoît Antoine par Alexis Paoli