Logement : les politiques de rénovation énergétique pas assez efficaces ?
Un rapport de France Stratégie, institution placée auprès de la Première ministre, estime que les politiques de rénovation énergétique des logements ne seraient pas « optimales », pointant notamment « les délais de réalisation des travaux », « un déficit d'accès à l'information et d'accompagnement », ou encore la nécessité de « montée en compétences des artisans ».
Une situation à prendre davantage en compte quand on sait que 17 % des émissions territoriales de gaz à effet de serre sont issues des logements. Ainsi, l'organisme note que la baisse des émissions de CO2 dans le secteur du bâtiment « demeure insuffisante », au regard des objectifs fixés. Ce bilan fait écho à un rapport publié par le Haut conseil pour le climat (HCC) en 2020, qui soulignait déjà « l’insuffisance des dispositifs de subvention », comme MaPrimeRénov' ou la TVA à 5,5 %, « face au montant des travaux et à la faible capacité de financement des ménages ».
Les rénovation par gestes, un potentiel mais pas l'unique solution
Si les dernières mesures mises en place, comme la RE2020 - désormais obligatoire pour les constructions neuves - ou l'interdiction de l'installation de nouvelles chaudières fonctionnant au fioul, permettront de renforcer l'effort de décarbonation dans le secteur, « il n'y a toutefois pas de garantie qu'elles soient pleinement suffisantes et adaptées », juge le rapport.
« Les actions de rénovation entreprises dans les logements se résument aujourd'hui principalement à des gestes isolés ou combinés par couches successives », ajoute-t-il.
L’électrification du parc, avec notamment des systèmes performants type pompes à chaleur air-eau ou géothermiques, représente « un potentiel d'abattement important », mais ne peut être « en aucun cas considérée comme l'unique solution », en particulier dans le contexte énergétique actuel.
Or, le coût des travaux et le « faible calibrage des aides » expliquent en partie que les ménages « fassent ce choix de mono-gestes » alors que « les opérations de rénovation complète en une seule étape sont souvent mises en avant comme condition nécessaire à l'atteinte d'un niveau équivalent BBC ».
Le rapport souligne également que la rénovation des logements occupés par des ménages en situation de précarité énergétique doit être « la première des priorités ». Cela représente un peu plus de 5 % des logements, et un potentiel d'abattement d'environ 5 % des émissions actuelles du secteur résidentiel.
Pour France Stratégie, l'atteinte des objectifs nécessitera de « pousser loin » à la fois les gains d'efficacité et la décarbonation du mix énergétique, qui elle-même devra s'appuyer sur des sources diverses (électricité, réseaux de chaleur, bois , biogaz) du fait de la limite de potentiel de chacune de ces sources.
Les principales sources d'incertitudes portent d’une part sur les prix futurs des énergies et la capacité des producteurs d’énergie faiblement carbonée (dont l'électricité) à répondre à la demande et, d’autre part sur les coûts et la performance effective des travaux de rénovation.
Marie Gérald
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