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À la découverte de REPAN, unité de déconstruction de panneaux sandwich

Publié le 17 juin 2022

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Visite de REPAN, nouveau site de déconstruction de panneaux sandwich développé sur l’un des sites industriels du fabricant Isosta, à Sens (89). Opérationnelle depuis début 2022, l’initiative d’économie circulaire tend à séparer les matières constituant ces matériaux, pour mieux les réintroduire dans de nouvelles productions, voire innovations…
À la découverte de REPAN, unité de déconstruction de panneaux sandwich - Batiweb

Filiale du groupe Aramis – qui détient également Dal’Alu et Sunclear -, Isosta conçoit et produit des solutions de remplissage de menuiseries. Plus précisément des panneaux sandwich, panneaux isolants utilisés pour l’habitat (portes d’entrée, volets battants, toitures de vérandas) et les façades (tertiaire, ERP, collectif...).

Un tel matériau se compose d’une âme isolante en polystyrène extrudé (XPS), parée de plaques en aluminium et PVC. Des matières qui, séparément, sont tout à fait recyclables. Pour preuve, l’XPS se recycle jusqu’à sept fois, tandis que l’aluminium peut emprunter à l’infini cette boucle dite vertueuse.

Mais, paradoxalement, fixés ensemble sous formes de panneaux sandwich, les élements ne sont pas recyclables. « Aujourd’hui ça finit en DIB, donc déchets industriels banals. Puis les entreprises de traitement de déchets vont souvent dans le meilleur des cas broyer puis récupérer un peu d’aluminium, dans le pire des cas on les enfouit », confie Christophe Molliex, responsable RSE du groupe Aramis. 

De quoi s’inquièter, quand on sait que l’activité d’Isosta représente entre 700 à 800 000 m 2 sur un marché représentant 2,5 millions de m2 de panneaux produits par an. Sûrement est-ce dans l'idée de limiter la casse, qu’Isosta a lancé l’initiative REPAN, procédé de déconstruction de ces panneaux. 

« Apprendre à déconstruire pour éco-construire »

 

Le projet REPAN d’Isosta prend racine en 2019, dans le sillage de la stratégie RSE déployée à l’échelle de la filiale, mise en place un an avant. Cette feuille de route sur cinq ans prévoit la neutralité carbone en 2030. Un des premiers échelons consiste à réduire de 30 % sa consommation d’énergie dès 2023, année à partir de laquelle 95 % de ses déchets devront être traités et valorisés. 

Le dispositif REPAN vient compléter la boucle économie circulaire, à l’approche de la REP bâtiment, qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2023. Avant son lancement opérationnelle en janvier 2022 sur le site industriel d’Isosta à Sens (89), l’unité de déconstruction a entrepris un an d’expérimentation et de R&D sur les panneaux et chutes d’usines du fabricant. 

Unité REPAN sur le site bourguignon d'Isosta, à Sens (89) - Crédit photo : V.K
Unité REPAN sur le site bourguignon d'Isosta, à Sens (89) - Crédit photo : V.K

Concrètement, la déconstruction d’un panneau sandwich à deux parements en aluminium et d’une âme XPS se fait en cinq étapes sur la ligne REPAN. En premier lieu : la collecte des déchets, chutes, découpes de productions et panneaux en fin de vie. Pour l’heure, cette phase se fait essentiellement sur les chutes de panneaux émis par les distributeurs (500 tonnes par an estimés) ou les installateurs lors de travaux (1 000 tonnes par an). 

Processus de traitement des panneaux sandwich par REPAN
Processus de traitement des panneaux sandwich par REPAN

Pour Isosta, la récupération des panneaux sandwich issus de la déconstruction de bâtiment est très complexe en termes de traçabilité mais aussi pour évaluer la résistance mécanique du produit. Des critères nécessaires pour que le produit, une fois recyclé, soit validé par la RE2020 pour la construction neuve, par exemple, et qu’il est plus évident d’estimer via les FDES pour les produits assez récents. « On trace les lambdas et les ACERMI dès le départ », précise le responsable RSE du groupe Aramis.

Peut ensuite commercer la séparation mécanique des composants à l’usine, suivi du tri des matériaux. Pour l’XPS, celui-ci est compacté afin d’être transporté par camion de 15 tonnes chez un prestaire, qui transforme la matière en billes réinjectées dans la production de nouveaux panneaux XPS. L’aluminium, quant à lui, est fondu puis réinjecté dans la production de nouveaux panneaux. Le tout pour une recyclabilité des déchets allant jusqu’à 80 %. Selon le taux de recyclabilité, qui dépend lui-même du panneaux traité, le tarif varie entre 0 et 200 €. 

Âme isolante retirée et compactée sur l'unité de reconstruction REPAN à Sens - Crédit photo : V.K
Âme isolante retirée et compactée sur l'unité de reconstruction REPAN à Sens - Crédit photo : V.K

« Par exemple, un panneau sandwich composé de deux parements aluminium et d’un isolant XPS présente un taux de recyclabilité proche de 100 % et sera traité sans coûts pour le client, si ce n’est celui du transport pour l’acheminement de la matière. À l’inverse, un panneau au niveau de recyclabilité moindre générera un coût relatif au fait qu’un ou plusieurs composants de celui-ci ne pourra être ni réemployé, ni recyclé », détaille la marque.

L'ensemble des composants d'un panneau sandwich Isosta décortiqués, accompagnés des billes tirées du recyclage de l'âme isolante en XPS - Crédit photo : V.K
L'ensemble des composants d'un panneau sandwich Isosta décortiqués, accompagnés des billes tirées du recyclage de l'âme isolante en XPS - Crédit photo : V.K

 

Malgré les progrès à faire en termes de recyclabilité, Isosta, attend de grands objectifs pour REPAN : 120 tonnes de panneaux traités en 2022, et 500 tonnes de produits recyclés à l’horizon 2023. L’unité de déconstruction a pu élargir son réseau de collecte et traitement de panneaux, collaborant notamment le constructeur Myral, tout en se rapprochant d’éco-organismes. Valobat doit sûrement faire partie de la liste, Isosta étant un pré-adhérent de l’éco-organisme. 

En parallèle, la démarche de REPAN est d’« apprendre à déconstruire pour éco-construire ». À partir des leçons tirées de ce nouveau procédé, Isosta développe de nouveaux prototypes de panneaux sandwich plus responsables, qui seront prêts dans l’année, selon Jean-Baptiste Limoges, directeur panneaux sandwich de la marque.


Virginie Kroun
Photo de Une : V.K

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