Crise énergétique : un conseil de défense réuni à l’Elysée
Ce vendredi, à 10 heures, le président de la République Emmanuel Macron organisait à l’Elysée un Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) contre la crise énergétique. Autour de la table : la Première ministre Elisabeth Borne, les ministres chargés de la Transition énergétique Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, mais également le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, et son ministre des Comptes publics, Gabriel Attal.
Un panel ministériel complété d’experts sur la question de l'approvisionnement en gaz et en électricité. Rappelons que depuis le début de la guerre en Ukraine, fin février dernier, les flux d’hydrocarbures en provenance de la Russie sont muselés, avec la fin des livraisons de Gazprom à Engie, annoncée cette semaine.
Approvisionnement muselé, ou plutôt « au plus bas » a préféré dire Agnès Pannier Runacher, lors de son compte-rendu de la réunion.
Stocks, sobriété, solidarité, calendrier... Les points du CDSN contre la crise énergétique
Le CSDN a « permis de faire le point sur l’état d’avancement des travaux engagés avant l’été et de définir les prochaines étapes de ces travaux pour préparer l’hiver » a résumé la ministre de la Transition énergétique. Dans le détail, quatre points se sont dégagés des échanges.
Le premier : la sécurisation des stocks de gaz. « Nous avons sécurisé nos stocks de gaz. Ils sont aujourd’hui remplis à 92 %. Nous pouvons dire aujourd’hui que nous sommes désormais quasiment à l’objectif, avec deux mois d’avance (100 % des stocks au 1er novembre, NDLR) », affirme Agnès Pannier-Runacher, corroborant ainsi les propos d’Emmanuelle Wargon. L’ancienne ministre du Logement, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie, se disait ce jeudi, au micro de LCI, « confiante » sur la « possibilité de passer l'hiver sans gaz russe », qui ne concentre désormais que 9 % des réservoirs français.
Parmi les leviers pour atteindre ces ambitions énergétiques : le recours au gaz bas carbone, le développement de l’électricité renouvelable, comme la diversification des pays fournisseurs. « Sur l'électricité, 32 réacteurs sont à l’arrêt, dont certains pour corrosions sous contrainte, d’autres pour les maintenances habituelles. EDF s’est engagé à redémarrer tous les réacteurs pour cet hiver. Nous suivons la situation avec des points hebdomadaires et nous sommes particulièrement vigilants à ce que le calendrier soit tenu », affirme la ministre. Il faut savoir que la Première ministre, Élisabeth Borne, avait déjà exigé d’EDF la bonne gestion de son calendrier de maintenance des réacteurs.
Deuxième volet énergétique exploré : la solidarité énergétique européenne, grâce à laquelle « nos voisins européens ont pu remplir leur stocks de gaz » , rapporte Agnès Pannier-Runacher. Elle ajoute : « Le conseil a pu plus particulièrement examiné les relations avec l’Allemagne et l’Espagne, parce que vous savez que nous avons avec ces deux pays d’importants échanges de gaz et d’électricité. Et nous avons conclu que cette solidarité réciproque devra être renforcée dès cet hiver ».
La sobriété choisie, défendue par Elisabeth Borne, est le troisième point abordé durant le CDSN. « Nous avons d’ores et déjà mobilisé l’Etat, les collectivités locales et les entreprises. Certains ont déjà fait des propositions de grande qualité. Chaque acteur a vocation à construire sa feuille de route », reconnaît Agnès Pannier-Runacher, prônant la « mobilisation de tous ».
« L’État prendra sa part, et sera exemplaire. Il s’agit d’effort collectif, proportionné et raisonnable. Je rappelle que la sobriété, c’est la chasse au gaspillage, l‘attention au chauffage, à l’éclairage, ce n’est pas demander aux entreprises de baisser leur production ou leur activité », défend la ministre.
Le calendrier et les méthodes des travaux contre la crise énergétique, dernier volet du compte-rendu, ont également été exposés. En début de programme : nouvelle réunion semaine prochaine sur les recommandations de sobriété des secteurs. Chacun avait jusqu’au 31 août pour remonter ses préconisations et « construire un plan plus ambitieux ». Vendredi prochain, Agnès Pannier-Runacher participera au Conseil extraordinaire des ministres de l’énergie. Leur mission ? Examiner des propositions de la Commission européenne contre l’emballement des prix.
Mi-septembre, les gestionnaires de réseaux dévoileront leurs scénarios pour cet hiver. Le tout suivi début octobre d’un point gouvernemental sur l’état d’approvisionnement en gaz et électricité, et les mesures concrètes de sobriété.
Virginie Kroun
Photo de Une : Twitter @Ecologie_Gouv