Économie circulaire : « Envie le Labo », un éco-lieu au coeur de Paris
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Depuis 35 ans, Envie est un acteur associatif spécialisé dans l’insertion par les métiers de l’économie circulaire qui a pour ambition de faire évoluer nos habitudes quotidiennes. Pour cela, la fédération a imaginé « Envie le Labo », un éco-lieu de 560m2 au cœur du 20ème arrondissement de Paris. La réalisation est dotée entre autres, d’un bardage en bois de réemploi pour les deux façades, d'une toiture végétalisée et d’un système de récupération d’eau pluviale. A noter également que 70% de la structure du bâtiment est en bois. Plus largement, Envie tient à démontrer « qu’il est possible de construire et d’aménager des lieux plus respectueux de l’environnement et ceci à budget limité. »
Afin de répondre aux besoins de la consommation responsable, Envie le Labo a décidé de confronter ses pratiques pragmatiques du réemploi et de la circularité dans le bâtiment à des mains d’experts. Le cabinet Evea, et l'Ademe, ont mené une étude pour évaluer le bilan de circularité d’Envie le Labo, des résultats qui sont aujourd'hui partagés.
Ont notamment été pris en compte les flux entrants lors de la phase d’aménagement initial ainsi que les taux de chutes de mise en œuvre. La méthode utilisée repose sur l’analyse des flux de matières (MFA), une méthode quantitative qui permet de déterminer le flux de matières et d’énergie principalement sur le mobilier et l’électroménager.
45% d'éléments neufs destinés à l'aménagement du bâtiment ont pu être évités
Afin de comparer le scénario Envie avec un scénario « standard » 100% neuf, identifié à partir de FDES (document normalisé qui présente les résultats de l'Analyse de Cycle de Vie d'un produit de construction), l’étude réalisée a déterminé 4 indicateurs principaux :
• Evitement de matériaux : matières non jetées et en fin de vie du bâtiment car non mises en œuvre
• Réemploi : matières non jetées et utilisées à nouveau pour leur usage initial
• Réutilisation : matières non jetées et utilisées à nouveau pour un usage différent de son usage initial
• Recycler : déchets utilisés comme matières premières utilisées pour fabriquer de nouveaux objets
Au total, l’étude estime que près de 19,6 tonnes d'éléments neufs ont pu être évités, soit 45% de la totalité des matériaux et objets destinés à l'amanégament du bâtiment :
- 16% de matériaux évités soit 6,9 tonnes de matériaux (revêtements de sols ou muraux, absence de faux-plafonds, plinthes, coffrages)
- 24% de matières réemployées soit 10,4 tonnes (électroménager, mobilier, matériaux...)
- 5% de matières réutilisées (meubles sur-mesure et verrières fabriqués à partir de matériaux de récupération + circuit court)
- 14% de déchets recyclés soit 6,1 tonnes
- 12% de matériaux neufs soit 5,4 tonnes dus aux contraintes réglementaires
- 43% de matériaux neufs soit 19,1 tonnes par indisponibilité en réemploi ou par choix.
L’étude explique notamment que les contraintes financières d’Envie ont parfois « limité les options possibles » mais que des efforts « ont néanmoins été faits pour intégrer des matériaux à contenu recyclé plus élevé que la moyenne lors de l’achat d’éléments neufs, spécialement dans les revêtements de sol, peintures, cloisons intérieures, isolants, éléments de mobilier. »
De plus, le bilan note que la fédération Envie a engendré des efforts importants en termes de sourcing, 61% portent notamment sur des références du réemploi ou de la réutilisation. La provenance des matières et matériaux change elle aussi d'un scénario à l'autre, tel qu'illustré ci-dessous :
Comment agir ?
Evea note dans son étude que le recours aux matériaux neufs reste élevé en raison de freins au réemploi tels que les exigences réglementaires et juridiques, contraintes techniques (sur-mesure), ressources financières (coût et temps passé), choix esthétiques et pratiques… Afin de surmonter ces différentes exigences, le bilan mentionne quelques potentiels leviers d’actions : rendre l’information plus accessible, améliorer les méthodologies de pose/dépose, démontrer l’intérêt économique aux acteurs du bâtiment et enfin, inciter fiscalement le réemploi.
« Il n’existe pas de méthode standardisée concernant l’évaluation de la circularité aujourd’hui. Une méthode spécifique a donc été développée à partir du MFA sur un périmètre restreint. Les masses de réemploi sont difficilement comparables : certains éléments réemployés peuvent être plus lourds que ce qui serait utilisé en réalité », conclut l'étude.
Marie Gérald
Photo de Une : ©Tarik Yaïci