Débat présidentiel : et l’environnement, dans tout ça ?
En effet, aussi virulent qu’ait été cet échange, ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen n’ont vu la nécessité de traiter du réchauffement climatique, des énergies renouvelables ou encore de la transition énergétique de la France. De même, Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn, journalistes en charge d’animer le débat, n’ont pas interrogé les deux candidats sur ces thèmes pourtant cruciaux.
Un « oubli » qui a soulevé de nombreuses réactions indignées sur les réseaux sociaux. Jérôme Guedj, soutien de Benoît Hamon, tweettait notamment : « Transition écologique, transition démographique, transition du monde du travail, transition démocratique #PerdusDeVue #OnAvaitPourtantEssayé ». « 1h30 de débat. Je ne crois pas que les mots ''climat'' ou ''environnement'' aient été prononcés (…) L’écologie et la vie quotidienne auront été les deux grandes absentes de ce débat », a renchéri Antoine Léaument, chargé de la communication numérique de Jean-Luc Mélanchon.
Deux projets bien opposés
Pour autant, s'ils ont un avis tranché sur la politique environnementale à mener lors des cinq prochaines années, les deux candidats n'en n'auront pas fait un axe central de leur campagne.Marine Le Pen, pour sa part, entend bien développer massivement la filière française des énergies renouvelables (solaire, biogaz, bois) tout en décrétant un moratoire immédiat sur l'éolien. La candidate du Front National veut également interdire l’exploitation du gaz de schiste et les OGM. Mais au parlement européen, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, deux députés du Front National, ont voté contre la loi sur la biodiversité, soutien des chasseurs oblige, ou se sont abstenus lors du vote de la loi de transition énergétique. Marine Le Pen s'est aussi opposée à la COP21 et voulait même lancer un contre-sommet. Comprenne qui pourra.
Emmanuel Macron espère, quant à lui, que 100% du plastique soit recyclé d’ici 2025. Il souhaite par ailleurs diminuer la production nucléaire, mais sans fixer de calendrier précis, prévoit d'augmenter le prix de la tonne de carbone émise par les industries, et doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque d’ici 2022. Il compte également mettre en place une prime de 1 000 euros pour tout achat de véhicule moins polluant. En reprenant comme objectif chiffré la rénovation de 500 000 logements par an, il propose un audit gratuit pour les ménages à faibles revenus, afin de lutter contre les passoires énergétiques. Pour l'essentiel, il ne se distingue pas des objectifs inscrits dans la loi de transition énergétique de 2015, et ne fait pas preuve d'un volontarisme particulier par rapport au précédent quinquennat.
Celui qui aura su convaincre au mieux les Français ne l'aura certainement pas fait sur la base de propositions fortes sur l'écologie, le développement durable et l'efficacité énergétique des bâtiments.
Réponse ce dimanche sur le nom du gagnant !
C.M (avec AFP)
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