Les Français veulent rénover leur logement, mais se heurtent à divers obstacles
L’entreprise Teksial vient de présenter la 10ème édition de son baromètre « Les Français et la rénovation énergétique ». Réalisée par Opinionway auprès d’un échantillon de 2 031 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, cette étude permet de se faire une idée quant à la perception et les intentions des Français face à la question de la rénovation énergétique des logements.
Aujourd’hui, la France fait face à des défis croissants en matière de consommation énergétique et de pouvoir d’achat. Face à des factures d’énergie en hausse, et l’arrivée progressive d’interdictions à la location des passoires thermiques, une partie de la solution se trouve du côté de la rénovation énergétique.
Des Français motivés, mais une réalité tout autre
Les pouvoirs publics en ont bien conscience, voilà pourquoi ils se sont fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 700 000 logements rénovés par an, dont 200 000 à grande échelle. Seulement, le gouvernement semble avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Pour l’heure, seules 153 473 rénovations par geste ont été réalisées, sur les 500 000 prévues en début d’année. Pour les rénovations d’ampleur, l’objectif fixé pour 2024 était d’en réaliser 140 000. Aujourd’hui, il n’y en a eu que 20 463.
Et pourtant, l’envie d’entreprendre de tels travaux ne manque pas du côté des Français. Malheureusement, ces derniers se heurtent à divers obstacles, et notamment à un flou persistant concernant les dispositifs de soutien. Ménages comme professionnels du BTP, tous réclament des repères clairs afin de pouvoir massifier et accélérer les rénovations énergétiques.
Preuve que la nécessité d’entreprendre de tels travaux est de plus en plus ancrée dans les esprits, les Français sont 60 % à considérer que des rénovations sont nécessaires dans leur logement, soit 2 points de plus que l’année passée.
La baisse de la facture d’énergie comme principale motivation
Derrière ce besoin, les motivations sont multiples. Pour 43 % des sondés, le principal objectif est la réduction de la facture énergétique. En France, le montant moyen mensuel de la facture est de 171 €, soit 2 052 € par an. Bien qu’il s’agisse d’une économie de 21 € par mois par rapport à l’année précédente, ce montant reste encore trop élevé pour les Français.
25 % des interrogés souhaitent rénover leur logement pour améliorer le confort thermique de ce dernier. Un argument recevable quand on sait qu’un sondé sur deux (49 %, +4 points) admet qu’il lui arrive d’avoir froid chez lui malgré le chauffage. Cette proportion est la plus élevée depuis la création de ce baromètre. Une donnée qui vient souligner la réalité de la précarité énergétique.
La réduction de l’impact environnemental du logement arrive loin derrière, avec seulement 8 % des sondés qui ont avancé cet argument pour la réalisation de tels travaux.
Les effets positifs se font sentir
Quand les Français se décident à passer le pas, la rénovation énergétique entraîne des effets immédiats pour de nombreux ménages. En effet, près de 6 sondés sur 10 déclarent avoir réalisé des économies (59 %), dont pour 23 % d’entre eux des économies supérieures à 30 %.
Cette réalité vient souligner l’impact positif des travaux de rénovation sur le budget des ménages, et est d’autant plus significative puisque 60 % des Français ont déjà réalisé au moins un type de travaux.
Parmi les interventions les plus fréquentes, on retrouve le changement du système de chauffage (28 %, +8 points), l’isolation des murs (20 %, +7 points) et l’installation de panneaux solaires (14 %, +7 points). De plus, 60 % des Français (soit +11 points) envisagent de nouveaux travaux de rénovation dans les deux prochaines années.
Des aides pas suffisamment incitatives et encore trop méconnues
Si l’importance de tels travaux paraît désormais bien assimilée par les Français, il faut tout de même pouvoir les financer. Les aides allouées à ces derniers jouent en ce sens un rôle capital. Malheureusement, 52 % des Français ne sont pas en mesure de citer une aide, qu’elle soit privée ou publique. De plus, 2 Français sur 10 avouent ne pas connaître suffisamment les aides publiques (22 %) et une proportion similaire pense ne pas y être éligible (17 %).
Pour ceux ayant connaissance de ces aides, seuls 14 % des ménages les jugent suffisamment incitatives pour entreprendre des travaux. Malgré tout, le budget moyen alloué à des travaux énergétiques (hors aides), progresse légèrement par rapport à 2023, atteignant 3 844 €, en hausse de 28 € par rapport à l’année passée.
Une confiance envers les professionnels en hausse
Qu’en est-il de la confiance accordée par les Français envers les professionnels ? Celle-ci ne cesse de croître depuis novembre 2020. Les sondés leur font confiance pour leurs explications (76 %, +6 points), la qualité des travaux (76 %, +4 points). Ils estiment également que ces professionnels sont capables de les informer sur les aides (69 %, +3 points) ou à respecter devis et délais (68 % et 57 %, +4 et +3 points respectivement).
Plus intéressant encore, près de 4 Français sur 10 se déclarent prêts à payer plus cher les services d’un artisan ou d’une entreprise certifiée en échange de garanties (38 %), dont 48 % seraient prêts à débourser entre 10 % et 19 % de plus.
Pérenniser et stabiliser les aides
En définitive, il semble bien acté que les Français sont conscients de la nécessité d’entreprendre des travaux de rénovation énergétique. Que ce soit pour la réduction de leur facture d’énergie ou pour leur propre confort, ils sont, pour la plupart, prêts à mettre la main à la poche pour concrétiser leur projet.
Afin de parvenir aux objectifs que s’est fixé le gouvernement, les aides financières sont cruciales. C’est pourquoi Teksial souhaite la pérennité, la stabilité et l’efficience des dispositifs d’aides. Ces éléments sont essentiels pour renforcer la confiance des ménages et des professionnels du BTP envers le dispositif. En assurant un cadre stable, les ménages pourront prendre des décisions éclairées sans craindre des changements brusques ou des abus.
À l’heure actuelle, il reste environ 4,8 millions de logements considérés comme passoires énergétiques, ce qui témoigne de l’ampleur du travail qu'il reste à accomplir.
Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock