F. de Rugy va réunir les acteurs du bâtiment et de l’énergie pour parler rénovation
En effet, alors que la confédération défend « depuis plusieurs mois » l’efficacité écologique et économique des dispositifs fiscaux auprès des pouvoirs publics, la PPE ne semble pas aller dans le sens d’une massification des travaux de rénovation.
Et c’est notamment l’exclusion des menuiseries dans le champ du CITE qui fait débat. La Capeb attendait que les annonces présidentielles « renforcent l’accompagnement financier des ménages dans la réalisation de travaux (…).Hélas, ni le périmètre, ni l’enveloppe du CITE n’ont été modifiées ». « Comment dans ces conditions prétendre accélérer la transformation des bâtiments que le président de la République a appelée de ses vœux dans son discours ? ».
Manque de soutien pour la transition énergétique ?
Coénove a également critiqué des annonces « qui manquent d’ambition ». Dans un communiqué, l’association salue la réaffirmation par le Gouvernement du rôle essentiel du gaz dans le mix énergétique mais regrette que le projet « ne soit pas plus ambitieux » notamment sur l’objectif de 10% de gaz renouvelables en 2030.Que prévoit la PPE pour le gaz renouvelable ? Elle vise une diversification du mix-énergétique en développant les énergies renouvelables et de récupération et en enclenchant « une décroissance du parc nucléaire ». Pour le gaz, sept à neuf milliards d’euros supplémentaires pourraient être engagés entre 2018 et 2020 afin de favoriser le développement de la production de gaz renouvelables, une enveloppe qui sera conditionnée « aux efforts de baisse des coûts de production qu’effectueront les acteurs de cette filière ».
Le gaz naturel devrait ainsi diminuer de 19% par rapport à 2012 pour atteindre 349 TWh PCI en 2028. Tandis que la production de gaz renouvelable par rapport à 2017 devrait être multipliée par 5 et atteindre 32 TWh en 2028. Parmi les mesures de promotion du gaz renouvelable : consolider l’obligation d’achat de biogaz à un tarif réglementé et lancer des appels d’offres permettant d’atteindre les objectifs à un coût maîtrisé grâce à de fortes baisses des coûts.
La PPE prévoit en outre de réduire les consommations de fioul à travers notamment le renforcement du coup de pouce CEE pour l’arrêt des chaudières au fioul au profit de chaudières renouvelables ou de chaudières à gaz à très haute performance énergétique dans les zones de desserte en gaz naturel.
Coénove rappelle que « près de 600 projets d’injection de biométhane dans les réseaux sont d’ores et déjà enregistrés dans le file d’attente des gestionnaires de réseaux, représentant une capacité de 12 TWh ». « Le maintien de l’objectif de 10% de gaz renouvelable en 2030 n’apparaît pas en adéquation avec le dynamisme affiché par la filière et ses nombreuses externalités positives ».
L’association rappelle par ailleurs que « la réussite de la transition énergétique passe par l’engagement de toutes les filières à baisser leur consommation ». 9 millions de logements sont actuellement chauffés à l’électricité. Elle défend par ailleurs l’idée que « le verdissement du mix énergétique passe par le verdissement du gaz au travers du maintien du mécanisme de soutien ».
Ainsi, si la PPE prévoit d’élargir le CITE aux propriétaires-bailleurs dès 2020 et aux ménages modestes pour l’installation d’équipements de chaleur renouvelable, Coénove attend du gouvernement des solutions « concrètes, accessibles, pragmatiques et acceptables pour tous nos concitoyens ».
Vers une grande concertation ?
Invité sur BMFTV/RMC ce jour, François de Rugy a annoncé vendredi vouloir « réunir les acteurs du bâtiment et de l'énergie dans les semaines à venir » pour organiser la rénovation énergétique des bâtiments.Dans la stratégie énergétique dévoilée par le gouvernement dans la Programmation pluriannuelle énergétique (PPE), « le premier pilier est la baisse des consommations [...] et pour y arriver il faut changer d'échelle ». François de Rugy veut « la réforme de notre système d'aides qui n'est pas efficace »et la « mobilisation de financements privés ».
Il envisage la création de « packages » élaborés avec des professionnels de la construction, de la fourniture d'énergie qui permettrait de rénover une habitation dans son ensemble, en incluant également les banques pour le financement.
La Fédération bancaire française (FBF) n’a pas manqué de réagir à l’annonce assurant, dans un communiqué, que les banques « participeront aux échanges avec le ministre dans un esprit constructif ».
La FBF attend de la simplicité dans la nouvelle formule de l'éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), « avec un seul montant (plafond) quelle que soit la catégorie de travaux à réaliser » et rappelle que les banques proposent depuis plusieurs années la mise en place d'un mécanisme incitatif.
Parallèlement, le « green supporting factor » aurait vocation à « favoriser tous les acteurs économiques qui s'adressent aux banques pour financer leur projet vert », qu'il s'agisse de particuliers, d'entreprises ou d'Etats. L’initiative consisterait à alléger les exigences de capital prudentiel des banques pour les financements verts.
R.C (Avec AFP)
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