Opération survie des sols chez O2D Environnement
En 2004, naissait l’entreprise O2D Environnement. Dans le nom de l’entreprise, O2D renvoie à Objectif Développement Durable. Ce qui en dit long sur son activité, tournée vers les revêtements de sols perméables, afin d’améliorer la gestion des eaux pluviales. Des solutions répondant à certains enjeux environnementaux actuels.
Limiter la surexploitation du sable
Premier enjeu environnemental évoqué par O2D Environnement : la disparition du sable marin. La matière compose les deux tiers du béton, matériau lui-même utilisé dans les deux tiers des réalisations du BTP. Le problème, c’est que selon les chiffres cités par l’entreprise, 75 à 90 % des plages seraient menacées ces prochaines décennies.
« En fait, le problème avec les pénuries de sable, c’est que le sable est une ressource naturelle qui n’est pas renouvelable à l’échelle humaine. Il est donc important de la préserver », souligne Julie Bertout, responsable technique chez O2D Environnement.
La réponse du fabricant ? La dalle TTE, éco-matériau produit à partir de déchets plastiques ménagers recyclés. Une manière d’émanciper la construction du béton, bien que l’industrie tende à se décarboner.
Or, en plus d’être recyclable, donc peu vorace en matières premières, la dalle TTE est perméable, contrairement aux sols bétonnés et goudronnés.
« Notre dalle peut recevoir plusieurs remplissages. La composition de la réalisation sera donc très variable en fonction du projet et de la sensibilité du maître d’ouvrage. C’est à lui que revient la décision d’utiliser des remplissages organiques (végétation, plaquettes de bois, ...) ou minéraux (pavés, gravier...) », nous explique Julie Bertout.
Un décret ZAN trop « binaire »
Une modularité pour s’adapter à la maîtrise d’ouvrage, mais surtout à la nature des sols recouverts par les solutions d’O2D Environnement. Ce qui rappelle les objectifs de la loi Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN), dont la révision de deux décrets a été récemment été évoquée par le ministre de la Transition écologique.
Il faut dire que le modèle ZAN à la française est encore sous le feu des critiques. Il est notamment accusé de ne disposer d’aucun moyen concret. La responsable technique d’O2D Environnement, elle, le considère trop « binaire », car il établit une scission rigide entre le naturel et l’artificiel. « Le souci du ZAN, c’est que pour l’instant, il n’y a pas forcément de gradation dans les niveaux de service que peuvent rendre les sols aménagés », précise-t-elle.
Gradation prise en compte par exemple par le coefficient de biotope par surface. Ce terme renvoie à « la part de surface éco-aménagée (végétalisée ou favorable à l’écosystème) sur la surface totale d’une parcelle considérée par un projet de construction (neuve ou rénovation) », définit O2D Environnement sur son site.
« Je vais prendre un exemple tout simple : un sol qui est végétalisé ne rend pas les mêmes services environnementaux qu’un sol minéral, même perméable. L’infiltration de l’eau est un critère environnemental qui est très important, mais il y a également d’autres bénéfices importants », illustre Julie Bertout.
Une nature qui reprend ses droits sur les parkings ?
O2D Environnement s’engage auprès d’organismes référents du secteur de l’eau et de l’environnement comme l’ADOPTA, le GRAIE, l’ASTEE, ou encore France Water Team. Les chargés d’affaires d’O2D Environnement accompagnent chaque chantier, de la conception à la phase finale, mais font également un suivi sur le long terme, après la fin du projet.
À travers deux récentes études, O2D Environnement a tenu à démontrer respectivement l’impact des parkings perméables sur les îlots de chaleur urbains et celui des parkings végétalisés sur la biodiversité des sols.
D’ailleurs, du point de vue de la végétalisation, les solutions d’O2D Environnement sont-elles viables ? « Les parkings végétalisés n’ont pas forcément très bonne presse, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la mise en œuvre est importante : les fondations fertiles sont indispensables pour un enracinement profond et une végétation pérenne. Ensuite, c’est parce qu’ils nécessitent un entretien : souffler les feuilles, pour éviter d’étouffer la végétation, et tondre », nous répond Julie Bertout.
La responsable technique d’O2D abonde : « Au niveau de la tonte, nous avons sélectionné des plantes qui poussent peu mais qui assurent quand même un couvert végétal, et qui ne souffrent pas trop en période de sécheresse. La fréquence de tonte dépend de la fréquentation du parking : si beaucoup de voitures viennent se garer, l’herbe va pousser beaucoup moins vite. O2D Environnement conseille au minimum deux tontes par an, avant l’été et l’hiver. Les mentalités évoluent et l’entretien est de plus en plus pris en compte par les collectivités qui prévoient un budget pour ces zones végétalisées ».
Il n’empêche que les parkings végétalisés ne s’adressent pas à tous les projets, signale Julie Bertout : « On va par exemple déconseiller les solutions végétalisées pour un parking d’aéroport, à cause des voitures ventouses. Ce serait comme si vous mettiez un seau retourné sur votre pelouse, l’herbe dessous souffre du manque de lumière et d’eau ».
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : O2D Environnement