Les maisons à colombages menacées par la loi sur la transition énergétique ?
Les maisons à colombages typiques d'Alsace sont-elle vouées à disparaître dans le paysage français ? C'est ce que craint l'Association pour la sauvegarde de la maison alsacienne (Asma) qui réclame une modification du projet de loi sur la transition énergétique, débattu depuis le 1er octobre à l'Assemblée.
En cause, l'obligation d'isoler les façades pour réduire les déperditions d'énergie au détriment de la conservation de l'aspect visuel du colombage typique d'Alsace, assemblage de pierre et de poutrage en bois.
« Ce que les décrets peuvent apporter en matière de protection nous laisse extrêmement sceptiques. Nous proposons d'exclure du projet de loi les façades des bâtiments construits avant 1948 », a indiqué à l'AFP Bruno de Butler, président de l'Asma, qui représente quelque 300 défenseurs de maisons à colombages.
« Le projet de loi ne fait aucune distinction entre les différentes maisons. En matière d'obligation d'isolation, les décrets pourraient fixer des règles en fonction des caractéristiques des maisons », a-t-il suggéré.
Pas contre les économies d'énergie
Selon l'Asma, l'utilisation de matériaux d'isolation synthétiques, comme le polystyrène ou la laine de verre, empêchent « la respiration » de la structure de la maison en bois et de pierre qui risquent de pourrir.
« Nous ne sommes pas contre l'économie d'énergie. Mais il y a des cas où il y aura des limites : certaines maisons présentent à l'intérieur des boiseries Renaissance. Ce serait dommage de détruire ce patrimoine », a estimé M. de Butler.
« Pour faire des économies, il y a d'autres solutions. A commencer par ne pas exiger d'avoir 22 degrés de température chez soi », a-t-il expliqué.
La maison à colombage type, construite avant 1950, afficherait, selon l'Asma, des performances correctes en matière énergétique, équivalant à une note de niveau C selon les normes actuelles.
L'Alsace compte plusieurs milliers de maisons à colombages, présentes dans quasiment chaque ville ou village. Selon l'Asma, ce patrimoine est de plus en plus menacé, remplacé petit à petit par des maisons neuves anonymes.
C.T (avec AFP)