La performance énergétique des logements intéresse peu les propriétaires
La prise de conscience de la valeur verte d'un logement, c'est-à-dire l’augmentation de sa valeur engendrée par une meilleure performance énergétique, a encore du chemin à faire dans la tête des propriétaires.
En effet, selon la dernière enquête Harris pour Orpi, 47 % ne se sentent pas concernés par les problèmes liés à une mauvaise performance énergétique.
« Paradoxalement, les locataires sont plus impliqués et plus sensibilisés à la problématique de la performance énergétique que leurs propriétaires », souligne Olivier Savinelli, directeur d'études chez Harris. 75 % des locataires en font même un critère déterminant dans le choix de leur logement.
Il faut dire que la moitié des locataires interrogés estiment que leur logement a une mauvaise performance énergétique, impactant clairement leurs finances (plus de dépenses énergétiques pour 87 % d'entre eux), leur confort de vie (81 %) et dans une moindre mesure leur santé (55 %).
Pas de DPE prévu pour 93 % des propriétaires
« La performance énergétique est clairement un sujet qui concerne les Français, quelque que soit leur région, détaille Olivier Savinelli. Plus précisément, la mauvaise isolation des murs et celles des fenêtres figurent aux premiers rangs des thèmes les plus importants pour les propriétaires qui se sentent concernés par le sujet. Sauf lorsqu'un diagnostic énergétique est réalisé. C'est alors les problèmes de toitures qui les préoccupent davantage », précise-t-il.
Pourtant, 62 % des propriétaires n'ont jamais réalisé de diagnostic de performance énergétique et 93 % n'envisagent même pas d'en réaliser un prochainement.
« La première réaction lorsqu'on parle de performance à des propriétaires, c'est de penser ITE (isolation thermique par l'extérieur, ndlr.) et changement des fenêtres. Nous devons donc reprendre notre bâton de pèlerin et faire comprendre que l'audit révèle bien d'autres leviers pour améliorer la performance, comme des travaux de toiture ou le doublage des planchers », détaille Patrick Fumagalli, associé d'Orpi. Sur le terrain, certains freins persistent sur l'avance des frais et les modalités des aides aux travaux, ainsi que leur pérennité.
La valeur verte du logement
Au delà de l'étude, « notre objectif est de faire évoluer les mentalités des vendeurs et des propriétaires bailleurs, explique Bernard Cadeau, président d'Orpi, car la valeur verte s'invite à la table du logement. La transaction immobilière est le moment le plus important pour sensibiliser au diagnostic énergétique, d'autant que de plus en plus de clients font attention à l'étiquette énergétique. Entre deux biens équivalents, cela peut faire la différence».
« On considère qu'un logement gagne 5 à 7 % de valeur en plus, entre chaque étiquette énergétique », glisse-t-on chez Orpi, même si cela reste difficile à estimer dans la plupart des cas.
Ce qui est certains, c'est que 63 % des locataires seraient prêts à verser un loyer plus important pour un logement dont la performance énergétique serait supérieure, dont 16 % pour un loyer supérieur à 8 %.
« Depuis le Grenelle de l'environnement, nous avons mobilisé les bureaux d'études, les architectes, les industriels, les professionnels du bâtiment. Nous entrons dans une phase où il est nécessaire de mobiliser également les professionnels de l'immobilier », a rappelé Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable.
« Orpi va expérimenter ce type de travaux à grande échelle, pour conduire un maximum de rénovation sur leur parc qui enregistre plus de 700 000 transactions. Le réseau a mis en place un bon calendrier, la transaction immobilière est en effet un moment clé pour engager la rénovation énergétique », approuve Philippe Pelletier. Cette expérience permettra également d'avancer sur le sujet du financement et de trouver une fiscalité intelligente pour y répondre.
Claire Thibault
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