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Les aides à la rénovation énergétique efficaces pour la PAC ?

Publié le 15 mars 2024

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Voilà une question à laquelle une table ronde, durant la journée de la PAC, a été consacrée. Parmi les intervenants : l’Anah, la DGEC, la DGCEE, la CAPEB, la FFB et bien évidemment l’AFPAC, organisatrice de l’événement.
Les aides à la rénovation énergétique efficaces pour la PAC ? - Batiweb

« Quelle efficacité pour les dispositifs d’aide à la rénovation énergétique ? ». En particulier pour la pompe à chaleur ? Voilà une question qui a fait réfléchir lors d’une table ronde, durant de la Journée de la PAC. 

Son organisatrice, l’Association française des pompes à chaleur (AFPAC) s’est empressé de donner des premiers éléments de réponse.

« Le marché de la pompe à chaleur hydraulique, c'était 50 000 pompe à chaleurs par an au début des années 2010 », expose son vice-président Christophe Thebault. Et de poursuivre : « Il y avait des mécanismes. Il y avait des crédits d'impôts qui variaient tous les ans, mais globalement, on avait un marché de niche et donc qui ne jouait pas son rôle dans la décarbonation ». 

Le premier mécanisme noté par M. Thebault sur le marché, c’est la régulation, la réglementation thermique de 2012 plus précisément. « Si on se met quelques années après son application, entre 2015 et 2016, le marché est passé 50 000 à 80 000 - 100 000 ». Il faut attendre 2019-2020 avec l'apparition de mécanismes, les CEE, les coups de pouce, mais aussi MaPrimeRénov', pour que les chiffres s’élèvent à  380 000. Il s’agit donc d’ « un outil majeur », estime le vice-président de l’AFPAC. 

L’installation de PAC en monogeste plus aidée

 

D’autant que « la pompe à chaleur est très fortement aidée dans les systèmes d'aide actuels, puisque c'est une technologie majeure pour décarboner le bâtiment », souligne Mathilde Pierre, cheffe du bureau des économies d'énergie et de la chaleur renouvelable chez Direction Générale de l'Energie et du Climat (DGEC). 

Bilan des aides CEE exposé par la DGEC
Bilan des aides CEE exposé par la DGEC

« Il y a aussi une dynamique forte dans les aides par geste, puisque c'est le premier geste aidé avec environ 140 000 dossiers, cela représente près de 500 000 000 d'euros d'aides », indique-t-elle en parallèle. 

Un mécanisme d’aide bien huilé selon l’Agence national pour l’habitat (Anah). « C’est une offre de souplesse pour le public (…) », soutient Florian Vaujany, du service politiques de rénovation énergétique au sein de l’organisation, distribuant les aides. L’expérience qu’elle veut offrir se veut simple et sécurisante. 

Le schéma d'accompagnement à la rénovation énergétique exposé par l'Anah
Le schéma d'accompagnement à la rénovation énergétique exposé par l'Anah

« MaPrimeRénov’ a cette vocation, c'est-à-dire qu’elle s'adapte aussi au type de projet qu’on a en tant que bénéficiaire », poursuit M. Vaujany. D’autant que « plus mon projet est ambitieux, plus je peux aller mobiliser un plafond de dépenses éligibles importants ». Le modèle se veut également plus ouvert à la rénovation globale par étapes, pour un meilleur échelonnement du reste à charge des particuliers. 

Reste un point qui fâche : le déploiement du réseau Mon Accompagnateur Rénov’, tiers de confiance obligatoire dans l’accompagnement des travaux. Beaucoup ont redouté un manque d’effectif, face aux nouvelles obligations de la réforme MaPrimeRénov’, appliquées en 2024.

Sur ce point, Florian Vaujany est plus optimiste : « Il y a 440 structures, ce qui correspond à 3 000 équivalent temps plein aujourd'hui qui sont déjà agréés. 600 structures sont en cours d’agrément. Plus de la moitié, voire les deux-tiers sont des professionnels. La courbe monte, on est sur les bonnes tendances ». 

Une réforme de MaPrimeRénov’ qui jète le flou

 

Il n’empêche que depuis juillet 2023, le marché de la PAC connaît une décroissance, comme relevé par Florence Lievyn, présidente de GPCEE. Si elle se dit « rassurée » qu’il y ait un tel système d’aides, elle se pose des questions sur l’efficacité. 

