Le FILMM dévoile ses pistes pour accélérer la décarbonation des bâtiments
Cette année 2024, c’est l’acceptabilité sociale de la rénovation énergétique des logements qui était au cœur de la table ronde du syndicat national des Fabricants d’Isolants en Laine Minérale Manufacturées (FILMM).
Composé d’un parterre d’experts reconnus, cette table ronde était l’occasion pour tous ces acteurs de débattre sur la meilleure marche à suivre pour remplir les objectifs ambitieux de décarbonation et d’efficience énergétique des bâtiments, fixés au niveau européen et national pour lutter contre le réchauffement climatique.
Dominique Estrosi-Sassone, présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Alexandre Dozières, directeur adjoint du climat, de l’efficacité énergétique et de l’air (DGEC), Danyel Dubreuil, coordinateur de l’Initiative Rénovons et Elisabeth Bardet, présidente du FILMM, ont dévoilé au sortir de cet échange un ensemble de mesures qui conditionnent la réussite des objectifs précédemment cités.
Une feuille de route toute tracée
Pour ces derniers, il est notamment important de maintenir un cap budgétaire stable et ambitieux, permettant ainsi d’aller, à terme, vers des rénovations globales et performantes de tout le parc de logements.
La décision d’entreprendre de tels travaux peut s’avérer très longue, tout autant que leur réalisation. Les particuliers et ceux qui les conseillent doivent être rassurés sur la pérennité des aides jusqu’à la fin de leurs projets. C’est pourquoi la filière a besoin de visibilité pour planifier les investissements nécessaires pour répondre aux besoins, déployer la formation et engager les recrutements.
L’enjeu repose aussi sur la réduction du reste à charge pour les ménages les plus modestes. Pour cela, tous les instruments financiers doivent être mobilisés : MaPrimeRénov’, les CEE ainsi que l’Eco-PTZ et le prêt avance mutation. Par ailleurs, les conseillers France Rénov’ ainsi que les accompagnateurs doivent être en mesure de proposer aux ménages un montage financier permettant de boucler le financement des travaux sans renoncer à l’ambition du projet.
Le FILMM appelle également à ce que les travaux soient fait dans le « bon ordre ». Le syndicat rappelle en effet qu’une rénovation énergétique efficace passe d’abord par l’isolation de l’enveloppe du bâtiment. Il n’y a pas lieu d’opposer monogeste et rénovation globale, néanmoins, il faut commencer par isoler l’enveloppe du logement pour ensuite installer les équipements les mieux adaptés.
Un « ordre » qu’il est primordial de respecter, faute de quoi, s’il n’est pas installé dans un bâtiment déjà isolé, un équipement consommant une énergie décarbonée laissera le consommateur à la merci de l’augmentation du coût de l’énergie sur ses factures, et pourra mettre en difficulté le réseau électrique (pointe électrique).
L’État doit également se montrer exemplaire dans ce combat. Les citoyens ne doivent pas se sentir seuls dans l’effort de rénovation. Les bâtiments à la charge du pays doivent également faire l’objet d’importants travaux de rénovation. Ainsi, les citoyens lambdas profiteront de bâtiments plus confortables et constateront que cela fait baisser les charges des collectivités.
Enfin, selon le FILMM, il est primordial de lutter contre la fraude. Un contrôle approfondi et des sanctions exemplaires renforceront la confiance des consommateurs dans le dispositif et notamment envers ceux qui font bien leur travail. La stabilité des aides limitera les effets d’aubaine dans lesquels s’engouffrent les éco-délinquants. Cela permettra également une meilleure lisibilité des aides qui n’auront pas à être adaptées pour contrer les mauvaises pratiques.
Réviser le dispositif MaPrimeRénov’ et éviter un rétropédalage
Pour se donner toutes les chances de remplir les objectifs de décarbonation et d’efficience énergétique des bâtiments, le FILMM exhorte le gouvernement à réintroduire dans MaPrimeRénov’ l’isolation des combles perdus et des planchers bas, qui ne figurent pour l’instant que dans les rénovations d’ampleur.
Regrettable quand on sait que ces gestes d’isolation peuvent être les premiers déclencheurs d’autres travaux de rénovation et sont très efficaces. L’isolation des combles perdus (avec celui des combles aménagés) permet des gains énergétiques importants puisque la toiture est responsable de près de 30 % des déperditions thermiques. Par ailleurs, l’isolation des combles perdus figure parmi les gestes les plus rapides à mettre en œuvre et les moins coûteux.
Enfin, le syndicat considère qu’un mauvais signal serait donné si l’État repoussait la date d’obligation de rénovation des passoires en location (prévue au 1er janvier 2025 pour les logements classés G). Des millions de ménages ne peuvent pas être laissés en situation de précarité énergétique et d’insalubrité, et en difficulté financière de ce fait. Cette obligation connue de longue date a déjà montré des effets positifs sur le marché des travaux et l’amélioration de l’étiquette DPE d’un nombre significatif de logements.
Jérémy Leduc
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