Accélération des EnR : des mesures sur l’éolien en mer adoptées
Le sujet électrisait déjà l’hémicycle au début de l’examen du projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, le lundi 5 décembre. Malgré des réticences, l’Assemblée nationale est parvenue à adopter une série de mesures encourageant le déploiement de l’éolien en mer, ce mardi 13 décembre.
Des mesures regroupées dans l’article 12, ayant récolté 98 voix pour, et 65 voix contre. L’article vise entre autres à faciliter les procédures de consultation des acteurs locaux, et à instaurer une planification de l'éolien en mer.
La distance entre les éoliennes et le littoral au coeur du débat
En résultera notamment l’ébauche, en 2024, d’une cartographie des zones prioritaires. Le texte incite à dessiner ces espaces en zone économique exclusive, à 22 kilomètres au moins des côtes. Mais il ne s'agit pas d'une obligation, ce que déplorent les députés de divers bancs de l’hémicycle.
Il faut dire que la question d’une distance minimale d’éloignement des éoliennes offshore faisait déjà débat lors de l’examen du texte au Sénat.
Certes, côté Modem et Horizons - rattachés au camp présidentiel -, les députés ont défendu, en vain, des amendements limitant la possibilité d’installation d’éoliennes à distance moindre, dans le but de garantir leur « acceptabilité sociale ». Les communistes, particulièrement frileux sur l’éolien en mer, ont tenu à obliger cette bande côtière 22 kilomètres, en guise de repère pour les pêcheurs inquiets du déploiement de cette énergie.
Au sein du camp LR, l’hostilité est de mise. Les députés n’ont pas décoléré contre ces éoliennes qui « défigurent » le littoral. Le banc de droite a même tenté de repousser à 50 kilomètres la distance finale, voire de réintroduire la limite des 40 kilomètres - abandonnée par les sénateurs. Chez les députés RN, les propos sont encore moins modérés, qualifiant les éoliennes en mer de « cauchemar » qui « saccage le patrimoine français ».
Des amendements ont également été glissés afin d’interdire les éoliennes en mer sur les zones maritimes, mais ont été repoussés, car « cela reviendrait tout simplement à mettre fin à la filière », a justifié Pierre Cazeneuve, rapporteur du camp Renaissance.
Autant dire que l’ambition du président Emmanuel Macron de déployer 50 parcs éoliens offshore semble aller dans le bon sens, tout comme par extension son plan de mix énergétique mêlant EnR et nucléaire. « J’ai toujours eu des positions pro-nucléaires », mais « il faut 15 ans pour construire un EPR », a soutenu Agnès Pannier-Runacher. La ministre de la Transition énergétique a de ce fait qualifié l'éolien en mer comme une « énergie abondante et bon marché ».
L’intéressée a toutefois assuré que des procédures de consultation étaient prévues, afin de lever toute appréhension parmi les collectivités, pêcheurs, et autres acteurs concernés par l’éolien en mer. C’est d’ailleurs l’un des objectifs du Conseil national de la mer et des littoraux, fondé par le gouvernement début décembre, qui réunira différents acteurs maritimes et energéticiens sur ce sujet.
Virginie Kroun (avec AFP)
Photo de Une : Adobe Stock