« Qu’est-ce qu'on entend par une aide efficace ? Est-ce que c'est une aide qui va permettre le passage à l'acte ? Est-ce que c'est finalement une aide qui va véritablement apporter des économies aux consommateurs et donc une réduction de consommation sur sa facture ? Est-ce que ce n’est pas aussi pour permettre d'orienter vers un produit plutôt qu'un autre, et de privilégier la qualité ? », s’interroge Mme Lievyn avant de conclure : « La réponse est plurielle. L’idéal ce serait qu'on ait tout ça ». 

Or, pour la présidente de GPCEE, la tendance baissière du marché de la PAC coïncide avec la réforme de MaPrimeRénov’, annoncée au printemps 2023. Il faut dire que ladite réforme misait sur les rénovations globales et oblige un diagnostic de performance énergétique afin de bénéficier des aides. 

Ce qui aurait provoqué un effet « d’attentisme » chez les particuliers. « Le fait de libérer l'obligation du DPE devrait permettre de redonner une impulsion », estime Florence Lievyn. 

Même si des assouplissements sur la réforme et autres obligations ont été annoncés par le gouvernement, ceux-ci sont en vigueur jusqu’à fin 2024 et offre « une toute petite visibilité ». « Et ce n’est pas possible », appuie la présidente du GPCEE. Si l’on souhaite que « les professionnels travaillent correctement », il faut de la visibilité, des investissements. « C’est extrêmement compliqué de se dire à l'instant T, c'est comme ça et à l'instant T+1, on ne sait pas », déplore-t-elle.  

L’éco-délinquance, toujours un danger à surveiller

 

« On n’est plus chauffagistes, on est décarbonateurs », constate Pascal Housset, président de l’Union des Métiers du Génie Climatique, de la Couverture et de la Plomberie (UMGCCP) de la Fédération française du bâtiment (FFB). 

Selon l’intéressé, si « le DPE part dans un bons sens », il bloque certains chantiers. « Il faudra peut-être y revenir car le DPE aujourd'hui est critiqué, critiquable dans son mode de calcul. Donc attendons d'avoir un DPE qui soit fiable, stable et reconnu », abonde-t-il. 

Autre problème soulevé par M. Housset : la lutte contre les éco-délinquants. « C’est de la concurrence déloyale. Nos installateurs font le boulot, font les formations RGE, s'investissent dans leur travail, et se disent "Mais à quoi bon finalement ?". Parce qu'on essaie de faire tout bien dans le bon sens. Et à coté de ça, il y a des des structures, parfois même à l’étranger, qui viennent tout mettre par terre et font n'importe quoi, avec ce phénomène du 1 € », observe-t-il. 

Avis partagé par Jean-Claude Lancurel, président des Métiers de la couverture et plomberie-chauffage au sein de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). « La décarbonation se fera avec les artisans, ne se fera pas », appuie-t-il, soulignant l’expertise de ces professionnels en la matière. 

« On faisait de la rénovation énergétique sans le savoir. Ma première pompe à chaleur, je l’ai posée il y a 30 ans. Il y a 25 ans, j'ai posé un chauffe-eau solaire », raconte M. Lancurel. « Donc on est des acteurs, et d’un coup, cela nous a échappé », déplore-t-il. 

L’hybridation comme solution ? 

 

Mais surtout, les réformes de la politique de rénovation énergétique révèlent « un regain d'intérêt pour des dispositifs, notamment des chaudières fioul, des chaudières gaz », note Florence Lievyn. D’où l’intérêt d’après Jean-Claude Lancurel, de miser l’hybridation : « On a tout à gagner pour mettre un boost sur le marché de la pompe à chaleur. Peut-être il faudra ajuster les aides, peut-être avec un niveau inférieur à une pompe à chaleur hybride complète ou une pompe à chaleur ». 

« Surtout que les fabricants aujourd'hui ont des pompes à chaleur, avec la régulation hybride intégrée », ajoute le président des Métiers de la couverture et plomberie-chauffage au sein de la CAPEB. 


Virginie Kroun
Photo de une : V.K 

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