Après une année 2024 compliquée, Coédis pas plus optimiste pour 2025
À en croire Coédis, la fédération des distributeurs d’équipements et solutions électriques, génie climatique & sanitaires, l’avenir s’annonce bien sombre pour les 400 entreprises de la profession et de leurs 44 000 salariés.
Dans sa note de conjoncture de début 2025, la fédération alerte sur le net ralentissement de l’activité et des perspectives incertaines pour 2025. En cause notamment : la contraction des ventes, les retards d’aides publiques et la perte de confiance du marché.
Une année 2024 à oublier
Pour mieux comprendre ce qui attend les professionnels du secteur en 2025, il faut d’abord procéder à une petite rétrospective de 2024. L’année passée, le marché de la distribution du second œuvre du bâtiment était placé sous le signe de la décroissance, marquant un net coup d’arrêt dans la dynamique qui l’avait portée. Selon les données publiées par Coédis, son CA global a chuté de 8 %, pour s’établir à moins de 14 milliards d’euros.
Pas un seul segment de l’activité n’a été épargné. Le marché du neuf a particulièrement souffert, avec moins de 250 000 logements mis en chantier. La baisse des transactions immobilières a de son côté impacté la rénovation. L’échec des différents moteurs destinés à accélérer la rénovation énergétique, notamment en raison des difficultés rencontrées dans le cadre de MaPrimeRénov’, a lourdement pesé. Une situation aujourd’hui aggravée par les retards de décaissements des aides publiques à la rénovation énergétique, amplifiés par l’absence de budget pour 2025.
Les segments phares durement impactés
La tendance à la baisse se reflète sur tous les segments clés du marché. Concernant les matériels et équipements électriques, la contraction annuelle de la performance Coédis au plan national de -6,5 %, pour atteindre un chiffre d’affaires vente d’un peu plus de sept milliards d’euros, s’est amplifiée au cours du dernier trimestre 2024, tout en faisant apparaître des résultats très contrastés au plan régional.
Pour ce qui est du segment génie climatique, sanitaire et plomberie, la tendance est assez similaire. Une chute globale de 8 % a été enregistrée par l’ensemble des distributeurs Coédis, avec un CA vente également autour de sept milliards d’euros. Parmi les sous-segments, le génie climatique (chauffage, ventilation, climatisation) accuse une baisse de 10 %, aggravée par un effondrement de 30 % des ventes de PAC air/eau. Le sanitaire limite les dégâts avec un repli plus modéré de 5 %, mais la plomberie reste lourdement impactée avec une chute de 10 %.
La résilience du photovoltaïque, et des inquiétudes pour 2025
Le secteur du photovoltaïque a lui connu une année 2024 en demi-teinte. Il s’est démarqué en affichant une croissance de 12 %, qu’il faut cependant pondérer. En effet, ce segment témoigne certes d’une dynamique portée par le fort développement des énergies renouvelables et de l’autonomie énergétique, mais également d’une forte variation des prix et d’une montée en puissance de produits d’origine extra-européenne. Il convient donc de rester prudent sur ce marché très fluctuant, du fait d’une industrie complètement délocalisée.
Pour 2025, les perspectives ne sont guère rassurantes. Les premières conséquences de l’absence de budget pour financer les dispositifs de rénovation énergétique se font déjà sentir, entravant la trésorerie et limitant leur capacité à anticiper.
Coédis se mobilise pour éviter une crise durable
Coédis rappelle que la profession est un acteur de proximité essentiel de l’emploi dans les territoires, avec plus de 44 000 salariés non-délocalisables, et appelle les pouvoirs publics à préserver cet acquis indispensable.
Face à tous ces enjeux, Coédis réaffirme son engagement à accompagner ses adhérents. La fédération prévoit de multiplier les initiatives auprès des pouvoirs publics pour simplifier et stabiliser les dispositifs d’aide à la rénovation énergétique. Elle entend également travailler en étroite collaboration avec les syndicats de fabricants, distributeurs et installateurs pour défendre au mieux les intérêts du secteur.
« Après le coup d’arrêt de 2024, c’est le clair-obscur de 2025 qui présente le plus grand risque pour nos entreprises. Celui en particulier de voir notre Filière Fabricant-Distributeur-Installateur se focaliser en priorité, pour faire face à cette période inédite et éviter les chutes brutales, sur les réductions de coûts plutôt que sur le développement respectif de nos programmes de valeur ajoutée Client, gage de la pérennité de nos activités », a déclaré José Prétot, président de Coédis.
« Si on ajoute à cela les complexités réglementaires qui pèsent sur nos entreprises et le yoyo des incitations gouvernementales qui empêchent nos adhérents de se concentrer sur les vrais enjeux de la digitalisation, de la transition et performance énergétique, ainsi que sur la diminution de l’impact Carbone de notre scope 3, tout se complique. Défendons nos intérêts afin de ne pas laisser un si beau secteur, au cœur de notre futur, se dégrader », conclut-il.
Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock