Eco-conditionnalité : un collectif milite pour la suspension du décret
Le label RGE, « Reconnu Garant pour l'Environnement » ne fait pas l'unanimité chez tous les professionnels. Le collectif « RGE... pas comme ça !» qui rassemble notamment des professionnels de l'écoconstruction a décidé de le faire savoir en déposant un recours en annulation auprès du conseil d'état du décret d’application des écoconditionnalités.
« Une partie de ces mesures s’applique dès septembre 2014 et une autre (concernant le CIDD) à partir de janvier 2015. Or, trop peu de professionnels sont formés FEE Bat et encore moins sont qualifiés RGE. Les piles de dossiers s’entassent chez Qualibat (l’organisme certificateur chargé d’instruire les dossiers RGE) et il ne sera pas possible de tout traiter dans les temps : les moyens ne sont pas à l’échelle de la demande », déplore le collectif, qui s'est constitué le 15 octobre dernier. Résultat : nombre de professionnels n'auront pas accès à ce marché.
Conscient que le recours ne stoppera pas la mise en place du décret, le collectif souhaite même aller plus loin. Il prévoit de présenter prochainement un référé de suspension, afin de suspendre le décret en attendant le jugement qui décidera s'il doit être ou non annulé.
Manque de concertation
Le collectif n'en est pas à son premier essai pour faire entendre sa voix. En juillet dernier, il a adressé une lettre ouverte à la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal ainsi qu'à la ministre du Logement, Sylvia Pinel pour dénoncer le manque de concertation.
« Dans la mise en place du processus RGE, seules ont été consultées les Organisations Patronales (ont-elles bien mesuré les conséquences pour leurs adhérents ?), l’ADEME (qui, si elle a une vision bien trempée du volet thermique, manque de culture chantier et, sur ce dossier, d’une approche environnementale globale), les industriels (conflit d’intérêt ?) », avant d'ajouter que « l'intention de départ s'est dissoute dans la complexité du système mis en place sans garde fou ».
Obligations contraignantes, entrave à l'innovation et au génie de l'adaptabilité sur les chantiers, coût et délai de montage du dossier... la qualification RGE fait l'objet de nombreuses critiques. « Déjà nombre d’artisans jettent l’éponge, découragés et dégoûtés ; ce seront autant de savoir-faire perdus, de services de proximité en moins et de chômeurs en plus », affirme le collectif qui n'est pas à court d'arguments dans sa lettre adressée aux deux ministres.
Pour rappel, les ministres Ségolène Royal et Sylvia Pinel ont signé le 29 juillet dernier le décret d'entrée en vigueur du dispositif d'éco-conditionnalité pour les aides publiques de l'Etat destinés aux travaux d'amélioration de la performance énergétique des bâtiments anciens. Depuis le 1er septembre, l'obtention de l'éco-PTZ est conditionnée au recours d'un entrepreneur qualifié RGE pour la réalisation des travaux. Même chose pour le CIDD à partir du 1er janvier 2015.
Trois questions à Alain Maugard, président de QualibatComment expliquez-vous ce mouvement contre le label RGE ? |
Claire Thibault
© Fotolia