Grenoble-Alpes Métropole soumet 6 propositions afin de décarboner le secteur du bâtiment
Après 10 années d’actions volontaristes menées sur son territoire pour décarboner le secteur de l’habitat, Grenoble-Alpes Métropole a accumulé l’expérience nécessaire pour soumettre au gouvernement plusieurs propositions pour décarboner le secteur du bâtiment, et en particulier l’accélération de la décarbonation des moyens de chauffage dans le bâtiment.
Dans cette lettre ouverte adressée au Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Ferrari commence son propos par un état des lieux détaillé de la décarbonation du secteur du bâtiment dans le pays.
Le président Grenoble-Alpes Métropole rappelle par exemple l’importance des politiques de sobriété, et avant tout de l’isolation thermique, qui doivent rester la priorité. M. Ferrari souligne également que l'énergie, aussi décarbonée soit-elle, aura un impact environnemental et un coût important pour le consommateur. D’où l’importance de ne pas se focaliser uniquement sur les modes de chauffage.
Par ailleurs, Grenoble-Alpes Métropole préconise de porter une attention toute particulière à la qualité de la prestation de réalisation des diagnostics de performance énergétique (DPE). Selon la métropole, les DPE diffèrent en fonction des bureaux d’études qui les réalisent, avec des propriétaires choisissant les prestataires réputés les plus laxistes sur l’évaluation du niveau de performance du logement, ce qui enlève toute crédibilité au DPE. Des formations obligatoires à la thermique pour les bureaux d’études, ainsi qu’un contrôle des DPE à l’échelle nationale, afin d’en assurer la fiabilité, peuvent être des pistes pertinentes, selon Grenoble-Alpes Métropole.
Christophe Ferrari n’a pas été avare en conseils, et a fait part de nombreux autres constats dans sa lettre à M. Béchu. La plupart des sujets liés à la décarbonation du secteur du bâtiment ont été abordés. Recrutement et manque de main d’œuvre, MonAccompagnateurRénov’, pluralité des ressources énergétiques pour se chauffer, ou encore PAC… sont autant de sujets évoqués par M. Ferrari.
6 propositions pour mieux décarboner le secteur du bâtiment
Après avoir terminé son tour d’horizon sur la situation de la décarbonation du secteur du bâtiment dans le pays, Christophe Ferrari est revenu sur ses six propositions à destination du gouvernement, que voici :
- Imposer de meilleures technologies pour bénéficier d’aides à l’installation d’une pompe à chaleur, afin d'inciter les différents acteurs à utiliser les meilleures solutions ;
- Pour limiter autant que faire se peut la surconsommation électrique, interdire la vente et l’installation de radiateurs électriques peu performants non dotés d’un programmateur ;
- Imposer une isolation du bâtiment avant l’installation d’une pompe à chaleur, à l'image des règles en vigueur dans le Fonds Chaleur qui ne finance des installations de chaleur renouvelable que si le bâtiment dispose d'un DPE présentant une classe énergétique de minimum C ;
- Miser sur la diversité des énergies en donnant aux Autorités Organisatrices de l’Énergie (AODE) les outils réglementaires pour réaliser une véritable programmation énergétique. Celle-ci définirait, en plus des zones de classement des réseaux de chaleur, des zones « biogaz » dans lesquelles le réseau de gaz serait préservé et le renouvellement des chaudières à gaz performantes encouragé. Ces zones biogaz devront être compatibles avec une décarbonation des besoins en gaz en 2050 et donc viser une diminution importante des consommations par rapport à la situation actuelle ;
- Permettre aux AODE de se doter d’une police environnementale permettant notamment de contrôler le respect du classement. Un dispositif que Grenoble-Alpes Métropole se tient prêt à expérimenter ;
- Développer les réseaux de chaleur renouvelable en milieu urbain. Leur présence apporte une alternative très performante à la pompe à chaleur en évitant l’amplification des îlots de chaleur et en assurant un prix maîtrisé de la chaleur, notamment grâce à la récupération de la chaleur fatale, à l’utilisation de la chaleur issue de l’incinération des déchets, et en s’appuyant sur des énergies renouvelables.
Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock