Destruction de tortues protégées en Corse : une association dénonce une aberration
Il y a un mois, la préfecture de Corse-du-Sud autorisait l’entrepreneur Patrick Rocca, déjà condamné à près de 1,2 million d’euros de dommages et intérêts pour destruction de tortues protégées, à reprendre un chantier de construction de logements à Grosseto-Pugna.
La Corse et le Var sont les derniers refuges de la tortue d’Hermann en France métropolitaine. Cette espèce est classée comme « quasi-menacée » à l’échelle internationale, et comme « vulnérable » en France.
Un chantier autorisé à reprendre
Mais selon la préfecture de Corse-du-Sud, ces 162 logements seraient nécessaires, notamment pour équilibrer la balance entre résidences principales et secondaires autour de Porticcio.
Un arrêté signé le 29 janvier autorisait donc Patrick Rocca et son entreprise Fortimmo à reprendre le chantier, et ainsi déroger au code de l’environnement, quitte à « détruire ou perturber intentionnellement des spécimens d'espèces animales protégées » ou à « dégrader des sites de reproduction », sous condition de compensations.
Le Conseil national de protection de la nature (CNPN) a également donné un avis favorable à cette demande de dérogation, à condition que M. Rocca et son entreprise « mettent en œuvre des mesures d'évitement, de réduction et de compensation ».
L’entrepreneur doit notamment fournir deux secteurs d’un total de 69 hectares sur la commune.
Des compensions « en trompe-l’œil » ?
L’association U Levante a toutefois dénoncé des compensations « en trompe-l’œil ». Selon elle, les zones choisies par le promoteur empiéteraient sur environ 24 hectares inconstructibles de la Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de la zone humide de l'Uccioli, et sur environ 29 hectares inconstructibles d'un espace remarquable ou caractéristique.
Or, selon un rapport du Conseil général de l'environnement et du développement durable, des mesures compensatoires ne seraient pas réalisables sur des espaces naturels sensibles.
« C'est une mesure de compensation en trompe-l'oeil, une illusion, un troc en toc », dénonce ainsi l’association U Levante.
Claire Lemonnier (avec AFP)
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