La Russie lance la construction du gazoduc nord-européen
De là, un tronçon terrestre d'environ 500 km du nouveau gazoduc doit le relier au terminal de Vyborg, sur la Baltique, dans la région de Saint-Pétersbourg, avant que la canalisation ne plonge sous la mer pour aboutir 1.200 km plus loin, à Greifswald, dans le nord-est de l'Allemagne. "Aujourd'hui, nous donnons le coup d'envoi à un projet européen grandiose, un chantier grandiose. C'est une nouvelle route d'exportation qui augmentera la sécurité énergétique en Europe", a déclaré le patron de Gazprom, le géant gazier russe, Alexeï Miller.
"En lançant ce projet, nous créons des conditions pour la sécurité énergétique dans le monde et de nouveaux emplois dans la région" de Saint-Pétersbourg, a renchéri le Premier ministre russe Mikhaïl Fradkov, saluant "le premier pas fait sur un chemin de 1.200 km" (il se référait apparemment à la longueur de la partie immergée de la canalisation). Le chef du gouvernement a rappelé que les tubes du gazoduc étaient fabriqués en Russie par des entreprises russes. Enfin, le ministre allemand de l'Economie et des Technologies Michael Glos, a évoqué le premier gazoduc construit entre les deux pays à l'époque soviétique et les changements survenus depuis avec la fin de la guerre froide.
"C'était alors un projet très controversé. Aujourd'hui, le monde est différent et ce nouveau projet joue son rôle dans l'élargissement du partenariat entre la Russie et l'Allemagne", a dit M. Glos. Le gazoduc nord-européen, qui doit fournir une solution alternative au transit du gaz russe par l'Europe de l'Est moyennant plus de 4 milliards d'euros d'investissements, a déclenché des protestations nourries en Pologne et dans les Etats baltes. En construisant un gazoduc qui contournera les pays baltes et la Pologne, la Russie pourra imposer "des prix de gaz de monopole" et "avoir une influence sur la politique de ses voisins", avait déclaré l'ancien président lituanien Vytautas Landsbergis.
La nouvelle chancelière allemande Angela Merkel a tenté de désamorcer ces critiques la semaine dernière en promettant la création d'un groupe de travail incluant la Pologne, tandis que Gazprom a suggéré qu'il pourrait accueillir un troisième groupe européen pour participer à ce projet. Le consortium chargé du projet inclut à présent Gazprom avec une part incompressible de 51% et les allemands BASF et EON qui disposent chacun de 24,5% d'une société commune qui sera chargée de construire le gazoduc.